L’ORIGINE DE L’APPELLATION « BAZOMBO »
L’ORIGINE DE L’APPELLATION « BAZOMBO »
http://www.mbokamosika.com/article-l-inventaire-des-ethnies-de-la-rdc-72662343.html
Après avoir lu tes propos sur l'analyse du Prof Léon de Saint Moulin, je voulais ajouter quelque chose que je pense important et que vous avez oublié, en ce qui concerne les Bazombo.
En effet, si tu vois l'histoire du royaume Kongo , il n’y a pas d'ethnie Bazombo. L'appellation est née à l’époque où le Portugal créa une Garnison west du Mbanza Kongo, aux confluents des rivières inkinsi et Ndianta.
Le Portugal voulait conquérir l'intérieur du kongo, prendre plus d'esclaves pour la main d'œuvre , en établissant la « Forta Maquela Do Zombo » plus précisément au sud de la rivière Inkisi.
Dès lors, tous les besi kongo habitant les parages sont appelés les Bazombo. Le Bazombo, c'est comme si on dit de nos jours les habitants de Kinshasa sont appelés Kinois, Brazzaville brazzavillois. Cela ne veut pas dire qu'ils appartiennent à l'ethnicité kinoise ou Brazzavilloise.
C'est un regroupement accru d'ethnies réunies autour de cet endroit pour un but commercial , économique. De nos jours, tout Angolais vivant au congo est appelé Muzombo.
Il faut noter aussi que Maquela do zombo au temps des portugais était devenu puissant comme centre économique et commercial, liant l'intérieur du continent à la mer, d'où naquit un nouveau kongo nomade, qui se baladait, se rendant partout vendre( KINKITA). Raison pour laquelle ll y a des Bazombo nés à Cristo Santos(KISANTU) en 1745 selon les archives portugaises au Vatican.
BOB
http://www.mbokamosika.com/article-les-bakongo-de-l-angola-les-bazombo-1-88550860.html
http://www.mbokamosika.com/article-les-bakongo-de-l-angola-2-97672739.html
http://www.mbokamosika.com/article-les-bakongo-de-l-angola-les-bampombo-98646773.html
http://www.mbokamosika.com/article-les-bakongo-de-l-angola-basimukaba-bambungu-99211376.html
http://www.mbokamosika.com/article-les-bakongo-de-l-angola-les-bambembe-98073584.html
Merci, Messager, d’avoir repris ce sujet. J’ai relu l’article sur les ethnies de la RDC et les commentaires, surtout les précisions de Samuel Malonga. Je me suis rendu compte que nous aurions dû revenir sur beaucoup de choses quand le lien entre les besingombe et les bamanianga a été soulevé. Le commentaire de Bob m’apprend une chose que je n’avais même pas remarquée et qui m’a interpelé cette fois-si : que le nom KISANTU est une bantouisation de CRISTO SANTO. Voilà pourquoi je me demande où les portugais sont allés chercher les noms de Maquela (Makela) et Zombo. Signifient-ils en portugais quelque chose qui reflète la réalité du lieu nommé, comme Lagos (lacs) ou Cameroun (Camarões = crevettes), ou est-ce le nom d’une localité qui existait déjà au Portugal (Nova Lisboa pour la ville de Huambo ou Wambu), ou est-ce le nom d’un aristocrate portugais (Marquês de Sá da Bandeira pour la ville de Lubango – marquês signifiant marquis, titre de noblesse), etc. ?
Mon hypothèse est que, cette fois-ci, les portugais ont pris des noms locaux. Zombo est le nom de toute la contrée où se situe la localité de Makela, d’où Maquela do Zombo. C’est vrai que les portugais y ont établi une forteresse. Ces noms ont bel et bien une saveur bantoue.
Quant à l’hyper généralisation de l’ethnonyme bazombo, elle peut cacher le fait qu’il y a un groupe des bakongo qui s’appellent effectivement azombo. Le kikongo est une langue assez prolifique en ethnonymes et la plupart des bakongo, tout en s’identifiant comme bakongo, se dénomment aussi par un sous-ethnonyme kongo. Quelqu’un sur le site a parlé de l’effet qu’un groupe bakongo au Congo Brazzaville, qui a monopolisé l’appellation générale, pourrait avoir eu sur les relations avec les autres groupes bakongo. Comme si les bavili n’étaient pas des bakongo.
Mais revenons au phénomène d’hyper généralisation qui frappe l’ethnonyme bazombo. Malheureusement il n’y a pas d’études convaincantes pour expliquer pourquoi ce mot-là et non pas d’autres. La plupart des gens pointeraient automatiquement le doigt vers le commerce (kinkita). Est-ce assez pour que votre nom soit hyper généralisé ? Le phénomène d’hyper généralisation est assez fréquent. Vous rappelez-vous que l’autre jour j’ai commenté que, pour beaucoup des bakongo dans les années 60 tout ce qui n’était pas mukongo était mungala, et vice-versa ? Voilà une autre hyper généralisation. En Angola, il y a un autre ethnonyme qui s’est hyper généralisé, notamment le mot bailundo. Ce mot vient de Mbalundu, qui est une contrée dans le plateau central angolais. Par extension, bailundos peut signifier tous les ovimbundu, et parfois même toutes les autres ethnies du centre et sud de l’Angola.
L’hyper généralisation ne se limite pas aux ethnonymes. Elle peut frapper les noms des régions entières et même des continents. Voilà pourquoi Poto n’est pas le Portugal, mas toute l’Europe ; peut-être même tout ce qui n’est pas l’Afrique noire. Et l’hyper généralisation atteint aussi les glossonymes. Quand Sam Mangwana chante « lopoto na monoko lokola 55 », vous savez que 55 ne parlait pas le portugais, mais plutôt le français. Il existe évidemment le glossonyme falansé (comme dans « falansé na monoko lokola mayi »). Ces derniers exemples (bailundo, Poto et lopoto) sont peut-être déplacés, parce que leur hyper généralisation ne s’applique pas dans les respectives langues originales. Par contre, bazombo pour désigner tout angolais et bayaka pour désigner tout ressortissant du Bandundu sont des hyper généralisations qui font en sorte que le mot original lui-même attrape une connotation péjorative. Certains des bazombo au Congo ne sont même pas des bakongo, mais des ressortissants de Kwanza-Norte dont la langue des parents est le kimbundu. Imaginez combien insultant le mot muzombo est pour quelqu'un qui est né à Camabatela!
PEDRO