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Publié par Samuel Malonga

Un dimanche de 1969, un des trois derbys kinois se jouait dans le temple du football congolais de l’époque, le stade Tata Raphaël. Plein à craquer, Daring tout de blanc vêtu croisait le fer avec Dragons, sa bête noire. Les Kinois s’étaient amassés au stade pour voir si le divorce allait avoir lieu. Il y avait comme une odeur de poudre dans l’air.

Chaque fois que les deux clubs se rencontraient, la même question revenait : « Cette fois-ci Daring réussira-t-il à battre Dragons ? » Les Tupamaros espéraient toujours un miracle. Le rêve d’une hypothétique victoire les hantait toujours depuis la fracture d’Eugène Tonda en 1964. Beaucoup assistaient à ce duel de titan pour voir si le défi serait relevé par Daring. Chaque fois aussi, les Tupamaros rentraient la queue entre les pattes, le cœur serré. La déception semblait chaque fois être la suite logique de cette rencontre qui faisaient baver les immaculés : dirigeants, joueurs et supporters confondus.

 

Cet après-midi-là, tout semblait réussir pour les vert-blanc. D’entrée de jeu, Daring  annonça les couleurs ayant la situation en mains. Coup sur coup, les poulains du président Bila menaient au score par 2 – 0. Ils avaient dominé la première mi-temps de mains de maître. Mais patatras! Tout s’écroula en seconde période. Dragons réussit à combler son retard. Après avoir égalisé, les rouge-or prirent l’avantage en marquant un troisième but.

Mené par 3 – 2, Daring ne s’avoua pas pour autant vaincu. L’attaquant de pointe Pelé Lembe marqua le but égalisateur que l’arbitra annula. Les joueurs contestèrent la décision de l’homme en noir. A côté du refus catégorique de ce dernier de revenir sur sa décision, s’ajouta celui tranchant des joueurs du Daring de ne plus poursuivre la rencontre. Ils quittèrent la pelouse pour rentrer dans les vestiaires. Kakoko se mit à supplier ses coéquipiers, les priant de continuer le match. Ils étaient tellement irrités qu’ils firent la sourde oreille à son appel pathétique. Déçu par cette capitulation des siens, le jeune homme de 18 ans fondit aussitôt en larmes. Prostré sur la pelouse, l’entraîneur Freddy Mulongo vint à ses côtés pour le calmer.

La photo de Kakoko pleurant soutenu par son coach fit la une du journal Le Progrès. Sous le titre "Les larmes d’un dieu", l’image des yeux larmoyants du footballeur domina par son attraction le texte qui l’accompagnait. Cette fois là encore, la victoire venait d'échapper au Daring. Le miracle ne s'était pas réalisé. Mais pour combien de temps encore?

Samuel Malonga

 

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K
Merci, L'hôte. <br /> <br /> Negro Succès — véritablement un orchestre brûlant. Vive longuement la musique congolaise.
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K
Nègro Succès de Bholen et Conga De J. Bokelo de Bokelo ont immortalisé le club Daring Faucon avec des chansons intitulées « DARING FAUCON ». <br /> <br /> Malheureusement, ils sont rares et hors de portée de la majorité. Je serai heureux de voir les chansons dénichées dans un futur proche.<br /> <br /> Merci, Senior Malonga, pour ces récits historiques.
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M
Oui. Negro-Succès avait composé une très belle chanson sur Darling, en plus de celle dédiée à Bila François .<br /> Un jour, on pourra la retrouver