Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Samuel Malonga

Commencées le dimanche 4 janvier 1959, les émeutes mettent quatre jours. Ce n’est que le 7 janvier que la Force publique arrive à prendre les choses en mains. Le 8 janvier, Joseph Kasa-Vubu, le leader de l’Abako est arrêté et emprisonné. Le 11 janvier, l’Abako est dissoute par un arrêt de Jean Tordeur le premier bourgmestre de Léopoldville. Les jours suivants, pas moins de 28 leaders abakistes sont écroués.

 

Aidés par l’abbé Jean Loya, Kingotolo et les autres membres influents s’enfuient par pirogue à Brazzaville à partir de Kinkole.  Fulbert Youlou, le premier ministre du Congo, leur donne asile et protection. Dès cet instant, Brazzaville devient la plaque tournante des activités politiques des exilés abakistes. Le Comité de pour la Défense de l’Abako y est créé en mars 1959. Raphaël Batshikama s’avère le grand animateur de Radio Makala ou Radio Oul devenue la bête noire des autorités coloniales belges. De radio, il n’en est que de nom. Ce n’est en réalité qu’un petit émetteur finalement découvert dans le coffre d’une voiture à Brazzaville.

 

Accusés d’avoir fomenté les trouves du début du mois de janvier, le procès de Kasa-Vubu, Kanza et Diomi est fixé en février. Pour ce faire, les membres de l’Abako exilé à Brazzaville organisent leur défense. Antoine Kingotolo avec l’aide de Fulbert Youlou, contacte maître Croquez du barreau de Paris. Le  Français va prendre la défense  de 26 dirigeants de l’Abako. L’avocat belge Me Jean Terfve est un des avocats belges chargé de la défense de Gaston Diomi, bourgmestre de Ngiri-Ngiri et Arthur Pinzi, le bourgmestre de Kalamu.

 

Quatre jours durant, la colonie tranquille est ébranlée jusque dans ses fondements. Ce soulèvement populaire est cette révolution qui a permis à la Belgique de prendre conscience et de comprendre que les temps ont changé. Les déclarations royale et gouvernementale qui suivent ces jours fatidiques mettent bas des mesures qui vont conduire à l’indépendance.

 

Mais avant de quitter définitivement le Congo, la Belgique tue un des symboles de la lutte pour l'indépendance. En effet, le 30 mai 1960 soit un mois jour pour jour avant l’entrée du Congo dans le concert des nations, l’abbé Jean Loya est sauvagement assassiné dans un simulacre d’accident provoqué par un chauffard de la Force publique. Le prêtre-aumônier de l’Abako a permis à Kasa-Vubu d’échapper aux mailles du filet tendu pour l’arrêter. Il est en plus allé négocier avec les pêcheurs à Kinkole pour faciliter  la traversée clandestine à Brazzaville de certains leaders abakistes recherchés. Il a de ce fait cristallisé autour de son nom et de sa personne toute la rancœur des colonialistes.

 

Parmi ces héros aujourd’hui oubliés, certains ont eu la chance d’être honorés par les notables de la commune de Kimbanseke en 1960. En effet, plusieurs rues de cette municipalité portent leurs noms notamment ceux de Nzeza Landu, Batshikama, Kanza, Dinganga, Makungu, Kingotolo, Weyi et Me Croquez. Il en est de même pour le parti Abako et les journaux abakistes Kongo dia Ngunga et Kongo Dieto. La plus grande avenue qui conduit au cimetière est baptisé du nom du président Kasa-Vubu.

 

Mais en 1971, la politique de recours à l’authenticité a eu raison de certaines de ces appellations. Si les noms de sept abakistes ne sont pas changés, il n’en est pas pour les quatre autres. Débaptisées. les rues Me Croquez, Abako, Kongo Dieto et Kongo dia Ngunga deviennent successivement Mobutu, Colonel Ebeya, Zobia et Yembi. L’avenue Kasa-Vubu n’est pas non plus épargnée. Asphaltée, elle devient Avenue de la Deuxième  République. En 1961, Luambo Makiadi dédie une chanson à Antoine Kingotolo, le secrétaire généra le de l’Abako pour le travail abattu pour le Congo au sein de son parti.

Samuel Malonga

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Chers Sam Malonga et Ngimbi Kalumvuenziko,<br /> Merci pour la mise en ligne et avoir complémenté l'histoire des événements du 04 janvier 1959. De ces événements, les rappels ont souvent étés des raccourcis! Enfin, grâce à votre contribution, on arrive à saisir les deux bouts de cette histoire. En attente, bien à vous et salut à notre vaillant Messager.
Répondre