Le diplôme de chauffeur de Victorine Ndjoli
En 1955, une jeune dame congolaise fait parler d’elle en obtenant son permis de conduire. Victorine Njoli se met au même diapason que les hommes. Elle peut conduire une voiture. Ceci n’est pas anodin car c’est une première au Congo Belge où conduire une voiture est une affaire d’hommes. Jamais avant elle, une Congolaise n’a fait mieux. Un tabou est brisé.
Sa petite histoire commence lorsqu’elle s’inscrit à l’Ecole centrale de chauffeurs à Léopoldville. Après avoir passé toutes les épreuves, elle réussit son permis de conduire avec grande distinction. Les études comprennent les matières suivantes : le code de la route, les principes générales de la mécanique automobile et les exercices pratiques de roulage. Le mardi 25 janvier 1955, elle passe ses examens avec succès. Un diplôme lui est decerné pour couronner sa réussite. Son permis de conduire porte le n⁰ 19863. Elle le reçoit des mains du directeur de l’école. Elle a 22 ans. Victorine Ndjoli entre dans l’histoire comme la première femme titulaire d’un permis de conduire et comme la première conductrice du Congo avant l’indépendance.
Ce jour mémortable n’est pas passé imaperçu. Tout Léo en parle. Les journaux et la radio ne tarissent pas d’éloges pour celle que l’on appelle affectueusement Vicky. Pour cette première, une soirée dansante est organisée dans la capitale. Elle est animée par l’African Jazz de Kallé. Devenue une petite vedette locale, Vicky est même immortalisée par Franck Lassan dans Vivita en 1957, première chanson de l’orchestre Beguen Band. La même année, Luambo dédie le titre Aya La Mode aux membres du Moziki La Mode dont elle est cofondatrice.
Victorine Ndjoli a toujours été une bonne conductrice. Dans un entretien accordé aux Dépêches de Brazzaville en mars 2010, elle affirme : « Je démens l’adage communément répandu qui prétend qu’une femme au volant, c’est la catastrophe. Moi je dirais plutôt qu’une femme au volant, c’est toujours quelque chose de bien, la sécurité est garantie. J’en suis l’exemple vivant. Depuis la première fois où j’ai conduit jusqu’à ce jour, je n’ai jamais connu d’accidents ».
Samuel Malonga