Quelques à-côtés sur la vie de Pereira
Quelques à-côtés sur la vie de Pereira
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Notre saga va continuer avec cette troisième partie dans laquelle, nous allons vous raconter quelques à-côtés sur la vie de Pereira. Nous avons volontairement omis certaines confidences et anecdotes croustillantes, ainsi que certains petits détails sur les relations d’un genre nouveau qui vont s’établir à dater de cet après-midi là, entre Père Raphaël et Perreira, « Muana Ngola ». Toutefois, le mythe ainsi créé va faire des vagues dans les milieux sportifs…
Soigné aux petits oignons, cet homme providentiel qui maitrisait à la perfection les ficelles de son métier redonna le sourire aux daringmen dont le niveau de jeu va monter d’un cran. L’année suivante, en1955, Daring remporta sans coup férir le titre de champion de Léo. Il récidiva en 1956 au grand dam des v-clubiens et dragomen qui étaient les habitués des sacres au championnat. Tout Kin Malebo ne jurait désormais que sur ce garçon qui était devenu le chouchou des Matiti Mabe. Ne vous trompez pas d’adresse, le Vieux Rail était un Imanien à cent pour cent. Mais comme toutes les personnes de son acabit, dans les milieux autorisés, on le considérait comme un vendeur d’illusion, qui n’hésitait pas de vendre ses services au demandeur le plus offrant. Mingiedi Mbala et Aponga Mfumu Ntaku sont parmi les V-Clubiens qui avaient largement profité de ses faveurs…
Nous avons connu ce préparateur psychologique hors pair par l’entremise de Feu notre oncle Ndongala Déndongué, qui fut dans sa période de gloire, Président Sectionnaire des Supporters de Daring Ngiri Ngiri. Mon oncle résidait sur Movenda. Nous vous confirmons que plusieurs rencontres à succès de Daring étaient financées par ce grand daringmen qui avait comme secrétaire sectionnaire Matondo Aïbua qui deviendra plus tard Président sportif du CS Imana. Jusqu’à ce jour, tous ceux qui gravitent autour du Comité de Direction de Daring, savent le rôle combien important joué par la Grande Commission des supporters de Daring dans le rayonnement de ce club. Si en occident, les supporters apportent leurs cotisations pour renflouer les caisses de leurs équipes, Chez nous, leur contribution d’un autre genre se limite le plus souvent aux recherches occultes. Ceci justifie jusqu’à ce jour leur grande influence dans ce club. Aucun comité n’arrivant à se passer de leur contribution.
Plusieurs années se sont écoulées entre la date où Pereira faisait ses premiers pas dans Daring Imana Matiti Mabe jusqu’au jour où cette équipe est devenue un club omnisport. A sa création, l’équipe de Papa Raphaêl portait le nom de Daring tout court. Plus tard, il fut collé le sobriquet de « Imana Matiti Mabe… ». Plusieurs sportifs kinois ont toujours cherché à connaître l’origine du sobriquet des matiti mabe. Suivez notre regard… Vous avez sans nul doute compris aujourd’hui que seul un prêtre, même après avoir accepté l’inacceptable, pouvait qualifier les gris gris des matiti mabe ! C’est ça la magie du football. Même des hommes de science ne peuvent pas résister à tous ces caprices. Ils finissent par tomber dans les pièges mortels qui jonchent son chemin.
Pourtant, Daring est réputé comme une équipe des intellectuels. Plusieurs têtes pensantes de cette équipe n’avaient jamais approuvé, sinon faisaient semblant d’ignorer la pratique des « Bilongos » dans leur équipe. Aussi, lorsque furent adoptés les statuts régissant le Club Omnisports DCMP, une longue liste des fondateurs et co-fondateurs du club furent publiés. Stupeur dans les rangs des Pereiristes. Le nom de leur gourou n’était pas retenu parmi ces co-fondateurs, considérés comme « les Sages » du club. Cet oubli volontaire ou involontaire fut considéré par ce charlatan comme un crime de lèse majesté. Il jeta un mauvais sort à cette équipe qui connut une très longue traversée de désert. « Comment des jeunes dirigeants arrivés dans l’équipe après moi et qui n’hésitaient pas de venir me consulter, m’avaient-ils renié ce privilège d’être compté parmi « les anciens » de ce club, ne cessait-il pas de se lamenter ». Il a fallu des tractations en coulisses de haut niveau pour que le Vieux revienne à des bons sentiments. Le ballon tennis de Mutufuila et le pied « Gauche » de Mandiangu vont sceller cette réconciliation. Notre gourou a failli trépasser pour avoir rompu unilatéralement un « pacte diabolique» signé précédemment avec le Voisin.
Un jour, sentant sa mort très proche, il annonça à son entourage que l’heure de la délivrance totale venait de sonner pour le FC Daring, son équipe, et que par conséquent, celle-ci avait le droit monter sur le podium et de gouter aux délices d’un titre continental. Dans ce rare moment de lucidité, il avoua que s’il ne le faisait pas, après lui, Imana resterait éternellement la risée des V-Clubiens. Vous nous croyez ou pas, nous pouvons vous affirmer solennellement que la victoire de Daring en coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupe à Naïrobi au Kenya porte sa signature. N’en déplaise à ceux qui ne croient pas aux matiti mabe. C’est à l’issue du nul de 2 buts partout concédé au match aller contre Breweries, champion du Kenya qu’il se confia à Tambue Lombe, le président de la section football. Ce dirigeant peut être cité parmi les grands artisans de ce sacre. Bill Clinton c’est son surnom est encore en vie. S’il peut livrer sa part de vérité, il vous confirmera que Vieux Rail était un phénomène… Seul lui connait les vérités cachées de cette victoire arrachées en terre étrangère à Naïrobi grâce à deux jolis buts de Matudidi Shora et un troisième goal signé Mbiyavanga « Le Maestro ».
Parlant de Pereira en tant qu’individu, nous confirmons qu’il était un homme comme vous et moi, avec un corps fait de chair et de sang. Pour preuve, celui-ci avait une femme répondant au nom de Moreina qu’il chérissait comme la prunelle de ses yeux. Même s’il n’avait pas un enfant biologique, il vivait avec ses neveux dans une cour composée des courtisans de tous genres qui dépendaient presqu’exclusivement de lui. Ce qui était vrai pour Dynamique, l’est aussi pour un certain nombre des grands bilongistes qui pullulent dans le monde du football. Ceux-ci ne sont ni des extra-terrestres, ni des surnaturels. Toutefois, leur influence est réelle et après Pereira, ce phénomène est toujours présent dans nos équipes de football.
Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Sachez simplement que pour n’avoir pas laissé un héritier, l’œuvre de Vieux Rail qui repose aujourd’hui aux cimetières de Kimbanseke s’est achevée avec sa disparition. A proprement parlé, Pereira était un homme très controversé. Tantôt, il ne jurait que sur son club de Daring qui l’avait propulsé au devant de la scène. Parfois surtout lorsque la tête du président en place ne lui plaisait pas, il tournait le dos à cette même équipe.
Comme le football était son gagne pains, il n’hésitait pas de répondre aux avances des dirigeants des autres clubs de la capitale ou de l’arrière pays, quels qu’ils soient. Ce qui comptait pour lui ce sont les espèces sonnantes qu’il récupérait pour sa survie. Le Vieux Pereira compte parmi les rares personnes qui ont consacré toute leur vie au service du football congolais qui l’a à son tour bien nourri, bien payé. Voilà pourquoi, nous pouvons le citer parmi ses bibliothèques qui, en perdant leur combat de la vie sont partis avec une moisson importante d’informations qui pouvaient être exploités dans un livre des souvenirs.
Les pereiristes c’est l’ensemble des sportifs qui ont recouru au savoir faire et aux pratiques mystiques de Vieux Rail. Il est difficile que je les cite tous. Sachez pourtant que parmi les daringmen qui ne juraient que par son nom, nous pouvons citer des gars comme Manivelle, Commandant Mbimba, Tambue Lombe, Kazadi, Piazza, Dikwa, Mampuya, Mbuta Makengo, Vieux Lotutala Ndombele, Vieux Kibunda, Basakila Bovic, Savanet, Kiala De Coulo, les Présidents Kinkela, Bilaf, Jonas Munkamba, Matondo Aïbua, Tokwaulu, Mitwana, Mayifuila, Dikiefu. Ces gars-là, étaient parmi les habitués de son labo.
Décédé une année après le sacre continental de Naïrobi, ces funérailles furent totalement prises en charge par les imaniens. Ce fut le signe de la reconnaissance d’une communauté des hommes envers un homme pour tous les services qu’il avait rendus de son vivant à son équipe. C’était aussi une des dernières volontés du défunt qui exigea que Daring, sa vraie famille sportive organise son ultime voyage. Vieux Vieux Rail est parti tel qu’il avait vécu, entouré par de nombreux sportifs qui avaient défilé devant sa dépouille mortelle dans sa résidence.
Aujourd’hui, les portes de la NASA, la centrale nucléaire d’où il décochait ses missiles en direction de ses adversaires, et qui était située dans sa base arrière de Kimbanseke sont closes et hermétiquement fermées. Vieux Rail n’a laissé sur le plan biologique aucun héritier. Mais les Pereiristes existent encore. Ils sont nombreux au pays et sont éparpillés partout. N’en déplaise à ceux qui font semblant de ne pas se reconnaître en lui et renient sa contribution positive ou négative dans l’évolution de notre football.
Jean Koke Miezi
Prochainement : Quid des dirigeants fétichistes dans le monde du football ?