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Que sont devenus les ex-Léopards ?
Lobilo : un héros à qui le pays a volé sa
jeunesse !
Beaucoup d'anciennes vedettes de
football sont tombées dans l'oubli. Le cas des ex-Léopards est frappant. Ces héros qui il y a 32 ans avaient gagné la Coupe d'Afrique et étaient la première équipe d'Afrique noire à jouer
la Coupe du monde, sont complètement oubliés aujourd'hui et vivent le revers de la gloire et de l'hommage qu'ils ont rendus au pays. Le cas de Lobilo Boba parmi tant d'autres est
frappant. Que la Nation se souvienne d'eux tous !
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Il reste un monument du football africain, bien qu'aujourd'hui il ait sa place dans le musée des
souvenirs des sportifs... d'un peuple qui ne vit plus qu'au passé. Flerian Lobilo Boba, c'est son nom. Plusieurs fois
sa place dans le musée des souvenirs des sportifs... d'un peuple qui ne vit plus qu'au passé.
Flerian Lobilo Boba, c'est son nom. Plusieurs fois champion de l'ex-Zaïre sous le maillot Vert-Noir de l'A.S. V.Club. Sous cette couleur, ce défenseur, resté modèle pour son style, a participé à
toutes les prestigieuses compétitions du continent. En 1973, Lobilo brandit la coupe d'Afrique des clubs champions, actuellement la champion's league africaine.
Lobilo Boba
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Son savoir-faire fit qu'il soit sélectionné, en 1974, parmi les 11 nationaux, ceux-là même qui
ramèneront au pays, la même année, la Coupe d'Afrique des nations remportée en Egypte. En bon animateur de la défense et très adroit dans ses tacles et autres gestes défensifs, Lobilo sera la
plaque tournante de la défense ex-zaïroise lors du mondial allemand de 1974. Malgré la piètre prestation des Léopards en Allemagne, Lobilo lui, trouvera une consolation en cette même année. Il
sera l'unique joueur ex-Zaïrois à être récompensé. Le prix « ballon d'argent France football » lui sera décerné.
Sans nul doute, Florain Lobilo Boba, dit « Docta », a connu un parcours sportif
exceptionnel mais connaît aujourd'hui, le revers de toutes les médailles remportées. Car, qui pouvait imaginer un seul instant qu'après avoir connu un tel parcours couvert d'éloges et de gloire
et porté si haut l'étendard national comme l'ont fait Lobilo et ses compagnons de la génération dorée des années 1970, qu'on vive une retraite au riz blanc. C'est bien malheureusement ce qui est
arrivé à notre champion. Florain Lobilo est depuis 1986 sans emploi. Pour survivre, il doit coller aux trousses des gens de bonnefoi et quelques fois tenter de se lancer dans de petites affaires
personnelles.
Retranché dans une bourgade, loin de la vie citadine et les regards facétieux, celui qui a fait
danser le roi et fait chanter le peuple sous la belle mélodie footballistique, vit aujourd'hui modestement avec sa famille dans un modeste quartier de l'érosive commune de Kisenso.
On m'a volé ma jeunesse
Comment le
Président de la République peut recevoir les musiciens et pas nous. Nous cherchons à le rencontrer non pas pour mendier, mais pour réclamer ce que le pays nous doit
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Cependant, Lobilo n'a rien perdu de son esprit de batailleur et de gagneur. Il croit toujours aussi
longtemps que le dernier coup de sifflet n'a pas retenti. « Je n'ai jamais pensé finir ainsi ma vie. Quand on a rendu des services énormes à une nation comme nous l'avons fait, c'est
inimaginable de vivre et même d'accepter mon sort. Ce pays m'a volé ma jeunesse. J'ai abandonné mes études pour le football. Je voulais arriver au sommet avec le mondial et faire honneur au
drapeau national et je l'ai fait. Voilà qu'aujourd'hui le pays n'est pas reconnaissant. Mais, je ne désespère pas pour autant », se console tout seul, celui qui, durant toute sa carrière,
était là pour remonter le moral de ses collègues.
Le pays est ingrat. La mort dans l'âme, Lobilo se torture de douleur lorsqu'il compare son sort à
celui réservé aux anciennes stars de football africain de son niveau par leurs pays respectifs et sur l'échiquier continental. Roger Milla, Joseph Antoine Bell, Abedi Pélé ... sont autant
d'exemples sur lesquels s'appuie Lobilo pour faire son propre deuil. « Roger Milla, par exemple, a beaucoup de considération pour moi que je n'ai pas, malheureusement, dans mon propre
pays... A l'étranger, on me connaît, on parle de moi jusqu'à ce jour, alors que je ne jouis d'aucun honneur même sur l'avenue où je réside... J'ai perdu mon temps. Je regrette mes études, si
seulement je les avais achevées, je serais peut-être à l'abri de cette malheureuse fin de vie. C'est dommage de faire confiance à un pays comme le nôtre », se lamente Docta.
Je n'ai jamais pensé finir ainsi
ma vie. Quand on a rendu des services énormes à une nation comme nous l'avons fait, c'est inimaginable de vivre et même d'accepter mon sort. Ce pays m'a volé ma jeunesse. J'ai abandonné
mes études pour le football. Je voulais arriver au sommet avec le mondial et faire honneur au drapeau national et je l'ai fait. Voilà qu'aujourd'hui le pays n'est pas reconnaissant. Mais,
je ne désespère pas pour autant
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A-t-il brûlé sa fortune si tôt comme tout bon Kinois pour se plaindre aujourd'hui ? Lobilo ne
l'a jamais eu ni avec l'AS V.club ni avec les Léopards. Avec V. club, il n'avait jamais touché des frais de mission dépassant 300 dollars. Avec de si modiques revenus, il est bien difficile de
faire une fortune, à moins d'être dans le pays d'Aladin et Salam. « Les joueurs de l'équipe nationale aujourd'hui réclament l'argent avant de monter sur la pelouse. A la coupe du monde 1974,
nous avions réclame notre argent après la compétition, malheureusement nous ne l'avons jamais touché », explique-t-il.
Les sommes faramineuses qu'on attribue aux vainqueurs de la Coupe d'Afrique des Nations avaient pris
une autre destination que les poches des destinataires. « Nous n'avons rien reçu de la part des autorités comme frais de participation à la CAN et même pas pour la coupe du monde. Monsieur
Sampasa, ministre des Sports de l'époque, vit encore, il peut le témoigner », se plaint l'ancien poulain de l'entraîneur yougoslave Vidinic.
En tout et pour tout, les ex-Léopards ont été gratifiés chacun d'une voiture VW, modèle Passat et
d'une résidence dans le quartier Salongo, à Lemba. Il s'agissait d'un don présidentiel comme si l'Etat était devenu si pauvre pour laisser des individus plus riches que lui récompenser ceux qui
ont mérité de la patrie. La pratique est encore de mise aujourd'hui. Sur ce don, Lobilo lève l'équivoque. « Après que nous avions décroché la qualification pour la coupe du monde, le
Président Mobutu, qui était au courant de la promesse qu'avait faite le roi marocain Hassan II aux joueurs de l'équipe nationale du Maroc, celle de donner à chacun une parcelle et une voiture,
nous appela et nous fit ces cadeaux.
Les Léopards en Allemagne. Debout de g à d : Lobilo, Kibonge,
Kazadi,
Bwanga et Mwepu. Accroupis de g à d : Mayanga, Kidumu,
Mana,
Mbungu, Mukombo et Kakoko.
Ce n'était nullement pour la participation à la coupe du monde ou encore le titre de champion
d'Afrique. C'était tout simplement par sursaut d'orgueil ». Mais, par ironie du sort, le Président qui a donné par la main droite, a récupéré de la gauche. Le pactole des champions d'Afrique
1974 avait pris une destination que seul Sampasa, ministre des Sports à l'époque, connaît. Que faire avec une voiture sans carburant ou une maison sans moyens de l'entretenir ? Lobilo, comme
d'ailleurs coéquipiers, a vendu ces dons pour survivre.
Des années ont passé, mais ces vieilles gloires n'ont pas encore oublié leur dû. Elles le réclament
et croient l'obtenir un jour. Aujourd'hui, elles forment, aux côtés de l'Union Nationale des footballeurs internationaux du Congo - UNAFIC - une plate forme, « les ex-Léopards champion
d'Afrique 74 et mondialistes 74 », afin de garder leur revendication en surface. Durant trois décennies, ils tiennent à cette réparation comme au jour qui a suivi leur sacre en Egypte ou
leur élimination en Allemagne. Mais le combat est devenu politique. Ils ont adressé une requête aux autorités de la transition, aux fins d'obtenir l'ouverture d'une enquête par l'Assemblée
Nationale sur l'affectation des recettes issues de la collecte populaire dite « Opération Moseka ». Mais, cette demande attendra le Parlement, le vrai, qui sortira des urnes. Car
celui-ci qui vit ses derniers jours ne s'en est jamais préoccupé. « Comment le Président de la République peut recevoir les musiciens et pas nous. Nous cherchons à le rencontrer non pas pour
mendier, mais pour réclamer ce que le pays nous doit », soupire Lobilo.
Patient Ligodi © Africanews 2006