Deux articles d'archives sur notre travail de sensibilisation
DEUX ARTICLES D’ARCHIVES SUR NOTRE TRAVAIL DE SENSIBILASATION.
Nous avons choisi de revenir sur certains articles, déjà publiés, pour montrer à nos lecteurs que notre blog Mboka Mosika, n'a pas dévié de sa ligne. Nous faisons aussi un travail de sensibilisation. Aujourd'hui, ce qui se passe au pays concerne tout Congolais et toute Congolaise. Dans les écrits qui suivent, nous interpelions déjà nos compatriotes. A chacun de lire et surtout comprendre...Maintenant, il s'agit de montrer que nous sommes matures. Ceci en privilégiant l'essentiel: LE CONGO.
Claude Kangudie.
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO: 50 ANS D'INDEPENDANCE, COMMEMORATION OU FETE ?
1ère publication le 3/6/2010
Voici notre cher pays avoir bientôt 50 ans d'indépendance. 50 ans, c'est beaucoup dans la vie d'un homme. Mais c'est aussi très peu dans la vie d'un pays et d'une nation. Nous nous proposons de partager quelques réflexions à l'occasion de cet événement national. Beaucoup de nos compatriotes nés après l'indépendance n'ont connu que l'ère de la deuxième République avec Joseph Mobutu. Beaucoup d'entre nous ne voient notre pays qu'à travers le prisme de cette loupe de la deuxième République. Nous avons tendance pour tout et pour rien à festoyer. Même si on nous offre un cadeau empoisonné emballé dans du papier en or plaqué, nous autres Congolais et Congolaises, c'est la naïveté primaire qui nous obnubile. 50 ans d'indépendance ? Quel sens allons-nous donner à ce 30 juin 2010 ? Le pays de Simon Kimbangu et de Patrice Emery Lumumba, où en est-il dans son devenir ?
1. Qu'est ce qu'est le Congo ?
Nous avons entendu, surtout ces dernières années, certains de nos compatriotes se demander en quoi consiste ce pays « Congo ». Certains disent même que « to teka mboka yango, tokabola mopatase, topanzana na biso ». Certes le Congo est né de la volonté du colonisateur belge. Le colonisateur a définit un espace géographique et a décidé que tous ceux et celles qui occupent cet espace sont Congolais et Congolaises. A partir de cette décision le colonisateur belge a élaboré tout, ce qui lui convenait, pour que cet état vive. Mais le colonisateur belge n'avait pas le pouvoir d'insuffler une âme à cette entité Congo pour qu'elle vive. L'âme et l'existence spirituelle de cet état ont été insufflées par les Congolaises et les Congolais eux-mêmes. Cette âme de l'existence du Congo ce sont ceux et celles qui ont été amputés ou tués, condamnés au travail forcé pour les intérêts économiques qui n'étaient pas les leurs. Beaucoup, des nôtres, y perdirent leur vie. L'âme du Congo, ce sont les dix morts par traverse de la voie ferrée Kinshasa-Matadi. Ce sont nos professeurs d'histoire, des Belges, qui nous l'enseignait en cours d'histoire: « pour chaque mètre de voie ferrée posé, il fallait compter dix morts ». Tellement les travaux étaient durs. L'âme du Congo, ce sont de nombreux Congolaises et Congolais qui moururent pour s'être dressés contre les conditions de vie indignes qui leur avaient été infligées. L'âme du Congo, c'est tous ceux et celles qui moururent en ces années troubles de notre indépendance. L'âme du Congo, c'est nombre de nos compatriotes qui moururent sous la deuxième République, à cause de la méchanceté et de la cruauté de nos dirigeants. L'âme du Congo ,ce sont toutes les victimes de la guerre de l'AFDL. L'âme du Congo, ce sont les six millions de morts de nos compatriotes de l'est du pays. L'âme du Congo, ce sont nos frères et soeurs qui continuent de mourir à cause de l'arbitraire et de l'incurie du pouvoir actuel. Ici, nous pensons à nos compatriotes de Bundu dia Kongo. Alors, à quel prix vendrons-nous ces morts, les nôtres ? A quel prix vendrons-nous l'âme du Congo ? Lumumba avait dit que l'histoire du Congo ne sera écrite ni à Paris, ni à Bruxelles, ni à New York, ni à Moscou, ni à Londres. Mais l'histoire du Congo sera écrite avec le sang du peuple congolais et par les Congolais et les Congolaises. A quel prix vendrons-nous ce sang ? A chacun de répondre.
2. Sommes-nous de BMW ?
Nous entendons par BMW: Beer-Music and Women. Nous sommes dans les années '70. Monsieur Cléophas Kamitatu publia un livre prophétique: « La mystification du Congo Kinshasa ou les crimes de Joseph Désiré Mobutu ». Je dis prophétique car la situation actuelle que traverse notre pays était déjà prévisible dans ce livre. Bien sûr, ce livre fut rapidement interdit par Mobutu et tous les stocks achetés et détruits. Je ne sais pas s'il y a encore des gens qui ont ce livre. Cléophas Kamitatu, fut du reste, le seul homme politique congolais qui eut le courage de dénoncer l'entrée en guerre de notre pays contre l'Angola, dans les années 1975 aux côtés du FNLA. Et pourtant, c'est le même Kamitatu qui finit par allier le camp du diable qu'il dénonçait, pour participer à la prédation de son propre pays. Le Congo a 50 ans d'indépendance...mais nous, avons-nous grandis ? Existons-nous ? Disons le clairement, on nous dit incapables de diriger et de gérer notre Congo. Qui disent cela ? Et pourquoi ? Et pendant ce temps, où sommes-nous ? Hier, tout un peuple était harangué au nom de « l'objectif 80 ». Nous étions tous débout, mobilisés et rangés derrière un seul homme. Même avec les moutons, peut-on réussir pareil exploit ? Aujourd'hui, nous revoici encore mobilisés pour les « 5 chantiers »...Hier nous avions le « Guide Clairvoyant ». Aujourd'hui, nous avons la « Haute Hiérarchie », « L'homme à la Grande écoute ». Qui sont derrière cette tragédie de tout un peuple ? Et nous les premiers concernés qui nous a demandé d'être des moutons serviles et corvéables à merci ? Voici, pourtant, 50 ans que le Congo est indépendant. Nous nous souvenons tous de la grande révolution des années '70: la zaïrianisation. La deuxième République, sous la conduite du maréchal Mobutu, expropria les opérateurs économiques en faveur des nationaux. C'était en théorie. Nous nous rappelons encore de la nouvelle race de rapaces qui apparut à cette occasion: les acquéreurs. Quand tout fut détruit et consommé, la « Révolution » décréta la « Radicalisation » où la rétrocession des biens qui avaient été confisqués...Mais il ne restait plus grand chose. Mais, au même moment, il y eut aussi une autre « zaïrianisation ». Plus grave, pernicieuse et sournoise. Celle des consciences. L'inversion des moeurs et des valeurs morales de tout un peuple...Pour cette « zaïrianisation », il n'y a jamais eu de « Radicalisation ». Nos moeurs ont été d'office corrompues. Et ce que nous vivons aujourd'hui est un pourrissement entamé depuis longtemps. L'esprit de lucre, la recherche du gain facile, l'attachement immodéré aux biens matériels, les vulgarités en tout genre sont parmi les caractères factices que nous avons acquis. Comment pouvons-nous pensé que nous en sommes sortis ? Nous sommes encore en train de danser « muana natikaki moke, sima ekoli... » Et cela même avec et devant nos enfants. Quand arrêterons-nous de boire et de danser pour s'occuper de notre être intérieur, de nos foyers, de notre pays ? Et pourtant, la maison, notre maison brûle...Que dire de l'esprit puérile et futilement fanfaron de nos musiciens ? De la nouvelle classe de nos journalistes, ministrables ou non ? Hier, c'était une honte et un déshonneur d'avoir une soeur danseuse dans un orchestre. Aujourd'hui, c'est un honneur et une fierté d'en avoir une qui fait ce métier. Et que dire des trahisons, reniement, félonie de nos hommes politiques ? Ils sont devenus experts dans l'art de mentir sans vergogne. Le Congo connut en 1960 un premier ministre modèle. Aujourd'hui, son poste et son bureau sont occupés par un individu complétement soporifique, terne, corrompu et notoirement incompétent. Alors sommes-nous des BMW ? A chacun de mesurer notre déchéance.
3. Sommes-nous conscients de la valeur du Congo ?
Dans le film « Le cycle du serpent »,nous voyons monsieur Dominique Sakombi Inongo nous dire qu'il a vu Mobutu boire un verre de sang humain. Posons-nous la question essentielle, loin des frissons liés au fait: ce verre de sang, Mobutu le buvait-il à quelle occasion ? Une fête de baptême ? Une fête d'anniversaire d'un membre de sa famille ? Une réception officielle ? Notre pays a toute sortes de catégories de pasteurs: les bishops, les apôtres, les révérends, les prophètes, les archi-machins etc...Dès qu'on parle de politique ou de la situation de notre pays, tout de suite, nos révérends ne font plus de la politique. Il faut rendre à Dieu ce qui est à Lui, à César, ce qui est à César disent-ils...Mais pourtant la libération spirituelle du Congo sera un combat de tous les sacrifices spirituels...Qui osera ? Nous aimons qu'on fasse tout à notre place...Même quand on efface notre histoire...Nous sommes le seul pays d'Afrique où l'Otan et l'Occident sont le plus militairement intervenus dans ses affaires intérieures. De cela combien parmi nous s'en souviennent ? De l'intervention de triste mémoire de l'ONU de 1960 jusqu'à l'actuelle occupation de la MONUC, qui a fait le compte ? Les interventions militaires de la guerre du Shaba et d'autres, qui peut nous affirmer qu'elles étaient pour l'intérêt du peuple congolais ? Mais nous sommes toujours prêts à danser et à boire. Et cela depuis 50 ans. Il paraît que nous avons eu nos premières élections démocratiques en 2006. Et celles de 1960 où Patrice Lumumba fut élu premier ministre du Congo, qu'en fait-on ? Nous avons une constitution nouvelle. Rédigée en Belgique, à Liège, par des étrangers. Et celle de Luluabourg en 1964 ? Constitution rédigée par les Congolais et les Congolaises eux-mêmes. Nous avons eu Sun City, soit disant pour nous réconcilier et bâtir la paix...demain, nous serons conviés à d'autres forums de « réconciliation » qu'on aura pensés pour nous. Et notre Conférence Nationale Souveraine ? Et pourtant, la qualité du travail produit à cette assemblée est sans équivalent. Notre génération a chanté: « notre Congo sera toujours uni. Il gardera toujours son unité: Kivu, katanga, Kasaï, Léo, Equateur, Orientale qui forment le Congo ». Voici une conspiration sans nom, visible de tous, qui menace notre pays. Où sommes-nous ? En train de boire et de danser. Et pourtant, voici 50 ans que nous sommes indépendants. On va fêter ou commémorer ? Nous avons aussi chanté et promis: « le Congo de demain. Le Congo de demain, c'est bien nous. Nous bâtirons un pays, un pays magnifique.. » C'est notre génération qui avait fait cette promesse. Où en sommes-nous après 50 ans ? C'est une tragédie pour tout un peuple lorsque les plus médiocres parmi ses fils et filles s'emparent des leviers de commande. Notre naïveté est très étonnante. Demain, en 2011, ce sera les élections. Avons-compris quelque chose ? Vendrons-nous encore un peu plus notre Congo ? En votant encore des incompétents. Ceux là qui viendront avec un verre de bière, un ballon et quelques billets pour acheter nos voix et celles de nos familles. Nous serons encore une fois responsables d'avoir mis la médiocrité aux responsabilités dans notre pays...Prenons-nous au sérieux. Arrêtons de danser et de boire. Il est temps de remettre notre Congo débout, comme nous le chantons dans notre hymne national. La conclusion, c'est à chacun de la tirer. Nous avons tous une conscience. A chacun d'interroger la sienne. Que sera le Congo de demain ?
Claude Kangudie.
. Suite aux événements actuels au pays, et à certaines remarques sur Mboka Mosika, nous republions l’article suivant. Nous avions fait un travail de mémoire sur certaines tragédies survenues au pays. Nous avions montré comment les esprits étaient manipulés pour plonger tout un peuple dans des drames sans nom…ceci pour des intérêts égoïstes des uns et des autres. Aujourd’hui, comme en ces années-là, les mêmes pratiques ressurgissent. Toujours pour les intérêts des mêmes. Ayant compris toutes ces manœuvres, il nous appartient de les déjouer. Pour notre Congo, tenons débout. Le Kongo n’a pas de prix. Le sang des nôtres, qui a coulé, n’est pas négociable.
LA HAINE PAR PROCURATION : QUEL JOUR OUVRIRONS-NOUS NOS YEUX ?
1ère publication le 17/6/2010
Le Congo, notre Congo est colonie modèle de la Belgique depuis 1885. La Belgique a bien organisé sa colonie. De tous les états colonialistes, c’est elle qui tire meilleure partie de ses indigènes. Il faut rappeler, à ce sujet, que la Belgique fut, à la fin de la deuxième guerre mondiale, le seul état européen à s’être enrichi et largement enrichi au point que le fameux plan Marchal ne concernait pas la Belgique. Le plan Marchal fut un plan économique conçu par les Américains pour relancer et reconstruire les pays d’Europe détruits par la seconde guerre mondiale.
La Belgique, pour ses raisons économiques, mit en coupe réglée le Congo. Le Katanga est riche en minerais de tout genre. Il faut exploiter ces minerais pour la métropole et la Couronne belge. Il fut créé l’UMHK, Union Minière du Haut Katanga. Mais voilà, les besoins étaient immenses et la main d’œuvre insuffisante. Le royaume de Belgique a besoin des richesses de sa colonie, il faut des bras pour cela. C’est ainsi qu’on fit venir cette main d’œuvre d’un peu partout : du Malawi, du Ruanda-Urundi. On alla aussi chercher des bras dans d’autres provinces du Congo. Et au Kasaï notamment.
Pour les travailleurs venant du Kasaï, le colon avait négocié les conditions de travail et de salaire avec eux. Ceci pour les convaincre de quitter leurs villages et familles. Et la machine économique du colon tourna à plein régime. Et nous arrivons en cette année 1942…
Un jeune adolescent d’alors me raconta ceci…Mon fils, je garde un souvenir impérissable de mon enfance. Nous sommes en cette année 1942…Un bon matin, je vois mes parents en train d’échanger entre eux sur un ton que je ne les reconnaissais pas. Au fait, ma mère exigeait à mon père de ne pas sortir ce jour là. Elle avait fait un mauvais songe. Dans ce songe, elle avait vu des militaires de la Force Publique tirer sur des gens. Et il y avait beaucoup de morts. Et il n’était pas question que son homme sorte ce jour là. Mais ce jour là, tous les travailleurs kasaïens avaient décidé de manifester contre le colon blanc. Celui-ci, quand il est allé les chercher au Kasaï, il leur avait promis salaire et conditions de vie décents. Voici bientôt des années qu’ils travaillaient et que le colon ne respectait ni sa parole, ni ses promesses. Chaque fois que leurs représentants soulevaient ce problème, l’UMHK procédait à la distribution de denrées alimentaires « mposo »…en guise de réponse. C’est ainsi qu’arrive ce jour de 1942. Et les travailleurs de l’UMHK, originaires du Kasaï, avaient décidé de manifester publiquement et dénoncer ainsi leurs modestes conditions de travail. C’est à cause de ce songe que cette dame ne voulait pas que son mari aille à cette manifestation. Et comme elle devait sortir pour une course urgente, pour s’assurer que son mari ne restera pas sortir après elle, elle enferma celui-ci dans sa chambre. Elle va ensuite fermer la porte principale d’entrée…Et confier les clés à son fils alors adolescent, avec ordre de veiller à ce que son père ne sorte pas de la maison. Quel dilemme pour cet adolescent quant on pense à notre culture…assumer la garde de son propre père et surtout à la demande de sa maman… !!! Mais, le papa finira par tromper la vigilance du petit en sortant par la fenêtre de la chambre à coucher. Il se rendit donc à leur manifestation contre l’UMHK. Le jeune adolescent fut surpris par les tirs d’armes automatiques qui éclatèrent ce jour là. C’était la première fois de sa vie qu’il entendait la musique de ces engins de la mort. Et sa mère rentre précipitamment…voyant que son songe s’était vérifié. Il demande à son fils, s’il n’avait pas laissé sortir son papa…mais hélas. Les tirs partaient de partout et des morts, il y en avait partout. C’est Aubert Mukendi qui m’a raconté cet épisode entre ses parents en ce jour de 1942.
Un autre épisode. Un jour mon père me raconta une histoire. Il me dit que beaucoup de gens, surtout à Kinshasa, ne savent pas pourquoi la famille de Beltshika est connue et célèbre. Nous sommes en 1942, les Belges viennent de faire des massacres sur les travailleurs kasaïens de l’Union Minière qui revendiquaient pour les promesses non tenues par les blancs. Les Belges ont récupéré tous les corps et les ont enterrés loin des yeux et des oreilles indiscrets. Ensuite, ils ont construit un stade de football sur le lieu de ces fosses communes. C’est le stade Mwanke de Lubumbashi. Ceci pour effacer toute trace de leur crime. Et c’est là qu’intervient Kalubi Beltshika Liévain. Il composa des chansons pour immortaliser ce crime. Des chansons de résistance que nous chantions dans nos maisons pour ne pas oublier les nôtres qui étaient tombés, dit mon père. Et le colon fit tout pour savoir qui composait ces chansons. Mais nous avons bien résisté et jusqu’à l’indépendance, le Belge n’a jamais su que c’était Kalubi Liévain qui créait ces chansons.
Nous avons voulu relater ces faits par souci historique. Voici maintenant comment le colon va réagir contre les travailleurs kasaïens de l’UMHK. L’UMHK se rendit compte que ce groupe ou cette catégorie de travailleurs allait lui posait des problèmes. Il fallait trouver des solutions pour que cet esprit revendicatif ne devienne pas contagieux avec les autres ethnies ni ne se répète à l’avenir. C’est ainsi qu’un travail psychologique d’intoxication fut entrepris contre les Kasaïens. A l’instigation du colon, toutes sortes de bruits, d’accusation furent répandus sur la communauté kasaïenne du Katanga. On persuada nos frères du Katanga qu’ils étaient dominés chez eux. Les meilleurs postes, étaient pour les Kasaïens, les Kasaïens allaient finir par prendre leurs places, bientôt le Katangais ne sera plus chez lui au Katanga etc…Le principe de « diviser pour bien régner » fut de mise. C’est ainsi que naquit la diabolisation des Kasaïens au Katanga, suite à un conflit social mettant en danger les intérêts vitaux de la Belgique.
Nous arrivons en 1960. Le Belge n’acceptait pas l’indépendance du Congo. La vache à lait, on ne la lâche pas comme ça…Il fallait se rendre encore incontournable à tout prix. Le terrain de la division était déjà fertile depuis 1942. Il a suffi aux Belges de réveiller le démon qu’ils avaient insérer dans les cœurs de nos frères et sœurs du Katanga. Et le venin mortel fit son affaire…C’est ainsi que nos frères du Katanga, avec qui le Kasaï a des liens séculaires, furent induits en erreur par le colon. Les Kasaïens et Kasaïennes furent contraints de quitter le Katanga, parce que le Katangais voulait rester chez lui, avec sa richesse. De ces événements malheureux, plusieurs Congolais et Congolaises perdirent la vie. C’est un épisode douloureux de l’histoire de notre pays.
Nous arrivons en 1990. Mais revenons en arrière, en 1978. Quelques parlementaires courageux, fatigués des promesses et mensonges du président Mobutu décident de créer un parti politique d’opposition, l’UDPS, Union pour la Démocratie et le Progrès. La lecture de la marche politique de ce parti est pleine de beaucoup de rebondissements. La lutte politique entre personnes fut déviée. Les méthodes jadis utilisées contre les Kasaïens au Katanga, par le colonisateur belge, furent remises à l’ordre du jour par les services de Mobutu. Le point culminant de cette intoxication-désinformation fut atteint avec « l’entêtement » d’Etienne Tshisekedi qui ne voulait pas se faire dompter par Mobutu. Tout le monde se rappellera des assertions qui circulaient à Kinshasa : « soki omoni muluba na nioka, boma muluba, tika nioka ». Nous arrivons en cette année 1990. La confrontation Mobutu-Tshisekedi étant devenue trop frontale, le président Mobutu instrumentalisera certains de nos compatriotes du Katanga, dont Nguz dit Karl-i-Bond et Kyungu wa Kumwanza d’Oliveira. Les pogroms et purifications ethniques contre les Kasaïens et Kasaïennes furent commis encore, au Katanga. Comme en 1942. Comme en 1960. Les ressortissants du Kasaï furent spoliés de leurs biens, tués et relégués dans leur propre pays pour le seul tort d’être du Kasaï, province d’origine d’Etienne Tshisekedi. Ceci à l’instigation du président Mobutu, garant « de l’unité nationale et de la Nation ». Ces crimes furent perpétrés dans l’indifférence générale de la communauté nationale. Et réparation n’a jamais été faite jusqu’à ce jour. La voie ferrée du Katanga jusqu’à Ilebo fut un grand mouroir de nos compatriotes.
Nous sommes en 2006. Le vecteur du mal, le cycle vengeance-répression est toujours parmi nous. Jean-Pierre Bemba vient de perdre les « premières élections » démocratiques du Congo. Il est contraint à l’exil dans les conditions que nous connaissons. Mais voici qu’une purification, qui ne veut pas dire son nom, s’est abattue sur nos frères et compatriotes de l’Equateur. On retrouve les mêmes ingrédients et méthodes appliqués contre les Kasaïens. Les mêmes méthodes depuis 1942. Ce sont les opposants naturels du nouveau régime, dit-on. Nombre de Congolais et Congolaises, issus de l’Equateur, ayant embrassés le métier des armes disparaissent, comme des Kasaïens hier, dans l’indifférence totale. Leur tort ? Celui d’être de la même province que Joseph Désiré Mobutu et Jean Pierre Bemba. Ceci est un complot contre notre pays et son intégrité. Ces compatriotes par leur métier des armes, sont les remparts qui défendront le Congo demain. Et ils sont tous en train d’être décimés par le nouveau pouvoir. Avec des prétextes inavouables. Hier, c’étaient les Kasaïens les ennemis du pouvoir de Mobutu. Aujourd’hui, ce sont nos frères de l’Equateur, province d’origine de Jean-Pierre Bemba, qui sont les ennemis du nouveau pouvoir. Est-ce qu’à ce titre, doivent-ils être traités de la sorte ? Et le pouvoir qui viendra demain, comment traitera-t-il les Katangais ? Le Belge qui nous avait inoculé ce venin est déjà parti. Qui nous demande de continuer dans ce cycle de la honte et du déshonneur ? Voici 50 ans que nous sommes indépendants, quand finira cette haine par procuration ?
Nous avons parlé des faits selon notre angle. A d’autres de nous compléter et de nous contredire. Nous devons avoir le courage d’extirper les maux qui nous rongent, surtout depuis 50 ans de notre indépendance. Nul n’a le monopole de la vérité si ce n’est Dieu. La vérité est une notion intemporelle. Elle finit toujours par triompher.
Claude Kangudie.