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Publié par Messager

 

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO: 50 ANS D'INDEPENDANCE, COMMEMORATION OU FETE ?

 

 

Voici notre cher pays avoir bientôt 50 ans d'indépendance. 50 ans, c'est beaucoup dans la vie d'un homme. Mais c'est aussi très peu dans la vie d'un pays et d'une nation. Nous nous proposons de partager quelques réflexions à l'occasion de cet événement national. Beaucoup de nos compatriotes nés après l'indépendance n'ont connu que l'ère de la deuxième République avec Joseph Mobutu. Beaucoup d'entre nous ne voient notre pays qu'à travers le prisme de cette loupe de la deuxième République. Nous avons tendance pour tout et pour rien à festoyer. Même si on nous offre un cadeau empoisonné emballé dans du papier en or plaqué, nous autres Congolais et Congolaises, c'est la naïveté primaire qui nous obnubile. 50 ans d'indépendance ? Quel sens allons-nous donner à ce 30 juin 2010 ? Le pays de Simon Kimbangu et de Patrice Emery Lumumba, où en est-il dans son devenir ?

 

1. Qu'est ce qu'est le Congo ?

 

Nous avons entendu, surtout ces dernières années, certains de nos compatriotes se demander en quoi consiste ce pays « Congo ». Certains disent même que « to teka mboka yango, tokabola mopatase, topanzana na biso ». Certes le Congo est né de la volonté du colonisateur belge. Le colonisateur a définit un espace géographique et a décidé que tous ceux et celles qui occupent cet espace sont Congolais et Congolaises. A partir de cette décision le colonisateur belge a élaboré tout, ce qui lui convenait, pour que cet état vive. Mais le colonisateur belge n'avait pas le pouvoir d'insuffler une âme à cette entité Congo pour qu'elle vive. L'âme et l'existence spirituelle de cet état ont été insufflées par les Congolaises et les Congolais eux-mêmes. Cette âme de l'existence du Congo ce sont ceux et celles qui ont été amputés ou tués, condamnés au travail forcé pour les intérêts économiques qui n'étaient pas les leurs. Beaucoup, des nôtres, y perdirent leur vie. L'âme du Congo, ce sont les dix morts par traverse de la voie ferrée Kinshasa-Matadi. Ce sont nos professeurs d'histoire, des Belges, qui nous l'enseignait en cours d'histoire: « pour chaque mètre de voie ferrée posé, il fallait compter dix morts ». Tellement les travaux étaient durs. L'âme du Congo, ce sont de nombreux Congolaises et Congolais qui moururent pour s'être dressés contre les conditions de vie indignes qui leur avaient été infligées. L'âme du Congo, c'est tous ceux et celles qui moururent en ces années troubles de notre indépendance. L'âme du Congo, c'est nombre de nos compatriotes qui moururent sous la deuxième République, à cause de la méchanceté et de la cruauté de nos dirigeants. L'âme du Congo ,ce sont toutes les victimes de la guerre de l'AFDL. L'âme du Congo, ce sont les six millions de morts de nos compatriotes de l'est du pays. L'âme du Congo, ce sont nos frères et soeurs qui continuent de mourir à cause de l'arbitraire et de l'incurie du pouvoir actuel. Ici, nous pensons à nos compatriotes de Bundu dia Kongo. Alors, à quel prix vendrons-nous ces morts, les nôtres ? A quel prix vendrons-nous l'âme du Congo ? Lumumba avait dit que l'histoire du Congo ne sera écrite ni à Paris, ni à Bruxelles, ni à New York, ni à Moscou, ni à Londres. Mais l'histoire du Congo sera écrite avec le sang du peuple congolais et par les Congolais et les Congolaises. A quel prix vendrons-nous ce sang ? A chacun de répondre.

 

 

 

 

2. Sommes-nous de BMW ?

 

Nous entendons par BMW: Beer-Music and Women. Nous sommes dans les années '70. Monsieur Cléophas Kamitatu publia un livre prophétique: « La mystification du Congo Kinshasa ou les crimes de Joseph Désiré Mobutu ». Je dis prophétique car la situation actuelle que traverse notre pays était déjà prévisible dans ce livre. Bien sûr, ce livre fut rapidement interdit par Mobutu et tous les stocks achetés et détruits. Je ne sais pas s'il y a encore des gens qui ont ce livre. Cléophas Kamitatu, fut du reste, le seul homme politique congolais qui eut le courage de dénoncer l'entrée en guerre de notre pays contre l'Angola, dans les années 1975 aux côtés du FNLA. Et pourtant, c'est le même Kamitatu qui finit par allier le camp du diable qu'il dénonçait, pour participer à la prédation de son propre pays. Le Congo a 50 ans d'indépendance...mais nous, avons-nous grandis ? Existons-nous ? Disons le clairement, on nous dit incapables de diriger et de gérer notre Congo. Qui disent cela ? Et pourquoi ? Et pendant ce temps, où sommes-nous ? Hier, tout un peuple était harangué au nom de « l'objectif 80 ». Nous étions tous débout, mobilisés et rangés derrière un seul homme. Même avec les moutons, peut-on réussir pareil exploit ? Aujourd'hui, nous revoici encore mobilisés pour les « 5 chantiers »...Hier nous avions le « Guide Clairvoyant ». Aujourd'hui, nous avons la « Haute Hiérarchie », « L'homme à la Grande écoute ». Qui sont derrière cette tragédie de tout un peuple ? Et nous les premiers concernés qui nous a demandé d'être des moutons serviles et corvéables à merci ? Voici, pourtant, 50 ans que le Congo est indépendant. Nous nous souvenons tous de la grande révolution des années '70: la zaïrianisation. La deuxième République, sous la conduite du maréchal Mobutu, expropria les opérateurs économiques en faveur des nationaux. C'était en théorie. Nous nous rappelons encore de la nouvelle race de rapaces qui apparut à cette occasion: les acquéreurs. Quand tout fut détruit et consommé, la « Révolution » décréta la « Radicalisation » où la rétrocession des biens qui avaient été confisqués...Mais il ne restait plus grand chose. Mais, au même moment, il y eut aussi une autre « zaïrianisation ». Plus grave, pernicieuse et sournoise. Celle des consciences. L'inversion des moeurs et des valeurs morales de tout un peuple...Pour cette « zaïrianisation », il n'y a jamais eu de « Radicalisation ». Nos moeurs ont été d'office corrompues. Et ce que nous vivons aujourd'hui est un pourrissement entamé depuis longtemps. L'esprit de lucre, la recherche du gain facile, l'attachement immodéré aux biens matériels, les vulgarités en tout genre sont parmi les caractères factices que nous avons acquis. Comment pouvons-nous pensé que nous en sommes sortis ? Nous sommes encore en train de danser « muana natikaki moke, sima ekoli... » Et cela même avec et devant nos enfants. Quand arrêterons-nous de boire et de danser pour s'occuper de notre être intérieur, de nos foyers, de notre pays ? Et pourtant, la maison, notre maison brûle...Que dire de l'esprit puérile et futilement fanfaron de nos musiciens ? De la nouvelle classe de nos journalistes, ministrables ou non ? Hier, c'était une honte et un déshonneur d'avoir une soeur danseuse dans un orchestre. Aujourd'hui, c'est un honneur et une fierté d'en avoir une qui fait ce métier. Et que dire des trahisons, reniement, félonie de nos hommes politiques ? Ils sont devenus experts dans l'art de mentir sans vergogne. Le Congo connut en 1960 un premier ministre modèle. Aujourd'hui, son poste et son bureau sont occupés par un individu complétement soporifique, terne, corrompu et notoirement incompétent. Alors sommes-nous des BMW ? A chacun de mesurer notre déchéance.

 

Claude KANGUDIE

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