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Cet espace se veut un lieu de rencontres et d'échanges entre ressortissants de l'Afrique Centrale et Australe . Tout étranger connaissant ou voulant faire connaissance de cette partie de l'Afrique est le bienvenu. Nous y aborderons des sujets culturels en français, portugais, ou en lingala, selon les interlocuteurs . Notre devise:réduire la distance qui nous sépare du continent, par l'entretien de la mémoire collective, en recourant à notre musique dans toute sa diversité
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Publié par Messager
J'avais déjà évoqué cet obélisque dans un article publié sur ce blog en mars 2009, un article que j'avais consacré aux "manuel" de Kinshasa.
Pour mon fils qui avait lu l'article, je suis retourné à Dendale (kasa-Vubu) pour revoir une dernière fois, avant peut être sa disparition, comme d'autres lieux de mémoire de Kinshasa, l'obélisque de Pedro manuel, l'un des rares photographes, avec Lukuni, à avoir immortalisé les émeutes du 4 janvier.
L'obélisque est aujourd'hui emprisonné derrière un mur de brique, les inscriptions et les lettres de Pedro Manuel ont été cassé au marteau sûrement, mais il reste encore son numéro RC - régistre de commerce.
Sur l'avenue Victoire, devenue le supermarché des pièces automobiles d'occasion, très peu de personnes, jettent encore un regard sur ce monuments. Le commerçant installé juste devant la parcelle n'a jamais entendu parler de l'ancien propriétaire des lieux. Et encore, c'est le cadet de ses soucis.
dans la parcelle, derrière le mur d'enceinte, l'obélisque campe encore sur ses pieds. le nouveaéu propriétaire se désole de ne pouvoir s'en débarraser. il voudrait bien le casser pour ouvrir une autre annexe liogablo.cela lui rapportera au moins 100$ de plus par mois.
Pour être solide, l'obélisque l'était vraiment."il a fallut presque une semaine pour casser les lettres en ciment, alors vous imaginez le temps que cela prendra de casser l'obélisque? me dit d'un air désolé l'occupant des lieux. En plus ajouta-t-il, elle casse la beauté de la parcelle et de la maison. Une belle maison "fonds d'avance" qui garde encore intacte, sa couleur verte de mon enfance.
S'il pouvait parler, l'obélisque de Pedro manuel, nous aurait raconté, en l'absence des clichés du photographe, ce qui s'était réellement passé ici, lors de cette sanglante journée du 4 janvier. Il est certain que depuis le rond point de la Victoire, la solution la plus simple, pour échapper aux "ekoti mbila" de la force publique appelés pour mater la révolte des kinois, l'avenue de la Victoire et son croisement avec Gambela. peut être que la traque s'est poursuivie jusque à la hauteur du Kimpwanza Bar (ce qui expliquerait son nom. Et pendant qu'Arthur Pinzi s'époumonait au dessus d'une impala, une sonophone collée à la bouche, quelques ngembo devraient être juché au dessus de l'obélisque, à mi hauteur, pour ne rien râter de la scène.
Qui a fui par là? par où Kasa Vubu s'était-il échappé avant de se retrouver à Kintambo, sur Kwamouth, Chez les Kuyena et s'y cacher pendant trois jours, avant de se rendre de lui même àla police?
Combien de victimes anonymes ou de bléssés sont tombés devant ce témoin immobile et muets, avant que les belges n'acceptent d'ouvrir une table ronde pour examiner les révendications congolaises? Voilà à quoi je pensais en tournant autour de l'obélisque.
Lorsque je suis ressortie sur l'avenue de la Victoire pour reprendre un nouveau cliché de l'obélisque, un homme s'est approché de moi: "Vieux, me dit-il, soki olingi, nakoki kotekela yo bord wana. Namoni olingi yango mingi". ce n'est pas que nalingi yango mingi, lui-ai-je répondu. Eza histoire na yo na ya ngai. Justement ekozala mawa trop ebukana, sans que balobela bino lisolo n'ango.
J'aurai bien voulu lui en dire plus sur cet obélisque, mais j'ai compris qu'ici, on n'a pas le temps pour écouter de tels discours.ici on vend de tout, pourvu que ça rapporte un peu de dollars.
Il ne reste qu'un seul endroit pour apprendre à nos enfants ce qui s'est passé, à leur présenter et apprécier nos lieux de mémoire, comme cet obélisque qu'un jour, un photographe d'origine angolaise, Pedro Manuel érigea pour attirer l'attention de ses clients, et qui, par la force de l'histoire, se retrouve associé aux évènements fodateurs de la république démocratique du Congo, la journée des martyrs du 4 janvier 1959.
La saga des "MANUEL" par Muan'a Mangembo
Pour une fois, le premier qui m'a frappé, n'était pas à Kintambo. En effet, je devais avoir entre 9 et 10 ans, lorsqu'un jour, j'ai accompagné mon père à la "population noire-la Cité". Nous avions pris place à bord d'un TCL qui faisait pratiquement le tour de Kinshasa - était-ce une ligne 6-, toujours est-il que le bus nous a promené un peu partout de Kintambo à Dendale. Avions-nous changé de bus? je ne m'en souviens plus. est-il que nous avions emprunté l'avenue de la Victoire. entre le rond point de Saio et Victoire (Kimpwanza) et Gambela je crois, notre bus s'est immobilisé devant une belle batisse "fond d'avance de couleur verte. Devant la maison trônait une belle obélisque d'au moins 4m. Dessus était marqué "Manuel" suivi d'un autre nom. Nous étions devant les studios et laboratoires photographiques d'un des grands photographes de Kinshasa. L'obélisque m'a expliqué mon père, c'est en souvenir de son passage à Paris: " regardes bien çà c'est Paris, m'a dit mon Père". pendant longtemps, Paris était pour moi, cet obélisque en ciment de M. Manuel.
Un autre manuel que j'ai connu a été chanté par des grands artistes congolais, puisqu'il avait un Bar où se produisait de groupes célèbres. C'était M. Nzuzi Emanuel ou Manuel Nzuzi. Rochereau l'a immortalisé dans "Milano", lingomba ya bana bayebana: "Mvuemba thomas, Polo Kalambay NZUZI EMMANUEL, Ngoy Léon, Tshimpaka Kongolo, Benga Tusamba, bana ya Milano. C'est toujours cette année de mes neuf ans, que je suivrai dans ce bar en Ngembo, un concert de Negro succès, avec bavon marie Marie en Guest Star et son amoureuse Marie José. Le Bar de Nzuzi était sur Boma tandis que la copine de Bavon habitait sur Kasai.
Enfin le dernier Manuel de mes souvenirts était un tailleur célèbre. Son atelier était au coin d'Uele et de l'avenue Komoriko. il avait réussi a s'offrir une clientèle huppée. il parait que c'est lui qui a cousu le premier costume de Boboliko, alors qu'il n'était qu'un jeune syndicaliste chrétien.
Mes trois Manuels, ont été parmi les premiers à retournber en Angola, dans le sillage du FNLA de Holden Roberto, dont ils étaient les soutiens. Après la guerre perdu par le FNLA contre le MPLA, certains reviendront à Kinshasa, après avoir tout perdu. Nzuzi Emmanuel finira ses jours comme portier à la CPA à Kinsuka.
Il y a six mois, de passage à Kinshasa, je suis retourné à Kasa-Vubu pour revoir l'obélisque de M. manuel (Pedro?). il était encore là. Quelqu'un, sûrement le nouveau propriétaire de sa parcelle, a fait enlever ses noms sur l'obélisque de "Paris". Peut être un muan'a Kasa-Vubu nous en dira plus sur ce photographe et ce qu'il est devenu. Moi en tout cas, je n'oublie ces lettres carrées "Manuel" sur les tranches de son obélisque.
Allez, reécoutons pour le plaisir un de ces morceaux d'anbthologie de Bana San salvador, avec Georges Edouard et manuel d'Oliveira " Basi nionso tapale" que Messager ne manquera pas de nous faire écouter à la suite de cette petite contribution.
PS: Les "manuel" avaient une prédilection pour les vieilles communes - Kintambo, Linguala et Barumbu. Dans les années 70, beaucouyp d'entre eux émigreront vers Kimbanseke ou Ozone.
Muan'a Mangembo