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Publié par Messager

 

La nouvelle demeure de Lonkundo

Lorsqu'il furent arrivés Lonkundo dit : 'Aujourd'hui personne ne peut couper ne fût-ce qu'un feuillage. Demain matin je vous dirai ce que je veux'. On écouta ses paroles et tous se couchèrent à même le sol sous les arbres.

Au matin le patriarche appela Ilankaka et lui dit : 'Ilankaka, maintenant nous sommes arrivés dans notre nouveau village. Avant de couper les premiers arbres pour les travaux, nous devons enterrer notre victime de fondation pour la résidence'(33).

La femme répondit : 'Qui, c'est bon. Mais qui allons-nous tuer comme victime de fondation' ? Il dit : 'Prenons cet homme qui t'a importuné et tuons-le pour le punir'. Ils prirent donc cet homme, on le décapita à la potence et l'enterra comme victime de la fondation de la résidence.

Lonkundo envoya les esclaves chercher les arbres pour les maisons de toutes les femmes ce jour-là même. Il dispersa les femmes en forêt chercher des aliments. Elles se dispersèrent : les unes partent pêcher par écopement, les autres sur la terre ferme ; il en retint d'autres pour égaliser le terrain pour les huttes. Aussi-tôt elles partirent (34).

A la baisse du jour tout le monde revint. Surabondance de poissons ! Le terrain arrangé par les femmes était tout égalisé. Ceux qui étaient allés aux pieux et aux poutres pour les maisons revinrent. Ils construisirent les maisons et les finirent complètement. Les gens étaient très contents.

Puis le mari vint et distribua les maisons aux femmes et aux enfants. A sa première femme, Bonduwa, il donna une maison mauvaise. Bonduwa se mit en colère ; elle assembla les coépouses et le leur raconta.

Quand Lonkundo eut entendu cela, il prit ses affaires et la chassa. Quand Yonjwa vit sa mère déshonorée il partit avec elle ; il lui bâtit une maison et lui interdit d'aller chez son père.

Ilankaka demeurée avec Lonkundo lui dit : 'Lonkundo, moi je possède un objet qui mon père m'a donné. Au sujet de cette chose, il m'a dit : avant de la planter tu dois savoir si ton mari t'aime vraiment. Maintenant je veux la planter'.

Lonkundo dit : 'Tu vois toi-même comment je me conduis avec toi. Plante donc ton objet'. Ilankaka prit l'amande palmiste qui se trouvait dans sa corbeille et la planta.

Un certain laps de temps étant passé, le palmier était devenu un gros palmier (35) et produit un régime de fruits de palme énormes. Les fruits mûrirent et on les coupa : un seul frit gros comme un fruit de Chrysophyllum ! Ilankaka l'apprêta et le donna à son mari.

Lorsque le mari se mit à le manger, il lui trouva un goût si doux et si savoureux qu'il oublia les noms de ses épouses et de ses enfants. Il appela toutes ses femmes et leur dit : 'De ce palmier personne ne peut manger. C'est là un pacte que j'ai conclu avec Ilankaka. Toi, Ilankaka, sache-le (ne l'oublie pas)'. Ils continuaient à vivre en paix.

Un jour ce palmier porta trois régimes. Lonkundo dit : 'De ces trois régimes produits personne ne peut manger, excepté moi et Ilankaka'.

Les jours passaient. Un jour, vers le soir, les gens de Méditerre envoyèrent un message à Lonkundo : 'Viens à l'assemblée demain matin, nous n'attendons que toi'.

Le matin venu, le patriarche dit à sa femme : 'Allons un peu voir les fruits de palme'. Ils allèrent et trouvèrent les fruits mûrs.

Lonkundo bondit de joie, il dit à Ilankaka : 'Voici, va m'appeler quatre femmes pour qu'elles aillent m'accompagner à l'assemblée. Toi qui restes ici, appelle Yonjwa pour qu'il coupe ces fruits des palme et prépare-les. Apporte-les-moi à l'assemblée l'avant-midi, que je les mange. Ainsi je me payerai la tête de ces gens-là'.

L'épouse prit quatre jeunes femmes et les fit se mettre en route pour accompagner leur mari à cette réunion. Après leur départ elle prit un couteau, appela Yonjwa qui coupa les fruits de palme et les découpa. Elle prit des ignames et d'autres aliments et les prépara. Elle invita une jeune fille qui les emballa dans une petite hotte et elles partirent, puis arrivèrent à l'assemblée et entrèrent dans une maison.

Lorsque Lonkundo vit son épouse, il tressillit d'allégresse et dit : 'Amis, celle qui vient là-bas n'est-elle pas comme la mère de mon ami' ? Ils regardèrent et dirent : 'Oui, fourre un cure-dents entre les dents' (36).

Lorsque Ilankaka se fut approchée Lonkundo envoya celles qui étaient venues avec lui : 'Allez accueillir votre tante'. Elles partirent et se chargèrent de la hotte. Elles vinrent et déposèrent la charge.

Lonkundo appela sa femme et lui dit en secret : 'Voici : délie d'abord le paquet d'aliments et quand les gens sont venus manger, délie le paquet des fruits de palme seulement après, entendu' ?

L'épouse acquiesça. Elle vint, mais elle n'avait pas encore délie un paquet qu'une jeune coépouse prit le paquet aux aliments et l'ouvrit. Les membres de l'assemblée mourant d'appétit et tout ébahis se jetèrent sur les mets et les mangèrent tous. La jeune fille délia également le paquet de fruits de palme ; les gens se ruèrent sur les fruits et les firent disparaître d'un coup.

Lorsque le patriarche vint il chercha la nourriture : rien ! Il se mit dans une colère terrible.

Ceux qui s'étaient jetés sur le mets et dur le fruits de palme les finirent et dirent : 'Comment ! patriarche Lonkundo, tu manges ces bons fruits de palme tout seuls ! Où les as-tu obtenus' ? Et ils léchèrent les feuilles avidement.

Ilankaka Etait toute ébahie. Elle alla se mettre à côté de son mari pour le calmer. Mais le mari se fâcha et la souffleta devant tout le monde. L'épouse dit : 'Comment ? Qu'ai-je fait ? Pourquoi me frappes-tu ? Je suis bien venue avec les aliments mais je ne les ai pas dépaquetés, ce sont les jeunes femmes qui les ont dépaquetés ; de quoi suis-je coupable' ? Là-dessus elle prit sa hotte et emballa tous ses effets pour partir. Lonkundo dit : 'Reste que je te dise quelques mots. Tu as enfreint ma loi, maintenant je vais enfreindre la tienne. Je vais dévoiler nos secrets réciproques'.


A- DE ROP - E. BOELAERT


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