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Publié par Samuel Malonga

En Angola, une grève lancée le lundi 28 juillet 2025 par le syndicat des transporteurs a dégénéré en une série d’émeutes violentes, notamment à Luanda, la capitale du pays. Initialement prévue pour durer trois jours, cette grève avait pour objectif de protester contre l’augmentation brutale du prix de l’essence, entrée en vigueur le 1er juillet. Le litre de carburant est passé de 300 à 400 kwanzas (environ de 0,33 à 0,43 dollars). Cette décision du gouvernement, qui s’inscrit dans une logique de réduction des subventions publiques, a provoqué une réaction en chaîne, entraînant la hausse des tarifs des taxis et des transports en commun, un coup dur pour la population déjà confrontée à une situation économique précaire.

 

La colère sociale couvait depuis plusieurs semaines, amplifiée par la dégradation du pouvoir d’achat et l’exaspération croissante face à la stagnation des salaires, le chômage de masse et l’inflation. Mais dès le premier jour de la grève, la situation a dégénéré. Dans plusieurs quartiers populaires de Luanda, les manifestations ont tourné à l’émeute. Des scènes chaotiques ont éclaté : pillage de supermarchés, destruction de commerces (souvent tenus par des étrangers), incendies de pneus, barrages improvisés avec des conteneurs, affrontements avec les forces de l’ordre. Des entrepôts et même des banques ont été pris pour cibles. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des manifestants en train de fuir avec des marchandises volées ou de tenter d’incendier des symboles du pouvoir, comme un panneau publicitaire à l’effigie du président Lourenço.

La réaction des autorités a été rapide, mais jugée brutale. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les foules. D’après le porte-parole de la police, le commissaire adjoint Mateus Rodrigues, quatre morts sont à déplorer, sans que les circonstances précises ne soient précisées, et environ 500 arrestations ont eu lieu entre lundi et mardi. Environ 45 commerces ont été vandalisés, 25 voitures privées et 20 autobus publics endommagés.

Les autorités de Luanda ont reconnu la gravité des événements, dénonçant des "actes d’intimidation", "de vandalisme" et "d’attaques contre les travailleurs et les biens publics et privés". Mais aucune mesure d’apaisement ou dialogue avec les grévistes ou la population n’a été annoncée jusqu’à présent.

 

L’association ANATA, qui représente les chauffeurs de taxi à l’origine de la grève, a clairement condamné les violences mais maintient l’arrêt de travail pour les trois jours prévus, renforçant la paralysie de la capitale. Les tensions ne se sont pas limitées à Luanda. La ville de Huambo, à 600 km, a également été touchée par des manifestations violentes et des pillages, indiquant un mouvement de colère national.

Plusieurs voix de la société civile ont réagi, dénonçant l’absence de réponse politique adaptée à une situation sociale explosive. Des groupes comme Human Rights Watch ont dénoncé l’usage excessif de la force par la police, notamment lors d’une précédente manifestation le 12 juillet. D’autres organisations ont condamné l’arrestation le 19 juillet de l’activiste Osvaldo Sergio Correia Caholo, considéré comme l’un des organisateurs du mouvement de contestation.

Dans une déclaration conjointe, des groupes de la société civile estiment que ces manifestations et violences sont le symptôme d’un malaise profond, lié à la dégradation constante des conditions de vie, au chômage massif, à la crise des services publics et à l’absence de perspectives pour la jeunesse angolaise. Le collectif Uyele a notamment averti : « Il est urgent de comprendre que nous sommes confrontés à un symptôme grave : l’épuisement social d’une jeunesse sans alternatives ».

 

Le pays, gouverné depuis son indépendance en 1975 par le MPLA, vit l’une de ses plus importantes mobilisations sociales depuis plusieurs décennies. Le président Lourenço, en poste depuis 2017, est de plus en plus critiqué pour son incapacité à réformer efficacement l’économie et à lutter contre la pauvreté, malgré des discours réguliers sur la modernisation du pays.

Samuel Malonga

 

 

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