GOMA
Le néo-colonialisme a-t-il vraiment triomphé ?
La sangsue ne s’était donc pas complètement détachée !
Les griffes du pilleur ont encore lacéré mon corps déjà épuisé
Moi Goma, victime de la main-basse des puissances occidentales
J’offre aujourd’hui au monde un spectacle d’injustice cruel,
Mon sol est humecté du sang de mes fils,
Vaillants héros, votre sacrifice ne sera pas vain !
Ce déni de justice a fait naître en moi un mélange de choc et de colère
Moi Goma,
Je contemple l’ironie de la communauté internationale,
Les actions valent plus que de simples condamnations,
Pourquoi ce deux poids deux mesures ?
Ne pas réagir serait une prime pour ces criminels !
Ma voix sera dénuée de toute politesse,
Ces actes pour eux sont une maladresse,
Pour moi Goma,
Ils sont un crime monumental !
Je crie à tous ces politicards
Qui ont enfourché le tigre,
Qu’est-ce qui a pu leur donner cette assurance démesurée ?
Certainement ces mercenaires qui se sont volatilisés par la suite,
Pour moi Goma,
Baisser les bras est une option inenvisageable ;
Leurs yeux sont ouverts sur d’autres horizons,
Sur moi ils sont aveugles,
Sans moi la carte du monde serait très certainement à refaire.
Qui a donné quitus à cette barbarie ?
Qui est l’incubateur de toute cette canaille ?
Si tant est que mon sous-sol est si convoité,
Venez, parlons-en !
Sachez qu’il existe un livre de souvenirs,
Toutes ces atrocités sont imprescriptibles devant l’histoire !
Comment un fretin peut-il battre une baleine ?
Quel sentiment nostalgique !
Serais-je devenu imperméable à la raison ?
Pour moi Goma,
La guerre contre ma terre est plus meurtrière que toutes les autres,
Une guerre de plus de trente ans aujourd’hui,
Une guerre de millions de morts,
Faut-il une goutte de sang de plus ?
Pour moi Goma,
Victime de la fascination de mes richesses,
Mais je ne supporte plus l’hypocrisie de cette communauté dite internationale,
L’aube du jugement
Va-t-elle se lever un jour ?
Indubitablement,
Puisque l’on récolte toujours ce que l’on a semé !
A ce jour, combien d’enfants de Goma manquent à l’appel ?
Ils ne répondront certainement jamais !
Non, je n’ai plus de larmes pour les pleurer tous !
Je ne puis feindre ce que je ressens,
Tous ces morts traduisent le silence de mes amis,
Mais aussi ma peine !
Lorsque ma voix est coincée entre la colère et la désolation,
Mes larmes sont les mots de ma peine,
J’ai dû ironiquement applaudir mes bourreaux,
Simplement parce qu’il n’y eut pas de vent debout en face !
J’ai compris qu’il existe deux facettes du droit international,
La première qui protège et défend l’envahisseur,
La seconde qui, réécrite bafoue les droits des opprimés !
Un nom, croix gammée !
L’outrecuidance de cet imposteur infâme
Cache la main du véritable agresseur de mon peuple,
Soustraire à nos regards l’action des multinationales,
Ce miséreux vassal qui a fait allégeance aux forces du mal,
Ces recéleurs éhontés,
Concluant des accords damnables,
Sans aucun remord pour ces innocents !
Aujourd’hui j’ai compris que cette hydre n’est qu’un arbre qui cache la forêt,
J’ai vu plusieurs fronts s’ouvrir contre moi,
La marche devient interminable,
Ceux qui étaient mes amis hier
M’ont insolemment abandonné !
J’ai cru en eux, leur donnant le bénéfice du doute,
J’ai compris qu’ils ont choisi leur camp,
Nul doute, l’ambition est réellement jumelle de l’ingratitude !
Gilles-Espoir Mahoukou-Samba