LE DERNIER ROMAN DE LOMOMBA EMONGO
L'AFFAIRE CONGO est mon dernier roman en date. Que mon lecteur respire les parfums de la terre et communie à la sagesse des travailleurs de l'humus toujours en phase avec les rythmes de la vie, telle a été mon ambition première. Voici que le livre va se révéler au final le carrefour des voies contradictoires qui tissent le destin de bien des peuples africains: l'État oppresseur de ses propres citoyens qui le lui rendent à la mesure de sa bêtise, la nostalgie des temps coloniaux par les plus fiers de nos indépendances, les allégeances changeantes des nageurs en eau trouble qui pourtant parviennent à tirer leur épingle du jeu... L'AFFAIRE CONGO, c'est tout cela et davantage que cela, qui a attiré l'attention du Festival du livre africain de Brazzaville.
Lomomba Emongo
Par Marie Alfred Ngoma
Entre autres ouvrages exposés au Pavillon africain, zoom sur le roman du Congolais Lomomba Emongo, paru aux Editions Présence Africaine.
Avec une verve qui ne fléchit pas, l'auteur nous raconte cette odyssée peu banale. Déjà, pour ses personnages dans le roman, il étonne par ses choix. Celui à qui il attribue le nom de Congo est une chèvre : le personnage central et muet de ce roman mené tambour battant avec humour.
Les autorités l'envoient, avec tout le bétail du village, dans la capitale pour y être vaccinée. Son propriétaire, l'ancien combattant Moyen-Orient ou 40-45 entreprend de la récupérer, aidé par son fils. Que peut le malheureux Moyen-Orient, vieux et perclus de rhumatismes contre l'État congolais ?
A travers " L'Affaire Congo", se déroule sous les yeux du lecteur une fresque truculente des réalités du terroir congolais, campée dans l'une des plus sombres époques de la République démocratique du Congo. Ses personnages hauts en couleurs ne cèdent en rien aux contrastes saisissants qu'il dévoile, entre la réalité locale et le projet de société de l'État moderne.
Pour dire le moins de la confrontation du vécu quotidien ancré dans la sagesse ancestrale avec certaines exigences de la modernité venue d'ailleurs. Sans doute ne s'agit-il, sur fond de tiraillement de l'être congolais, que d'un roman de la terre rythmé par des traditions immémoriales, des joies de vivre toutes simples, la pratique des valeurs d'hospitalité, de solidarité...
Source : Les dépêches de Brazzaville