Ces dames que la chanson a immortalisées
CES DAMES QUE LA CHANSON A IMMORTALISEES
La femme est le centre autour duquel gravitent les chansonniers congolais. Seule, elle détient le monopole des compositions musicales qui garnissent la phonographie rdécienne. La grande complicité qui existe entre l’art et la gent féminine est indissociable. Depuis Adam, La femme est l’objet d’une grande fascination et donne lieu à toutes les sollicitudes. La singularité de cette gracieuse créature est qu’elle procure un certain lustre à l’existence de l’homme dont il nourrit les fantasmes.
L’auteur-compositeur congolais a étalé dans ses textes tous les contours de l’amour, décrit toutes les subtilités de la vie de couple et peint l’âme de la femme dans tous ses états. Il l’a honorée et encensée mais aussi vilipendée en dénonçant ses travers. La femme qui fait la part belle dans la thématique traditionnelle exploitée par l’artiste-musicien est tour à tour la mère, l’épouse, la maîtresse, la copine voire la fille aimée. Si la maman est toujours ennoblie, le papa est par contre le grand oublié de la chanson congolaise. Le rôle majeur qu’il joue n’a jamais été mis en l’honneur. Triste revers pour une personne qui pourtant est le socle même de l’assurance familiale.
Avec les atouts physiques que dame la nature lui a donné, la femme est la source d’inspiration privilégiée de l’artiste. Grâce à sa mainmise sur l’art d’orphée, l’auteur-compositeur s’y abreuve en tout temps, y fait référence car obsédé par la poésie qu’elle répand à travers son élégance. Pour cette créature attirante et mystérieuse à la fois, la chanson congolaise a consacré ses plus belles mélodies, écrit ses textes les plus romantiques, gratté ses riffs les plus envoûtants et gravé ses rythmes les plus suaves. La chanson congolaise est en général un culte à la femme.
La discographie de nos artistes-musiciens est parsemée des titres dont plusieurs sont des noms des femmes. Certains de ces patronymes sont entrés dans le langage courant (Beloti, Maze, Kiyedi, Mansanga). Comme on ne sait énumérer toutes ces muses qui ont hanté la vie sentimentale de nos artistes, voici l’ébauche de quelques dédicaces célèbres de la chanson congolaise.
- Marie-José Kenge alias Majos
Copine de Luambo Franco. Elle rompt avec l’artiste de façon inattendue. Dans sa tristesse et dans son chagrin Franco écrit quelques chansons pour ce désaveu. Au plus fort de leur amour, le futur Oncle Yorgho a même offert un calypso à la fleur de ses pensées (fololo ya mabanzo).
Dédicaces : Kenge okeyi elaka te (1957), Mamy Majos (1958 ), Majos nakeyi (1958), Nabimisaki yo na miso ya bato (1959).
- Ana Mokoy
Dans cette chanson écrite en kiyanzi, Rochereau honore sa tante, la mère de Roger et Faugus Izeidi. Il utilise le patois afin que l’intéressée comprenne mieux le message. Dans ce titre sorti en 1966, l’artiste d’ébène s’adresse à la grande dame en ces termes : « Te ben me a be lel oh Anna Mokoy ya oh oho oh Anna Mokoy ya oh oho Anna Mokoy ya oh oh, ena a nga sa bi a mwor, nde akwa nde oh me o lal mea katiene e nke eh eh, me nker aba ta ndier eh. »
- Jarya
La belle histoire commence dans la capitale économique du Congo Brazzaville. Les Grands Maquisards qui ont conquis toute l’Afrique centrale livrent des concerts à Pointe-Noire. La rencontre entre Dalienst et Jarya captive toutes les passions et toutes les attentions. La muse foudroie le cœur de l’artiste. L’idylle tient toutes ses promesses. Kinshasa a attendu avec impatience l’arrivée de la belle Ponténégrine.
Dédicaces : Jarya (1970), Beneda (1974), Jarya II.
https://www.youtube.com/watch?v=7NaMB_tMUAk
- Thérèse Mavata
Ya Ntesa fait sa connaissance après avoir tourné la page de déception amoureuse écrite dans sa vie sentimentale par la Ponténégrine Jarya. Une chanson est écrite pour marquer les fiançailles qui durent trois ans. C’est en 1974 qu’ils se marient. Le couple a 4 enfants dont Christelle Ntesa plus connue sous le sobriquet de Christy Lova. Elle a repris le flambeau de son illustre père.
Dédicaces : Mavata (1972), Bina na ngai na respect (1981)
- Mama Niondo
Dans sa détresse, le fils écrit un texte pour honorer la mémoire de sa mère disparue. Celui qui est encore Jules Presley peint sa tristesse dans un tableau où il étale sa douleur au grand jour. Des années plus tard, il va adresser à sa maman des paroles d’un enfant épris d’amour dans une chanson où mélancolie et tendresse se mêlent.
Dédicaces : Liwa ya somo (1973), Mama (1997).
- Even
Après avoir étalé dans Merci maman la grandeur de l’amour qu’il porte pour sa mère, Alphonse Ntaloulou des Bantous se rappelle de la fille qu’il a rencontrée pendant ses vacances. Les beaux moments passés ensemble inondent ses pensées. Cette présence envahissante inspire un texte qu’il couche comme pour prolonger leur idylle. La chanson du souvenir va immortaliser la belle Even afin de se rappeler de cet être fascinant connu dans les coulisses de la vie.
- Salima
Lorsque Michelino quitte l’Afrisa International de Tabu Ley, il est accueilli à bras ouvert par Luambo dans l’OK Jazz. Mavatiku fait son entrée fracassante dans ce groupe en se distinguant par l’écriture de la chanson Salima en 1976. Succès garanti. Le titre est dédié à une belle jeune femme de Bandal : Salima Nelly.
- Bakutu
De la part de son amoureux, cette dame a eu droit à une série de chansons portant son nom. La trilogie musicale de Djo Maly Bolenge commence alors que l’artiste est encore dans Zaïko. La suite continue dans Langa-Langa Stars dans deux diverses versions. Le titre a connu un succès fulgurant
Dédicaces : Chérie Bakutu (1980), Bakutu (1981), Bakutu bis (1982).
- Mamie Mbula
C’est la fille que Pépé Kallé appelait affectueusement La Princesse, sûrement parce qu’elle portait le nom de sa mère. La chanson est écrite lors d’un séjour à Paris en 1986. Mbula restée au pays avec sa mère est pleine de chagrin à l’absence du père. Mis au courant, Pépé Kallé lui dédie ce titre en souvenir de ce voyage européen qui l’a sevré de sa fille bien aimée.
- Pierrette Biya
Elle est l’épouse du Grand Ninja. Madilu System n’a pas été avare d’éloges pour celle qui partageait sa vie depuis l’époque où il n’était pas encore un des noms grands de la chanson congolaise. Elle l’appelait Mère Fondation. Outre son épouse, Madilu a aussi dédié une chanson à sa fille Magali en 1989.
Dédicaces : Destin (1989), Femme légitime (2001)
SAMUEL MALONGA