Adieu maître Godjila
Veghel est une paisible bourgade de près de 40.000 habitants située dans la province du Brabant aux Pays-Bas. En cette journée du 20 novembre 2018, la quiétude qui a toujours caractérisée cette commune est brusquement secouée par une tragédie digne des films d’Hollywood. Agonisant, un homme gît à terre dans une marre de sang. Il est entouré par une meute de secouristes et de policiers qui éloignent les curieux hors du périmètre de sécurité. Il vient d’être poignardé dans son propre domicile par un jeune homme qui louait une chambre chez lui. Ce monsieur qui est entre la vie et la mort n’est autre que maître Godjila.
Le Drame
Il est difficile de dire ce qui s’est réellement passé ce jour fatidique. Jusque-là, la police est avare de commentaires surtout qu’il n’y a pas de témoins. Mais grâce à l’ami que Godjila a appelé quelques minutes avant le drame, nous pouvons avoir une idée du déroulement du meurtre. Connaissant l’homme et son passé de sportif, l’assassin ne faisait pas le poids dans une bagarre normale. C’est sûr que le forcené avait surpris Godjila alors qu’il somnolait dans le canapé. Profitant de son sommeil, il le poignarde mortellement en lui assenant 12 coups de couteau dont quatre ont été profonds et fatals. Malgré la douleur et la perte de sang, Godjila dans un effort surhumain, réussit à sortir de la maison avec un couteau planté dans le corps. Les voisins s’émeuvent à sa vue et donnent l’alerte. La police est vite arrivée sur les lieux. Elle réussit même à capturer l’assassin dans sa fuite. Les pompiers tentent vainement de le réanimer. Godjila ne survivra pas à ses blessures. Il meurt 21 jours seulement avant ses 56 ans.
L’assassin
L’homme qui aujourd’hui est derrière les barreaux pour homicide est un jeune homme que maître Godjila logeait chez lui comme locataire. Il s’est fait passé pour un Grec mais il semble qu’il soit plutôt Polonais. D’autres disent qu’il est Jordanien. Les deux hommes étaient à couteaux tirés. Selon certains, il aurait promis à maître Godjila qu’il le tuerait un jour et s’enfuirait dans son pays d’origine. Émile Nsona avait donc laissé entrer un loup dans la bergerie. Il n’a pas tenu compte des menaces qui lui avaient été proférées et a préféré lui pardonner. Peu de temps seulement avant le crime, comme le montre cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=u_Gee9oHYs4 , on voit le jeune européen danser au son du tambour que Godjila a acheté pour son église. Quelques jours plus tard, l’homme va assassiner de sang froid celui qui l’a hébergé. Il va le poignarder sans pitié avec l’intention formelle de donner la mort. Un acte prémédité !
Qui était maître Godjila ?
Né le 11 décembre 1962 à Kinshasa, sous le nom d’Émile Nsona. Il prend le nom de guerre de Godjila lorsqu’il se lance dans le sport de combat. Ce pseudo, il l’a emprunté au légendaire yanke qui a écrit son nom sur les sombres pages du banditisme de l’histoire de Kinshasa. Émile embrasse d’abord la boxe mais très vite il passe au karaté. Le jeune homme se cherche encore. Il laisse le self défense pour embrasser la lutte. Mais c’est dans le catch qu’il se fait un nom avec comme entraîneur maître Tshite dans le Club Mukomboso. Il livre plusieurs combats dans la salle des Anciens combattants à Kasa-Vubu, mais aussi à Bandal, à Ngiri-Ngiri, à Lingwala et dans la commune de Kinshasa. Devenu sportif aguerri, il crée son propre club qui porte le nom de Mukomboso comme pour honorer le coach qui l’a formé.
Adieu maître Godjila
Le samedi 1er décembre, sa famille entourée par une foule nombreuse d’amis et d’anonymes venue de plusieurs villes et hameaux de Hollande, de Belgique, de France et de Suisse ont conduit maître Godjila dans sa dernière demeure. Il repose désormais et pour l’éternité dans la petite ville de Veghel qui l’a accueilli et où il a vécu des années durant. https://www.youtube.com/watch?v=3e6i2MVVi-o.
Samuel Malonga