LE KIKONGO ÉCRIT PAR DES MISSIONNAIRES
LE KIKONGO ÉCRIT PAR DES MISSIONNAIRES.
.Le père Edmond Boelaert, (1899-1966), le grand grammairien du lomongo, qui a vulgarisé l'épopée Nsong'a Lianja (photo extraite de la revue Eaquatoria)
.
Pour compléter notre article “NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DU KIKONGO”.Je voulais lever une équivoque en apportant un éclaircissement sur la correction faite par nos frères Samuel Malonga et Pedro vis à vis du public lecteur NON MUKONGO.
Peut- être que certains pourraient trouver louche comment les frères peuvent corriger un Missionnaire soit-disant Professionnel. Supposant que le livre fut écrit par un Missionnaire.
Ici il faut comprendre que ce sont pas les Missionnaires qui ont appris le Kikongo aux Bakongo. NON ! Ce sont les Bakongo qui ont appris le Kikongo aux Missionnaires.Et après avoir appris , étant des Intellectuels ,leur souci était de rendre ce KIKONGO PARLER plus Classique ,écrit ,avec grammaire et le ré-enseigner d’une manière classique comme dans les autres Langues (Portugais, Français, Anglais…).
D’où viendra la nécessité d’un Livre ou des livres de Kikongo ?
Mais il ne faut pas oublier la déclaration de notre frère Pedro : “Il faut signaler qu’il s’agit du kikongo courant, c’est-à-dire tel qu’il se parlait autour des auteurs du livre.”
En d’autres termes les Missionnaires écrivaient tel qu’ils comprenaient et parlaient entre eux. Après avoir appris aux Autochtones Bakongo.
Alors moindre erreur dans la compréhension et dans le Parler, cette erreur se transmettra aussi par écrit.
Les Paroles s’envolent et les écrits restent.
1-QUELQUES EXEMPLES
1º-Si vous allez dans le Bas- Congo, en passant par certains lieux dangereux du chemin de fer, vous allez lire “NZILA NZIKU” en PANCARTES de FER DUR. Mais pourtant c’est “NZILA NSIKU” (Route interdite). NZILA=Route, NSIKU= interdit(e).
Jamais un Mukongo dira “NZILA NZIKU” pour désigner un passage interdit.
Ces inscriptions en fer existent encore jusqu’aujourd’hui, prévenant la population d’un passage interdit dans un lieu dangereux où il y a manœuvres des trains, soit passage d’apparition brusque d’un train.
2º-Un deuxième exemple: Stanley était un homme dur vis-à-vis des autochtones rebelles, têtus, indisciplinés….On le surnomma “CASSE PIERRES” (soit CASSEUR DES PIERRES). Donc un dictateur cassant la résistance d’un autochtone comme on casse une pierre.
Alors les Missionnaires l’appelaient en Kikongo “BULA MATARI” pendant que les autochtones Bakongo disent jusqu’aujourd’hui “BULA MATADI” (BULA=Frapper, casser…, MATADI=les pierres). Jusqu’aujourd’hui encore les Bakongo appellent tout Gouvernement “BULA MATADI” À L’HONNEUR de Stanley. D'autres déforment en disant "MBULA MATADI", mais la vraie appellation est "BULA MATADI". Puisque tout Gouvernement est prêt à prendre la décision sur qui que ce soit , cassant et disciplinant les rebelles, les indisciplinés.
Jamais un Mukongo appellera les pierres “MATARI”.
3º-Un Troisième exemple :
En arrivant au Royaume du Kongo, Le colonialiste ou missionaire Portugais se présentait en Portugais comme “PORTUGUÊS” (prononcez “POURTOUGUEJ”). Donc en Français, un Portugais .
Nos vieux Bakongo, sous l’influence de Kikongo les ont appelés “MPUTULUKEZO”. Alors ces Blancs appelés MPUTU LUKEZO portaient des souliers aux pieds (soit sandales). Ceci n’était pas une habitude des autochtones BAKONGO qui étaient souvent pieds nus. Alors quand certains demandaient, ce quoi ça ces choses aux pieds ? Les vieux répondaient “ NSA A MPUTU” (Habitude DE MPUTULUKEZO, aujourd’hui on dirait Habitude de l’Europe). NSA =HABITUDE, MPUTU=MPUTULUKEZO soit Europe aujourd’hui. Puisque ce terme MPUTU, POTO en Lingala, désignera plus tard l’Europe.
C’est qui explique que c’est une habitude des Européens de ne pas marcher nu pieds.
Les Bakongo ont dit “NSA A MPUTU”, les portugais ont compris “SAPATO”. Jusqu’aujourd’hui le mot SAPATO est entré dans la langue Portugaise. Puisque Souliers en portugais est “CALÇADOS” (pas SAPATO).
Jusqu’aujourd’hui encore les Portugais disent “sapato”(prononcez “SAPATOU”) et les Bakongo disent “NSAMPATU” qui est une combinaison de NSA A MPUTU et SAPATO .
2-AUTRES CORRECTIONS
À côté des premières corrections apportées, je voudrais ajouter les suivantes:
1º-Dans la première Partie (1-Le vocabulaire usuel du kikongo)
Ouvrir | Ziula ou zibula comme l’a dit Sam. Pas Zuyula |
La chaise | Kunda ou kiandu (kiti vient du lingala) |
Compter et calculer | Tanga, pas ntalu |
Nombre | Ntalu (pas un verbe) |
2º-Dans la Troisième Partie (3.QUELQUES ADJECTIFS COURANTS EN KIKONGO)
Désobéissant | Mu nkondua nzitusu, pas Nkwa nsita |
Furieux | Nkwa nsita, parlant d’une colère mélée à la haine |
Fâché (colère normale, passagère)) | Wa fwema |
Colérique (qui se fâche souvent) | Nkwa nganzi, ou nkwa makasi |
Fort (force physique) | Nkwa ngolo |
Violent (brute) | Nkwa ngolo ngolo |
3-COMPARAISON DSNA LA COMPOSITION DES ADJECTIFS VIS À VIS DU KIKONGO ORIGINAL DE SAN SALVADORA
Vous allez constater que notre frère Samuel Malonga commence sa correction sur cette phrase : “Le kikongo dans sa version ndibu. Il y a lieu de porter quelques corrections”
Le Kikongo après dispersion a subi des déformations. Mais les bases sont les mêmes. C'est ce qui permet aux Bakongo de s’entendre bien malgré l’influence du changement du milieu.
C’est comme dans d’autres langues, on peut avoir un Français français, un Français belge ,un Français canadien…Un Anglais Britannique, un Anglais américain, un Portugais portugais , un Portugais brésilien…etc.
Raison pour laquelle il faut différencier une CORRECTION et une COMPARAISON. IL y’ a CORRECTION quand c'est sorti des bases générales du Kikongo. Et comparaison, s'il s'agit d'une forme parlée utilisée d'un lieu à l'autre en rapport avec le kikongo original.
Le Missionnaire lui se limite seulement au Kikongo parlé des Autochtones selon le lieu où il a vécu, les tendances du milieu et les nuances de sa propre langue comme l’a fait remarquer Pedro.
De ma part aussi j’ai remarqué ;
Une petite différence dans la composition des adjectifs en rapport avec le Kikongo original de SAN SALVADOR (MBANZA KONGO actuel):
-En général le kikongo San Salvador utilise le “A” pour former le pluriel.
Comme :
Les cadets | Aleke |
Les jeunes | A matoko |
Les mamans | A kimama |
Les vieux | A mbuta |
Les joyeux | A kwa kiese |
Les souffrants | A nkwa mpasi |
Mais au singulier :
1º-Soit il n’y a pas de “A”,
exemple :
content | Kiese ou nkwa kiese |
Jeune | Toko |
Triste | Kiadi |
Égoïste | Muimi |
Malpropre | Doti , quand on se réfère à une chose, un lieu…les selles et excès de saleté |
Vieux | Nkaka, mbuta |
2º-Soit on utilise “NKWA”
En bonne santé | Nkwa vimpi |
Doux | Nkwa malembe |
Instruit | Nkwa ngangu |
Mécontent | Nkwa Nkenda |
Malpropre | NKwa doti, quand on se réfère à 1 personne |
Orgueilleux | Nkwa lulendo |
Souffrant | Nkwa mpasi, dans le sens de misérable |
3º-Soit “WA”
Guéri | Wa yeloka ou wa sasuka |
Humble | Wa sakalala |
Présent | Wa kalavo |
Debout | Wa telama |
Couché | Wa lambalala ou wa leka |
Méchant | Wa mbi ou muntu ambi |
Malade | Wa yela |
Absent | Wa kondua ou wa kondelo |
4º-Soit “N”
Cadet | N’leke |
Calme | N’lembami |
Distrait | N’fua diya |
Absent | N’kondua, dans le sens de grand manquement |
5º-Soit "MU"ou “M”:
Irrespectueux | Mu nkondua zitu |
Désobéissant | Mu Nkondua nzitusu |
Triste | Mu kiadi |
Mécontent | Mu nkenda |
Souffrant | Moni a mpasi ou M’boni a mpasi, dans le sens des difficultés, maladie par exemple |
N.B:
Dans le cas oú le Missionnaire a tiré ces “A” au singulier chez les autochtones locaux .il s’agit d’un Kikongo apès DISPERSSION du Royaume KONGO.
Si ce n’est pas le cas , alors ça devient une autre erreur du Missionnaire.
Tout dépend du peuple de ce lieu oú le livre a été écrit ,si réellement ces Bakongo de ce lieu- là utilisent le “A” au singulier dans leur Kikongo parlé.
C’est um Mbokatier Mukongo qui a vécu ou qui vit dans cette contrée là qui peut nous donner la précision.
LUSED