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Publié par Samuel Malonga & Albert Maketo Mbumba

Le parler kinois

Références :                                                                                                             https://www.mbokamosika.com/article-mots-nouveaux-significations-nouvelles-73572518.html

 

https://www.mbokamosika.com/2014/07/l-apport-du-cinema-et-autres-dans-le-lingala-parle-par-les-kinois.html

 

Le lingala de Kinshasa qu’on peut aussi appeler " le kinois " est une langue qui a évolué à sa manière. Lentement mais sûrement, il s’est débarrassé de certains caractères hérités de son lointain ancêtre venu tout droit de Makanza dans l’Équateur. Il a revêtu des habits neufs dans son nouveau lieu d’attache. Devenue langue citadine, le lingala s’est créolisé au contact des diverses tribus qui se sont croisés dans ce melting-pot qu’est Kinshasa. On y remarque une grande influence du kikongo et du français. La mégapole a métamorphosé son accent, son orthographe et son vocabulaire. Créatif, la jeunesse kinoise a participé à son enrichissement par l’invention des mots nouveaux qui se sont incrustés dans l’usage quotidien des locuteurs de la capitale. Certains vocables ont disparu tandis que d’autres ont résisté à l’usure du temps. Des listes de ces mots d’obédience kinoise sont dressées. Pour faciliter la prononciation,  des accents ou des trémas sont utilisés alors qu’en réalité, ils ne sont pas d’usage en lingala. L’écriture de certains mots ne semblant pas évidente, une orthographe particulière a été employée pour faciliter la lecture.

 

Le hindou bill

Les yankees avaient terrifié certains quartiers de Kinshasa entre 1960 et 1967 avant d’être réduits au silence par les autorités publiques. Fumeurs de chanvre et bagarreurs invétérés, ces voyous d’autrefois ont sans le savoir joué un rôle important dans l’enrichissement du lingala. Sous l’influence du chanvre et à la cadence du "Wele ngingo", leur chant de ralliement,  ils y ont incorporé des mots parfois insolites dont l’usage était souvent interdit en famille. Leur lingala s’appelait hindou bill. Parler comme un délinquant devant les siens était mal vu par les parents. Petit à petit, plusieurs de ces mots autrefois censurés se sont glissés dans le langage courant et sont devenus normaux. L’argot est sorti de la vulgarité pour faire son entrée triomphante dans le parler ordinaire kinois. Faisant suite à l’époque mouvementée des yankees et de leur hindou bill tant décrié, d’autres vocables encore plus nombreux sont venus s’ajouter. Les Kinois ordinaires ont mis la main à la patte. Tous ces nouveaux mots inventés ça et là, sont passés de bouche à oreille et se sont répandus comme une traînée de poudre dans toute l’étendue de la ville-province au grand bonheur de tous  les lingalaphones qui y habitent.

 

litch

chemise

nséngé

riz

madeblo

haricot

damage

nourriture

futu, waya

mensonge

wayeur

menteur

mvaï

travail

kodié, kobendana, kogazé

partir, s’en aller

kogazé moto

reprocher quelqu’un

kotia moto na tout droit, n’esika na ye

parler sans langue de bois

ngembo

spectateur qui suit le spectacle dehors

kodamé

manger

nzélé, merenge, tapa, ndjukul,momi, nzazi

copine, épouse

kobeta, kofakola

voler

fakua

voleur

duma, dumar

chikwangue

makanzénzé

poisson salé

tshakaï, matchika

thé

payine

pain

badi

foufou

palais, ghetto

maison

nsul

souliers

kodamblé

bien s’habiller

mbati

pantalon

bok, mbenda

bière

koboké

consommer de la boisson alcoolique

ekala

bar, débit de boisson

ata niéré

tôt ou tard

ntshik

école, classe

kobeta buku

étudier

bitchatcha

écolier qui fait l’école buissonnière

kobuka bic

décrocher, interrompre les études

kolia ebende

soulever des altères

ndulé

musique

nduliste

artiste-musicien

merbal, moro, djo moro

maman, mère

poro, djo poro

papa, père

gamtor

guitare

djo

mec, jeune homme

lar, dimi, likonda,lokotro

argent

petite

jeune fille

mbendre, yuma, nkebele, bandayes, mobobé

peureux, homme dépourvu de force physique

mapeka, muvila

villageois

mvuandu

riche

mopao, mvuama

patron

sec

secrétaire

kitubu, flamingo

maison de passage

moprezo, prezo

président

mofiti

traitre

mbila, waya-waya

policier

nkuaf

coiffure

pasta

pasteur

evan-jo

évangeliste

nsanda-nsanda

sandales

miaram, mia

faim

musuni ya Bata

babouches

ntchofa, mopila

chauffeur, conducteur

limba

carburant (essence, mazout)

kodonké, kosala looking

tricher en classe

bidonka

tricheur

chimbok

cigarette

nua, tuaya, tize, lopipi, likéké

chanvre

konualé

fumer du chanvre

nualeur

fumeur de chanvre

kobatré, kofolé, kobeta meeting, kotia litoyi

séduire, baratiner une fille (femme)

mudinda, mukadi

sous-vêtement

mpiaka

être dépourvu financièrement

mpiakeur

quelqu’un qui n’a pas d’argent

balado

bandit, malfaiteur

chegué

enfant de rue

kuluna

bandits des quartiers défavorisés de Kinshasa

kopédalé, kodayé, kolia pawu

mourir

kosimbisa moto touche

culpabiliser quelqu’un

kisambeth

coup de pied

kamo

gri-gri censé donner de la force physique

levam, double patte, double,

utiliser son pied pour faire tomber quelqu’un

kosekama

s’asseoir

kofazé

dormir

ngol

sommeil

rondo, duku

grossesse

korondoné

rendre une fille enceinte

koleka moto, kobaré moto

assassiner, tuer quelqu’un

Miguel, Nord

Europe

mutu train

chef de file

komonela moto

humilier quelqu’un

Z

Zaïrois

Lia-Lia

Congolais de Brazzaville

Ndingari

Sénégalais

gua / gwa

gri-gri

bolith

coup de poing

mwana mayi, moto, oncle, elombe

mon pote

kozala na niama

être atteint du sida

kolia coin, coin, muisi

s’enfuir

kobatama

se cacher

ligablo, ligal

boutique

songeur

radoteur

bulawayo, bula

prostituée

balle perdue, balle

fille légère

kolia lisango

chanter devant un micro

kobeta sabot, football, kosuta

négliger, abandonner quelqu’un

nsor, solodiongo

sorcier

korejambé

résister

tout mopia, tout nkunzu, mombamba

quelque chose de neuf

kosala canaille

poser expressément un mauvais acte

bloc ya Boma

clé boa

kopakola mutu poudre

rependre du sable sur la figure de l’adversaire renversé

koniata mine

contracter le virus du sida

kozala mystique

être compliqué, bizarre, drôle

mukonfia

personne de confiance

kobeta kara, kobeta in-ndif

éviter quelqu’un

kozala kolo, faux mutu

être mauvais

modega

col de la chemise

kadafi

vendeur ambulant d’essence

grand-prêtre

personne qui mérité honneur et respect

tshombo

téléphone portable

djime-djime

agent de la JMPR

 

 

Le football

Sport-roi, le football est le seul sport qui possède beaucoup de mot en lingala. Au fil des rencontres et des années, les amoureux du foot se sont mis à la rude tâche de mettre un terme générique approprié pour qualifier telle action, tel geste technique, telle tactique, telle faute. Le lingala du football absorbe bien des mots de la langue de Molière. Il peut se vanter d’être sur le même diapason que le français ou l’anglais dans ce domaine. Les termes ainsi trouvés sont surtout employés dans la cité pendant les discussions animées qui suivent un derby ou un classico. Les reporters des médias officiels n’en font presque pas usage.

 

kopola

perdre

kokata duma, nzadi

manquer de reprendre la balle

kosopa

dribler

tshobo

petit pont

kata-tête, perruque

grand pont

nzoplo

plongeon

bikumu

anti jeu, jeu brutal

match bikumu

match dominé par la brutalité

dada

jonglage  (spécialité de Fifi Nzuzi)

à nous

remise en jeu, touche

fouteur

celui qui ne sait pas jouer au foot

sété

joueur  qui pour la plupart du temps reste sur le banc de touche

giza

balle qui frappe la transversale ou l’un des poteaux latéraux avant d’entrer dans les filets

ambassadeur

fanatique zélé reconnu qui harangue les siens pour encourager l’équipe sur le terrain (spécialité de V.Club)

comité de recherche

membres dirigeants d’une équipe qui cherchent en permanence les meilleurs  féticheurs susceptibles de faire gagner l’équipe

laboratoire, labo

lieu où le féticheur fait ses incantations mystiques ; fétiches

jeu des jambes

drible consistant à faire passer le ballon d’une jambe à l’autre (spécialité de Manu Kakoko)

muf/mouf, feinte

mouvement du corps qui fait tomber l’adversaire (spécialité de Saïo Mokili)

virgule

balle shootée qui fait une trajectoire courbe (spécialité de Ricky Mavuba)

barre-poteau

gri-gri censé protégé les perches pour ne pas encaisser des buts

kokanga mbrusu

amortissement avec le pied d’une balle aérienne dont le contact avec le sol la fait vibrer

pratique

technique consistant à contrôler avec le talon une balle lancée par le dos (spécialité de Ngunza Tchang Laï)

barami

action du gardien qui consiste à faire tomber l’adversaire pour l’empêcher de shooter (non sanctionnée à l’époque)

 

 

L’apport des Kinois d’Europe

Dans les années 70, les Congolais (surtout les jeunes de Kinshasa) ont commencé à s’installer en masse en Europe. Les premières vagues sont arrivées en Belgique et en France. Plus tard, la diaspora congolaise s’est agrandie avec des communautés en Suisse, Allemagne, Hollande et Royaume-Uni. Se trouvant à l’étranger, les Congolais ont fait face à des situations inédites et inattendues. En bute à des réalités nouvelles dans leurs pays d’accueil et en quête de vie, les Euro-Congolais autrefois Kinois se sont adaptés au mode de vie occidental sans renier leur culture. Leur situation d’expatriés combinée au contact avec des peuples divers donnent naissance à plusieurs mots nouveaux et expressions neuves. Malheureusement, certains de ces vocables ne sont utilisés qu’en Occident car quasi inconnus en RDC.

 

kobo

personne de race noire

mvunzi

personne de race sri-lankaise

Soso

Somalien

Ninja

Nigérian

Ghana-Ghana

Ghanéen

Mundibu

Arabe

kobuaka ngunda

demander l’asile politique

ngundeur, ngunda

requérant d’asile

dièze, kindoki

demande d’asile

kobeta nguma

frauder dans un bus, tram, métro, train

pimbo

drogue

mulé

semoule

ndako ya poids

habitation squattée

chekula, kobeta kula

chèque trafiqué, opération bancaire frauduleuse

lubuaku

prison

kolia mbala

être en prison

kozala na mitu ebele

avoir déposé plusieurs demandes d’asile

libanga, caillou

travail

kobeta libanga, kobeta caillou

travailler

kozua kuenda, kotindika

être refouler, être rapatrié de force

komona mbila

se retrouver au pays après avoir été refoulé

doc

permis de séjour

 

 

Mots apportés par la musique

La musique congolaise n’est pas en reste. Les artistes-musiciens ont dans l’exercice de leur métier mis à jour des dictons qu’ils ont utilisés dans leurs compositions. Ces noms propres ont pris une signification nouvelle dans un contexte bien particulier. La majorité de ces mots sont des titres des chansons qui ont récolté un franc succès auprès du public. Certains artistes-musiciens ont même vulgarisé des vocables ou expressions dormant. Leurs noms sont mis entre-parenthèses.

 

sebene

partie instrumentale et dansante d´une chanson

mabanga

dédicaces

mario (Luambo)

gigolo

kiwelewele (Tabu Ley)

vagabond, faible d'esprit

semeki kinsekua (Champro King)

beau-frère volage qui court après sa belle-sœur

deuxième bureau (Lokombe)

concubine

tuba-tuba (Lutumba)

racontars

radio-trottoir (Lutumba)

commérage

mobali ya ga (Sam Mangwana ?)

mari capable

mazé (Tabu Ley)

billet de 50 zaïres

kiyedi (Dino Vangu)

billet de 10 zaïres

mukarame (Jhonny Bokelo)

mon épouse

être cadavéré (Zao)

être mort

kobala misère (Mayaula)

épouser un mari pauvre

boma l’heure (Luambo)

passe-temps (relation amoureuse basée sur l’intérêt)

 

 

Vocabulaire du dandysme

Le courant vestimentaire qui s’est développé dans les années 80 dans les deux Congo avec l’apport de Papa Wemba, Stervos Niarcos, Djo Ballard et les autres s’est appuyé sur la chanson pour véhiculer son crédo. Le lingala étant la langue de la musque congolaise moderne, l’art de bien s’habiller y est passé avec son lot de mots pour se vulgariser. Le dandysme kino-brazzavillois a marqué le lingala de son emprunte. Son vocabulaire nourri par les couleurs et les styles vestimentaires divers accompagne l’habillement adoubé par la haute couture.

 

mangokoto (Papa Wemba)

geste de ralliement

kobaka forme

vanter la tenue portée en gesticulant

sape

art, philosophie de bien se vêtir

être bien sapé

être habillé comme un sapeur

kitendiste, sapeur

celui qui s’habille BCBG

griffe

timbre en étoffe reprenant le nom d’un couturier

sapologie, religion kitendi (Stervos Niarcos)

doctrine basée sur le port des vêtements onéreux cousus par les grands couturiers

sapologue

adepte de la sapologie qui se bat pour la distinction du meilleur sapeur

bien sapé, bien rasé, bien parfumé (Emeneya Kester et Djuna Djanana))

cri de ralliement

forme, kitendi (Stervos Niarcos)

vêtement cousu par des couturiers de renommée internationale

enfilage, koréglé mbati

manière particulière de serrer la ceinture d’un pantalon

 

Le lingala kinois s’est beaucoup métamorphosé pendant les cinquante dernières années. Il a connu des influences tant internes qu’externes. D’une langue cantonnée dans un coin perdu du Congo, Kinshasa lui a donné la dimension et l’étendue de sa taille. Chaque décennie, des mots nouveaux voient le jour. Quelque part, dans une commune kinoise nait un dicton nouveau. Beaucoup de ces inventeurs ne sont forcément des intellectuels bardés de diplômes car le lingala est une langue ouverte qui invite ses locuteurs à l’enrichir qu’on soit lettré ou pas. C’est le patois du petit peuple comme le français est l’affaire des intellos. Ne manque qu’une institution linguistique pour normaliser sa perfection, sa structuration et son orthographe, car l’écriture de certains mots relève de l’impossible.

 

Samuel Malonga & Albert Maketo Mbumba

 

 

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S
Correctif<br /> <br /> Il a fallu lire: "Le lingala, délaissé par les cols blancs, est la langue des marginaux " et non les cols bleus.
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S
Musa Mayi,<br /> Je vous remercie pour votre commentaire. Les points soulevés sont vrais et justes. Sauf que toute langue qui quitte son terroir perd un peu de son authenticité lors de son voyage et de son implantation au delà de ses frontières originelles. L'accent change, de nouveaux mots s'ajoutent etc. L'accent du français n'est pas le même selon qu'on est en France, au Canada, en RDC, en Suisse, en Belgique , au Sénégal ou au Congo Brazzaville. On y trouve des mots lingala (pili-pili, poto-poto), allemand, anglais, néerlandais. Le français parlé et écrit aujourd'hui est différent de son lointain ancêtre du 15 e siècle. Il en est de même de l'anglais comparé à l'américain, du portugais comparé au brésilien, du néerlandais comparé au flamand ou à l'afrikaans sud-africain qui est d'ailleurs devenu une autre langue. Les exemples sont légions et le lingala n'a pas dérogé à cette règle. Le parler kinois est devenu une sorte de créole. Si les autres langues sont l'affaire des intellectuels et des scientifiques, le lingala, délaissé par les cols bleus, est la langue des marginaux, des pauvres, des voyous, du petit peuple. Ce sont eux qui font le lingala. D'ailleurs les intellectuels dont la langue est le français n'ont inventé aucun mot. Voilà pourquoi cette belle langue se développe de façon un peu désordonnée, décousue et brute. Ce n'est pas la lttérature qui a fait sa renommee, mais plutôt la musique. Le lingala scientifique et académique , comme le latin, doit sa survie à l'Eglise catholique.
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M
Musa Mayi,<br /> <br /> Vous êtes chez vous. Mbokamosika est votre site, et vous êtes toujours autorisé d'y publier des commentaires et des articles, quand vous voulez.<br /> <br /> Messager
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M
Messager,<br /> J’espère qu’il me sera permis de publier encore quelques points de vue sur l’un ou l’autre de tant<br /> de sujets traités dans Mbokamosika. En fait, on a beau quitter son village, on y retourne toujours.<br /> Je consultais mon vieux compte hotmail.com quand j’ai trouvé ce message : <br /> <br /> Un nouveau commentaire a été publié sur l'article "Joseph Kabila était sur la liste des 14 suspects !" du blog MBOKAMOSIKA". <br /> <br /> J’ai cliqué dessus et, à ma grande surprise, le blog s’est ouvert. En le parcourant, je suis tombé sur cet article : Le parler kinois. Du coup, j’ai eu du dégout ; le même que je ressens chaque fois que je me branche sur une chaine de TV de la RDC. J’ai dit plus haut qu’on retourne toujours à son village, qu’on le veuille ou pas. Où je me trouve, j’ai amené de Kinshasa un décodeur CANAL+ qui était supposé m’aider à garder le contact avec le bled. Pourtant, qui peut décrire le pincement que je ressens quand j’entends mes compatriotes parler lingala.<br /> <br /> Le lingala est une belle langue et reconnue comme telle dans beaucoup de pays. Il y a quelques années Angélique Kidjo expliquait qu’elle chantait en lingala parce que c’est une belle langue. D’autres africains m’ont dit que le lingala est beau à entendre et qu’ils l’apprendraient si l’occasion leur en était donnée. Pourtant, ce que notre frère Samuel a écrit avec l’art, la beauté et la compétence que l’on lui connait, a ramené à ma gorge l’odeur nauséabonde de la laideur de cette belle langue et sa mort, non pas lente mais rapide, très rapide. <br /> <br /> Je suis linguiste de formation, et c’est avec les oreilles et la tête d’un linguiste que j’écoute les gens parler. De ce point de vue, pouvons-nous encore dire que la langue décrite par Sam est le lingala ? J’ai du dégout et mal au cœur quand j’attends, même à la TV, des gens s’exprimer en lingala mais avec deux ou trois mots lingala par-ci par-là. Et le plus marrant c’est la joie manifeste qui transparait dans leurs yeux comme si utiliser un mot français dans une phrase en lingala est un honneur, un signe d’évolution ou de civilisation. Et comme pour amplifier la cacophonie, nous suivons des émissions TVisées en Lingala facile, Kikongo facile, Tshiluba facile c.à.d, en fait, de bribes des mots de ces langues dans une colonie de mots français. Tous des programmes que le commun des kinois adore !<br /> <br /> Comment en est-on arrivé là ? Je passe outre cette question pour répondre aux Mbokatiers qui se remuent déjà dans leur chaise, qu’il est vrai qu’une langue est l’aspect culturel le plus changeant, surtout dans un environnement multiculturel et polyglotte avec une technologie des plus inventives comme le nôtre. Dans un tel environnement, il serait aussi impossible qu’irréaliste que le lingala parlé aujourd’hui soit le même que celui d’il y a 50 ans. Mais il faut que tout en changeant, le lingala reste lingala. Une langue qui ne change pas est condamnée à mourir autant que celle qui ne trouve pas les moyens de résister aux influences extérieures ou de s’accommoder d’elles. Au rythme de l’invasion actuelle du français, il y a lieu de craindre que le lingala ne disparaisse avant les vingt prochaines années. Il serait une erreur de penser que le mal ne frappe que lingala et Kinshasa.
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M
OK. C'est fait.<br /> <br /> Messager
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S
Messager,<br /> Dans ce cas, il faudrait donner la paternité de "mukarame" à Jhonny Bokelo qui a le premier utilisé ce motm téké. Si possible, tu peux corriger cette erreur.<br /> Pour les autres termes, même s'ils n'avaient pas été inventés par ces artistes-musiciens, ils les ont au moins vulgarisés comme je l'ai dit dans le texte.
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M
Sam,<br /> Je t’avais déjà exprimé mon admiration pour la teneur de ce travail que tu as élaboré avec notre ami Albert Maketo Mbumba. Chaque étude qualitative requiert toujours beaucoup de sacrifices et de recherches.<br /> C’est ainsi que j’ai apprécié le point relatif aux mots apportés par la musique. À cet égard j‘ai jugé opportum de diffuser la chanson Mwambé N0 7 de Jean Bokelo et le Conga Succès , interprétée en Kiteke et dans laquelle Bokelo utilise « Mukarame » avant Papa Wemba. Ma suggestion est que tu puisses du moins accorder la paternité de l’usage de ce mot à Bokelo et à Papa Wemba (qui a repris un mot déjà utilisé antérieurement).<br /> J’estime que si nous poussons nos recherches, certains mots reconnus comme ayant été inventés par certains artistes musiciens risquent d’avoir été utilisés bien avant. Mais, pour ce faire, il faut trouver des œuvres originales. Mais ceci n’enlève rien au bon travail que tu as accompli conjointement avec Albert.<br /> Par ailleurs, j’aimerais ajouter « CFA » : un terme utilisé à l’époque pour désigner la République du Congo Brazzaville.<br /> Enfin, le terme « kodonké » a déjà été corrigé sur le texte.<br /> <br /> Messager
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S
RECTIFICATIF<br /> Il faut lire KODONKÉ et non kondoké.<br /> Merci
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