Zaïre-Congo: 5-2, Muntubile Santos, quel match!!!
ZAIRE-CONGO : 5-2, MUNTUBILE SANTOS, QUEL MATCH !!!!
Nous sommes dans les années 1984. Je suis en voyage à Mbuji-Mayi. Plus précisement dans mon village à Tshala Safricas (bena Kabindi). Un jour, je tombe sur un concert de louanges de mes oncles paternels envers certains joueurs des Léopards. La vedette principale de ce concert était le joueur Massengo Ilunga dit « Gento » de TP Englebert Mazembe de Lubumbashi…Jusque là rien d’anormal. Mais voici, piqués par je ne sais quelle mouche, mes oncles se mirent à faire des comparaisons entre les attaquants et joueurs des Léopards. Ils clouèrent Muntubile Santos sur le pilori et le qualifièrent de « petit joueur » devant Massengo. Alors, j’intervins. « Tata leki, boyebi makambo bozali koloba te » leur dis-je. Ils se dressèrent tous comme un seul homme…Et moi de continuer : vous êtes en train de comparer l’incomparable… Tiens, voilà l’insolence des Kinois, tu es bien outrecuidant pour oser nous contredire, me répliquèrent-ils. Et là, la discussion prit un autre ton. Et moi rebelle, d’enfoncer le clou : « bino bozali kolanda ba reportage boyokaka na radio…soki boyoki : Massengo iko nayo…bozali kokanisa que Massengo azali kosopa ba joueurs ebele… ». « Eh, buikila », toi la ferme…Et moi de persévérer : tango bozali koyoka : Massengo iko nayo, boyebi nini ??? Eh bien, Massengo na bino atelemi na balle na ligne de touche po abuaka « à nous ou remise en touche » ou bien azali kobongisa balle pour tirer un corner…et le journaliste de commenter : Massengo iko nayo et vous de rêver au grand Massengo. Vous osez comparer Djelma Muntubile et Massengo ??? Bon, tais-toi. Tu es un Muluba-kin. Tu ne sais que défendre les joueurs bakongo ou bangala. Ah bon ? leur dis-je…Mais Santos est Musonge. Et Kabinda, c’est juste après la zone de Katanda, leur répondis-je. Ah katuka, ne wewa, ne Santos weba awu, nudi baluba-kin…(dégage, et toi, et ton Santos, vous êtes des Baluba-kin). Fin du premier acte.
Quelques mois après cet intéressant échange entre le neveu, que je suis, et ses oncles paternels, voici que dans le cadre des éliminatoires de la coupe d’Afrique des Nations, les Léopards du Zaïre devaient croiser le fer avec les Diables Rouges du Congo Brazzaville. Et, le jour de ce fameux match, O ! heureuse coïncidence, me voici devant la télé, à Mbuji-Mayi, avec mes oncles…
Et moi, un tantinet provocateur de lancer dans l’air « lelo, likambo ezali awa, Massengo iko nayo… ». Pour clarifier les choses, je me permis de rappeler à mes oncles notre discussion à propos de Ndiela Muntubile Santos et Ilunga Massengo…déjà une petite tension dans l’air. « Tata leki, bomoni ? Massengo na bino ye wana. Djelma na nga, Santos ye wana…botala bongo bo comparer bien après match… ». Eh, buikila : fermes-là, toi, me répondirent-ils. Et ce jour là, rien qu’au réchauffement, revoir mon ami Santos, fut un grand plaisir pour moi…et quel réchauffement, des gri-gri dont seul Djelma a le secret !!! Au coup d’envoi du match, je compris tout de suite ce qui allait se passer. Nos amis de Brazzaville, au lieu de marquer Santos en individuel, choisirent un marquage en zone…et dans ce genre de schéma tactique, tenir un Muntubile relève d’un exploit. La suite du match, tout le monde la connaît. Mais moi, j’avais mon match avec mes oncles…à la fin de ce match, et moi, plus provocateur que jamais, j’interpelais vivement mes oncles : Papa leki bomoni ? Massengo azali wapi ? (où est votre Massengo ? avez-vous vu Santos ?)… eh, we buikila= tais-toi. « udji muana musenji. Muntu wa tshianana, indjividji, mal indjiqué... Kuena nansha ne information wa muntu to » : espèce d’individu, crétin, mal éduqué, sans forme humaine. Et le crétin de continuer « Massengo iko na yo… ». Et moi d’enfoncer le clou : « Tala, place ya ailier gauche wana, ezalaki ya Gaston Mobati. Batiaki Massengo na bino wana pour vous faire plaisir. Soki Mobati abetaki place wana , mbele match esukaki ata na 8-2. » Eh…c’est ta mère qui t’a appris à nous parler comme ça ? Et moi d’éclater de rire: Massengo iko nayo…
C’était juste pour rire. Gento Massengo Ilunga fut un grand joueur pour TP Mazembe et pour les Léopards. Pour la petite histoire, les buteurs de ce match furent : Djelma Muntubile Santos (1but), Eugène Kabongo Ngoy (2buts), Baudoin Lofombo Ngeleme, la bombe à neutrons (1 but), Kiyika Massamba Soucous (1 but). Côté brazzavillois, je crois, si mes souvenirs sont encore bons, ce fut Ndomba Jacques « Géomètre » qui marqua leurs deux buts.
NOS MECENES MUSICAUX.
J’ai lu un article où il était question des orchestres de l’intérieur et les talents musicaux engendrés par ces orchestres. Je voulais juste signaler l’apport de grands mécènes à ce niveau, c'est-à-dire les mécènes des orchestres de l’intérieur du pays. Comme leurs collègues au football ou au basket, ils n’épargnaient aucun effort pour la survie des ces orchestres. Certains des musiciens de ces ensembles devenaient de grandes vedettes…parfois avec beaucoup d’ingratitude envers ceux qui les avaient faits éclore. Nous savons tous que dans presque toutes les grandes villes, il y avait de grands bars de renom. Et ces bars avaient des orchestres attitrés qui s’y produisaient souvent. Et souvent, c’était au propriétaire du bar qu’incombait le maintien et la survie de l’orchestre. C’est vrai qu’il y avait un intérêt économique pour le propriétaire du bar. Mais souvent, les choses n’étaient pas si rentables que ça…Et ce sont ces messieurs que je qualifie de mécènes de notre musique de l’intérieur du pays. Entrer dans un studio d’enregistrement était tout un problème…On se souvient de la chanson « César ya moyibi » de Ilunga, Baba Gaston Band du Katanga. Mais, sait-on les difficultés que ce groupe avait pour enregistrer ? Il fallait aller en Afrique de l’est. Même Comet Mambo ou Grand Micky qui étaient à Matadi avaient toutes les peines du monde pour enregistrer à Kinshasa. Ma reconnaissance à tous ces pionniers de notre musique de l’intérieur.
Pour terminer, je dis bonjour à tous les Mbokatiers et Mbokatières. Notamment à Poucko, Clément Ossinonde, J. Nzembele, S. Malonga, Z. Nkumu, R. Lukoki, D. Musiensi et E. Kandolo.
CLAUDE KANGUDIE.