De TSHIMBOMBO MUKUNA à LAMBERT MENDE.
Zaïrianisation de la morale et de la mentalité congolaise : de TSHIMBOMBO MUKUNA à LAMBERT MENDE.
Nous sommes dans les années 70. La République Démocratique du Congo, sous Mobutu, est un pays en pleine croissance. Le président Mobutu est au faîte de son pouvoir. Les relations avec la Belgique sont marquées par des convulsions dont le président détient seul le secret. Dans le cadre du contentieux belgo congolais, tantôt c’est l’orage, tantôt c’est l’accalmie et le parfait amour. La Belgique avait décidé, pour sa période de colonisation, que les revenus et bénéfices issus de sa colonie, le Congo, reviendrait au Congo…chose qu’elle n’a jamais faite. Les anciens combattants congolais des guerres mondiales ne percevaient plus leur solde de la Belgique…l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK) était un ilot de la Belgique en plein Congo devenu indépendant. Voici quelques sujets qui constituaient le contentieux belgo-congolais. Sujets sur lesquels le président Mobutu nageait, pour les intérêts personnels de son pouvoir, pour titiller les Belges et donner l’illusion de son nationalisme aux Congolais. Ces sujets donc, rendaient orageuses les relations belgo-congolaises en ces années du régime Mobutu. Le sourcilleux président congolais ne badinait pas avec les questions liées à son prestige et celui du Congo ?
De cette gestion ultra personnalisée du pouvoir, naîtra une race de personnages dignes de Tartuffe. Tartuffe : personnage de Molière faux et dévot, donc un individu menteur et hypocrite. Pour avoir accès aux faveurs du chef, nombre de nos compatriotes jetèrent à la poubelle toute leur dignité d’hommes ou de femmes. Ils jetèrent leur dignité de mari ou d’épouse, de fille ou de garçon de famille…Voyons quelques cas.
TSHIMBOMBO
MUKUNA : ce monsieur était étudiant en Belgique. Déjà au sein de la JMPR estudiantine de Belgique, il était connu pour ses activités
d’indic. Comme son chef Mobutu dans les années 1960. Son assiduité dans les amphithéâtres de cours était à écrire en pointillé…Un avocat belge du nom de Jules Chomé, publia un livre dans ces
années 70 sur monsieur Mobutu : « L’ascension de Mobutu, du sergent joseph désiré au général sese seko ». Lors d’une conférence de presse organisée par J. Chomé, monsieur
Tshimbombo trouva là une très bonne occasion de se faire remarquer par son chef, monsieur Mobutu. En effet, lors de cette conférence, Tshimbombo Mukuna parvint à asséner une gifle à J. Chomé. Les
faits sont connus de tous. Mais cet acte marqua un début de carrière dont le seul mérite revient à cette gifle. La presse belge revint sur les états de lieux d’étudiant de Tshimbombo pour dire
d’étudiant, il n’avait que le nom. On souligna dans la presse belge que Tshimbombo, tout étudiant qu’il était, il s’exprimait très mal en français…Mobutu, dont on connait l’ire, réagit à cette
offense faite au guide qu’il était à sa manière. Le haut fait de guerre posé par Tshiboum lui valut une très fructueuse carrière au sein du MPR. En réponse aux accusations sur le mauvais parlé du
français de Tshimbombo, Mobutu signa même deux ordonnances présidentielles interdisant aux Congolais et Congolaises de ne plus utiliser les termes « septante » et « nonante ».
Désormais, il fallait dire « soixante dix » et « quatre-vingts dix »…Il allait ainsi du Congo de Mobutu, le guide clairvoyant. Cet acte de Tshimbombo créa des émules. Tel un
certain Habibo Lumanisha. Celui-ci dans les années 90 s’amusa à jouer aux gros bras contre les étudiants lors des manifestations organisées en Belgique contre l’interdiction de la Conférence
Nationale Souveraine. En représailles à l’expulsion d’un de leur diplomate par Kinshasa, les Belges l’expulsèrent aussi. Au bout de quelques mois d’attente, Habibo Lumanisha trouvant que la
récompense de son chef Mobutu tardait à venir, se mit en tête l’idée d’aller voir Mobutu lui-même pour quémander quelque fonction de reconnaissance. L’entourage du guide lui dit ceci :
« tala, petit, vanda nye. Tata wana azalaka compliqué. Zela ye moko Maréchal aluka yo… ». Et notre Lumanisha attend toujours…Donc tous n’eurent pas le même gain de profit auprès de Mobutu. Il faut dire que le guide était saturé de flatteurs en tout genre
qu’il en oubliait d’autres…Que dire de Mandrandele Tanzi qui alla à la mort au nom de son chef Mobutu ?
NDJOKO EYOBABA : Commissaire urbain de la ville de Kinshasa, comme l’obscur et médiocre André Kimbuta. Nous sommes en 1970. Maman Yemo, la mère du président Mobutu vient de décéder. Tout Kinshasa ou tous les Congolais et les Congolaises se rappellent encore de la grande « émotion et perte » éprouvées par notre gouverneur Ndjoko suite à ce décès. Les scènes théâtrales de pleurs de ce sieur incommodèrent nombre de nos compatriotes…il fallait assurer et sauver son siège de gouverneur. Et on sait la reconnaissance que ce monsieur tira de son cinéma auprès de Mobutu.
Durant tout le régime de Mobutu, les courtisans et courtisanes qui rivalisèrent dans les courbettes devant ce monsieur sont incalculables. Fait très étonnant et troublant, même les personnes étiquetées « intellectuelles » ne firent pas exception. Combien de docteurs et autres professeurs ne virent-on pas, toute honte bue, faire des louanges imaginaires à « l’Aigle de Kawele » ? Plus vite et plus bas on s’inclinait devant le « Timonier », plus grandes aussi étaient les récompenses…
LES THUREFAIRES DE « JOSEPH KABILA », DIT RAIS.
Ce triste phénomène commencé sous Mobutu, s’est développé et raffiné sous monsieur « Kabila Joseph ». Voyons quelques personnages marquant dans cet exercice :
LAMBERT MENDE OMALANGA : personnellement, j’ai connu ce monsieur en Belgique où il était étudiant, comme
Tshimbombo Mukuna. Il était aussi dans la JMPR, comme Tshimbombo Mukuna et avec la même réputation. Celle d’étudiant contestataire le jour et indic auprès des services de Mobutu la nuit. Il se
créa un alibi avec son MNC Mende. Ceci pour bien rouler nos compatriotes. Nous sommes dans les années 95. La Conférence Nationale Souveraine est bloquée par Mobutu. Voici qu’un paquet d’individus
prêche la troisième voie…Notre Mende vient en tournée d’explication en Europe avec F. Kibassa Maliba. J’ai assisté à une réunion où ce sieur, avec le venin propre à un traitre, nous expliquait la
troisième voie. Un compatriote présent dans la salle, l’interpella d’un ton très vindicatif. Il lui demanda de dire d’où provenait l’argent avec lequel ils faisaient le tour des capitales
européennes, lui et Kibassa. Le ton était très monté et il s’en était fallu de peu qu’ils en viennent aux mains…Le cousin de Mende, Jacques Tolofuma, qui était présent dans la salle doit s’en
souvenir. Son frère Mende, c’est un traître de longue date. Aujourd’hui, Mende a atteint le sommet de la roublardise et de la tartufferie. Contre son propre peuple. Comme Kamitatu qui dénonça,
bien avant Tshisekedi, les turpitudes de Mobutu et qui finit par se rallier au même diable de Mobutu pour participer à la destruction de son propre pays. Pour ceux qui ne le savent pas, Cléophace
Kamitatu fut le premier Congolais à avoir compris où Mobutu menait le Congo. Il l’exposa dans son livre « La mystification du Congo Kinshasa où les crimes de Joseph Désiré Mobutu ». Le
chapitre sur la prédation du Congo Kinshasa mise sur pied par Mobutu et Ndele me révolta outrageusement… Pour revenir au sieur Mende, je le mettrai ensemble avec Boshab, Lumanu, Kalombo et
autres. La liste est longue.
Jules Shungu Wembadio, le sténodactylographe : l’échelle de valeurs intellectuelles est pyramidale au Congo. Faire les études est un long chemin. Tous ne sont pas doués pour ce parcours. Il y en a qui reste au bord de la route. Souvent, il arrive un accident de parcours à nos sœurs. Elles peuvent tomber enceintes. Le parcours scolaires s’en trouve arrêter. C’est ainsi qu’en ces années 1970, il se créa un parcours de substitution pour celles de nos sœurs ayant quittées le circuit scolaire normal. On vit ainsi apparaître, en ces années, des écoles de sténodactylographie un peu partout. Ces écoles dispensaient une courte formation qui permettait d’avoir une compétence pour œuvrer comme secrétaire dans un bureau ou auprès d’un particulier. Je précise ici que bon nombre de musiciens de Zaïko disent toujours qu’ils ont étudié à l’Athénée de Kalina. Quand on veut savoir leur parcours et leurs diplômes, ils deviennent soudain diserts. Nous connaissons tous les enfants terribles de Los Nickelos qui étaient en Belgique. On sait ce qu’ils sont devenus et quelles études ils avaient faites. Certains furent mes professeurs. En ces années ’70, il n’y avait pas que les filles-mères qui sortaient du parcours des études. Il y avait aussi des garçons. Ceux qui ne comprenaient rien à l’école ou qui étaient des cancres. Il fallait bien qu’eux aussi aient un « papier » en poche pour être quelqu’un un jour. Ou ces garçons tentaient d’autres solutions, la musique par exemple. Et les parents considéraient la musique comme une activité réservée à ceux qui avaient échoué à l’école. Un ami d’enfance de Wemba fut un des tout premiers batteurs de Zaïko. Sa carrière s’arrêta à la deuxième ou troisième répétition. Son père mit fin brutalement à ce vagabondage et avec avertissement sévère à sa mère…Nos mamans étaient les garantes de la morale et de l’éducation familiales. Pour ceux qui ne le savent pas, les études, au Congo étaient sanctionnées à chaque étape par un concours et un diplôme. Le cycle de l’école primaire était sanctionné par un Certificat d’école Primaire. Pour continuer dans le secondaire, il fallait passer un concours, l’examen sélectif. Son nom indique bien que c’était un premier filtre. Ensuite, il fallait un brevet du cycle d’orientation. Celui-ci donnait le feu vert pour la suite du cycle secondaire qui était sanctionné par un diplôme d’Etat. Le diplôme d’Etat donnait accès à l’Université. Revenons à notre Jules Shungu. Ce monsieur, c’est son droit, termina péniblement l’école primaire. Il se mit à trainer dans les groupes musicaux de quartier. Comme deux précautions valent mieux qu’une seule, il s’inscrit à l’école Pigier section sténodactylographie. On ne sait jamais, au cas où la musique ne marcherait pas. L’école Pigier était, presque à 90%, consacrée aux filles. Nous n’avons rien contre le parcours du sieur Jules Shungu. Lui même tait souvent ce parcours. Mais nous pensons que toute société doit se choisir ses références morales en connaissance de leurs mérites. Que chacun examine celles de notre compatriote Shungu et en tire ses conclusions. Ainsi, il n’est pas étonnant qu’on le retrouve dans le petit rôle qui est le sien aujourd’hui, celui d’un petit flatteur zélé et stupide. Pourquoi cherchons-nous à demander plus à quelqu’un qui n’en a pas l’étoffe ? C’est nous, qui nous trompons. Shungu Wembadio n’est pas Isidore Ndaywel e Nziem ni Bilolo Mubabinge ni Elikya Mbokolo encore moins un Longomba Besange Lokuli ….Nous rangerons dans cette catégorie Tshala Muana. Nous la connaissons tous. Nous connaissons tous sa carrière musicale. Je rappellerai qu’Etisomba Lokindji et Tshibola ont privilégié et honoré leur dignité de femme d’abord avant d’être musicienne…Comment peut-on ériger une telle dame en référence de notre société ? « Mamu nationale » ??? Le tort, c’est nous qui nous le faisons. Qui nous demande d’ériger en modèle référentiel ces genres de personnages ?
Koffi olomide : ce monsieur bien inconnu jusqu’à la fin des années ’80, arrive dans le gotha congolais par la musique. Aujourd’hui, le voici une « personnalité » du pays qui a son mot à dire sur la vie politique. Il dit qu’il a étudié à Bordeaux. Peut-on savoir en quelle année ? Quelle faculté ? Qui ont été ses camarades de fac à Bordeaux ? Mais, nous savons tous que Muntubila Santos fut un virtuose du ballon dans l’AS Bilima. Il a atteint le sommet de son art, avec Bilima, en 1980. Nous devons rappeler à ceux qui ne le savent pas, qu’à cette apogée de Djelma, Antoine Aguepa, dit Olomide, squattait bien chez lui. Nous le voyions avec les vareuses de Bilima. Voilà notre étudiant de Bordeaux…Comme l’autre, son raïs, qui aurait étudié, par correspondance, dans une université américaine. Des imposteurs et fabulistes. La morale de ce monsieur est fort peu recommandable. La flatterie, dénuée de tout scrupule, qu’il pratique à l’endroit de « Kabila » montre le genre d’individu qu’est ce monsieur. Qui nous demande de croire et faire foi dans de tels énergumènes ?
Ngiama Werrason, JB Mpiana et les Wenge etcetera etceteri : un autre aéropage de parvenus. Ils se disent musiciens. L’année dernière, Ngiama est venu faire son numéro au Stade de France. Tout le monde s’est rendu compte, quand on lui a tendu le micro, de la constipation verbale dont il fut, soudain, frappée…Il se dit diplômé de l’Institut Supérieur de Commerce. Imposteur et tricheur sans vergogne, incapable de s’exprimer en français. Luambo Franco s’exprimait de manière impeccable. Son métier et son niveau de musicien lui avait fait comprendre que la maîtrise du français était un outil de travail pour le musicien international qu’il était. Que dire de JB Mpiana ? Ils le disent eux-mêmes : tozali lokola basi ya ndumba. Tozali kolanda esika mbongo ezali. Au moins, c’est clair. Pourquoi perdons-nous alors notre temps à croire et suivre des crétins de ce genre ? Avec du reste un contenu musical discutable et contestable…Rochereau, muana ya Tabu, n’aurait jamais offert un tel ratage au Stade de France, comme le fit notre Ngiama…
Nous savons que la liste de zélateurs flatteurs est longue. Nous avons juste prélevé quelques spécimens. On peut nous compléter. Ce que nous voulons seulement souligner est que tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute dit La Fontaine. Notre tort est de faire cas de ce monde. Nous pensons qu’il faut les remettre à leur place : de moins que rien et les ignorer. Nous avons plus important à faire. Le mouvement de renouveau qui souffle sur le Congo exige une grande vigilance de tous pour le rendre irréversible. L’homme nouveau du Congo commence par chacun de nous, dans notre vie de chaque jour. Nous devons ainsi bannir les habitudes négatives que nous avions hier. Les anti valeurs, les mœurs dissolues etc. Commençons déjà dans nos familles par être des pères modèles, des mères modèles. Jetons la « musique » fainéante et autres trucs improductifs. Apprenons à nos enfants notre culture. Celle-ci met la dignité humaine au centre. Nous sommes des descendants des peuples issus de tribus fières et dignes. Mobutu avait fait la zaïrianisation suivie de la radicalisation. Il avait pollué notre être intérieur. C’est une obligation salutaire de faire la radicalisation de notre moi intérieur. Nous devons cesser d’être des naïfs corruptibles avec un verre de bière, un paquet d’argent ou les fesses d’une femme…L’argent que nous gagnons difficilement, nous devons le dépenser honorablement et avec intelligence. Dans nos sociétés traditionnelles, on a jamais pris comme modèles des valeurs des cancres, des fainéants, des voleurs, des flatteurs et paresseux. C’est des braves, des méritants, des meilleurs à la chasse, des meneurs d’homme que nos traditions nous parlent. Revenons donc à nos fondamentaux et intéressons-nous à l’essentiel qui balise un avenir meilleur pour notre Congo.
Claude Kangudie.