AU SUJET DU RECRUTEMENT DE MOBUTU
AU SUJET DU RECRUTEMENT DE MOBUTU
C’est avec intérêt que j’ai lu le document historique que vous avez mis en ligne pour nous sur le recrutement de Mobutu par les Services de Sécurité Belges. Je vais juste ajouter un mot comme amoureux de l’histoire et de l’histoire de mon pays, le Congo (je viens de publier un ouvrage sur Lumumba « Patrice Emery LUMUMBA : Discours, Lettres, Textes »), et aussi comme amoureux de l’histoire de l’Eglise catholique du Congo (J’ai publié un ouvrage sur « Cent ans d’Evangélisation du Mai-Ndombe par les Pères de Scheut »).
C’est d’ailleurs à ce propos que j’interviens puisque la lettre est écrite par A. du Vernay qui est sans doute le Père Arthur du Vernay, le fondateur du Centre Bondeko à Kinshasa, puisqu’il était de la congrégation des Pères de Scheut.
Il est fort possible que certains missionnaires (catholiques) aient été utilisés par les services secrets et les gouvernements de leurs pays d’origine. Il est fort possible aussi que ceux-ci s’y soient aussi opposés. Mais, dans le cas d’espère, en attendant d’en savoir un peu plus sur l’identité de monsieur Beco, il est important de savoir aussi que les missionnaires furent les premiers à vouloir former et aider une petite élite locale et contribuèrent en cherchant des bourses et des soutiens pour les premiers arrivés en Occident. Dieu seul sait leurs critères de sélection. Il se pourrait que Mobutu, catholique, puisse aussi bénéficier de ce choix. Car, très souvent, ces missionnaires demandaient ces services d’aide et d’assistance à des tierces personnes qui parfois supportaient certains de ces Congolais avec leurs propres moyens. Je suis moi-même arrivé en Europe pour la première fois par une bourse obtenue par un professeur d’Université de Leuven et par une contribution des particuliers, parents à un ami décédé.
Donc, en attendant d’en savoir plus, il serait tôt de connecter cette lettre, qui pourrait s’agir d’une simple lettre de recommandation d’une bonne volonté, pour un jeune Congolais qu’on voudrait aider à évoluer ailleurs. Maintenant, quant au recrutement de Mobutu avec la sécurité Belge et la CIA, celle-ci peut avoir eu lieu lorsqu’il était encore à Léopoldville, mais sûrement lorsqu’il est arrivé en Belgique, et que le Père Arthur du Vernay n’avait peut-être rien à avoir avec ce recrutement. J’utilise « peut-être » pour inviter les uns et les autres à creuser encore ce document et surtout répondre à la question de fond : quand et comment Mobutu fut-il recruté par la sécurité Belge et la CIA. Il semble que ce fut autour de la Table Ronde. Si Mobutu avait été recruté par les Services de sécurité belges avant son départ en Belgique, je vois mal comment Mobutu nécessitera encore d’une lettre de recommandation de la part d’un missionnaire, alors que la sécurité et les autorités lui aurait facilité son départ pour la Belgique. Ayant besoin de lui aussi au pays, les Belges ne l’aurait pas envoyé en Belgique où il ne pourrait alors pas leurs être utilise à l’époque.
Je sais que nous sommes pris dans cette psychose des liens entre les missionnaires catholiques et les autorités Belges, notamment avec ce fameux discours non encore vérifié historiquement comme ayant eu lieu du Roi Léopold II aux missionnaires au Congo (Le Roi n’ayant jamais mis pieds au Congo ; le Roi n’ayant pas jamais réunit les missionnaires pour les haranguer et comme je l’ai posé aussi, un tel discours important devrait figurer dans nombreux documents historiques avec lieu, date et personnes présentes) ; mais de là, à attester que la présente lettre, si elle est effectivement écrite par Père Arthur du Vernay, est une recommandation de recrutement pour les services secrets Belges, serait un peu simpliste.
Je note aussi que Mobutu habitait Yolo aux côté de Gizenga et de Moanda Vital alors que Père Arthur du Vernay était alors à Saint Gabriel à Yolo où ce dernier créa d’ailleurs la chorale latine. Mobutu, aimant les messes latines, aurait-il rejoint cette chorale d’A. du Vernay comme le fit Gizenga qui bénéficia aussi de largesses des mêmes scheutistes pour devenir enseignant à Saint Charles Lwanga et au collège Saint Anne ?
On retiendra aussi que, né le 17 février 1923, en Belgique, Père A. Du Vernay devait se rendre en Chine, pour une mission d'évangélisation, mais fut réorienté vers le Congo-Belge, en 1950. Après un stage de deux mois à Bokoro, diocèse d'Inongo, il fut nommé vicaire à Saint Pierre à Léopoldville (1951-1952) et assuma plusieurs fonctions : aumônier de l'Adapes (Association des Anciens des Pères de Scheut) et du mouvement familial (1952-1957), aumônier des étudiants africains en Belgique où il était rappelé dans l'entretemps (1959-1965).
Voilà une petite contribution. Aux historiens de nous aider là-dessus.
Norbert X MBU-MPUTU
Journaliste et écrivain
Newport, Pays de Galles, Royaume-Uni.
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