Apport des médias dans la musique congolaise moderne
APPORT DES MEDIAS DANS LA MUSIQUE CONGOLAISE MODERNE
Les medias ont toujours joué un rôle de premier plan, celui d’accompagner notre musique. J’aime toujours dire aux amis que les Médias constituent un pouvoir très puissant. Ils peuvent façonner l’image d’une personne tout la discréditer en un temps record. Ce sont les médias qui avaient façonné Mobutu. C’est grâce aux medias que Mobutu a pu asseoir son pouvoir et son parti le MPR a été connu à travers tous les quatre coins du pays. Ce n’est pas pour rien qu’en Afrique, tous les pouvoirs publics confisquent les médias. Ils en savent quelque chose. Je quitte ce terrain politique pour parler de la musique.
La Radio Léopoldville ou le grand «Tam-tam d’Afrique » comme on aimait l’appeler à l’époque a joué un grand rôle dans la promotion de la musique congolaise moderne. Elle émettait au-delà du territoire des deux Congo. La Radio Léopoldville émettait jusqu’à trois heures du matin alors que les autres stations de radiodiffusion d’Afrique diffusaient leurs émissions la journée pour arrêter vers 22 heures. Cette situation a beaucoup contribué à l’expansion de la musique congolaise et a fait que notre musique soit écoutée dans un cadre dépassant nos frontières. Les orchestres congolais ont toujours bénéficié de ce dynamisme de la production de la Télévision congolaise. Lorsqu’un orchestre sort une chanson, cette dernière doit faire l’objet d’une promotion à la radio et à la télévision nationale. Il faut monter de clip pour la télé et faire en sorte que la nouvelle chanson soit balancée dans plusieurs émissions radiodiffusées. C’est ce qu’on appelle en terme journalistique le «matraquage». Il suffit de lancer un embargo ou interdire que les chansons d’un orchestre ne soient plus jouées à la radio ou à la télévision pour causer la mort prématurée dudit orchestre.
La radio et la télévision nationale congolaise avec sa foule des émissions de variétés, amplifiées par le mouvement amorcé par la presse écrite font un travail appréciable dans le domaine musical. Joseph Nzita Mabiala dans le journal «Elima Dimanche» et d’autres journaux tels que Salongo ainsi que les revues «Likembe» « Kake », «Yé» et «Nous les jeunes» ne sont pas en reste. Le célèbre Nzita Mabiala avait dans ce journal une rubrique consacrée à la musique. En revanche, il était sollicité par plusieurs musiciens comme le cas de Nyboma qui l’avait cité dans la chanson Fuga-Fuga de Kamalés. (Nzita Mabiala kimona nko). La radio à travers les émissions «Tango ya bayembi» d’Angebi et Kanzaku Ngelebeya, «La chanson dédicacée», «Place aux vedettes» d’Emile Lukezo, «Les disques des auditeurs» de Jean Mateta Kanda MK, «Salut les copains» de Nzazi Mabidi. «Hit Parade » de Kalonji Ngoy, «Chansons aux cents visages» de Nguya et Dany Luntadila. Sans oublier «café des artistes» de Nkieri Ngunia Wawa, «Le cabaret de la semaine», « Alanga nzembo » de Simon Lungela «Le Carrousel Kinois» de Lutu Mabangu, «Télé show» ou «Variétés samedi soir» de Benoit Lukunku Sampu, «En plein vent », «Vedette en herbe» de Gaby Lusadisu, «Chronique musicale» de Kalonji Ngoy, «Karibu Variétés» de Manda Tchebwa. La liste n’est pas exhaustive, car on pourrait l’allonger avec beaucoup d’autres émissions produites par les différentes chaines de radio et de télévision qui poussent comme des champignons dans la ville de Kinshasa. Il faut aussi dire que certaines de ces émissions n’existent plus que de nom et d’autres ont été créées.
Dans ces différentes émissions, l’artiste-musicien est l’invité pour commenter et expliquer son œuvre à travers un jeu de question-réponse. L’émission «Cabaret de la semaine» est le véritable thermomètre de l’actualité musicale de la semaine. On fait de la retransmission en direct de l’ambiance typique des bars kinois. La radio et la télévision ont été à la base de la naissance de nombreux orchestres. Beaucoup de jeunes ont forgé la vocation de devenir musicien, comédien grâce à ces deux moyens. On veut se faire voir par les autres. «Omonaki ngai na télé»? (M’as-tu vu à la télé?)
Parlant de l’apport des médias, j’ai l’impression d’avoir accordé plus d’importance à la radio et à la télé pour avoir œuvré. Si quelqu’un détient plus d’informations sur l’apport de la presse écrite, il peut toujours me compléter pour l’intérêt de nos lecteurs. Vos remarques et suggestions sont les bienvenues. Pour terminer, que l’Éternel dans son amour infini daigne accorder une paix éternelle aux âmes de ces vaillants journalistes décédés que je viens de citer : Mama Kanzaku Ngelebeya, Mama Angebi, Jean Mateta Kanda, Émile Lukezo Lwansi, Nkieri Ngunia Wawa…
ZÉPHYRIN KIRIKA NKUMU ASSANA