Nfumu a Utadi, le chef médaillé
Le recours à l'authenticité avait contraint les Congolais à se débarrasser de leurs prénoms chrétiens au
profit des post-noms authentiques. Prônant par l'exemple, Mobutu optera pour Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga. Il a fallu quelques temps pour saisir la profondeur de cette périphrase. (Pili pili
ya moke mpe eswaka) si je l'avais bien assimilé son sens.
C'est dans cette ambiance que chaque congolais fera appel à son imagination pour choisir un post-nom original, parfois un message codé déchiffrable que par ceux qui maîtrisent la langue:
"Ashila Panshi". "Adruma", "Aboma Soda", etc, etc. Un de nos formateurs, le professeur Gambembo s'était de sa part attribué un post-nom énigmatique: NFUMU A UTADI. Dans un premier temps,
cette appellation nous semblait anodine jusqu'au jour où un de nos aînés nous demandera si nous comprenions ce que signifiait Nfumu a Utadi. Sentant notre embarras, il nous expliquera
que Nfumu a Utadi était tout simplement "un chef médaillé"
En effet, à l'époque coloniale, les belges avaient institué des chefs médaillés choisis parmi des chefs traditionnels. Plus instruits, ils servaient de" trait d'union" entre la population et
les agents coloniaux. Certains s'exprimaient en français ou en langues nationales: le swahili, le lingala, le tshiluba, ou le kituba. Une de leurs tâches fut l'exécution des travaux d'intérêts
publics. A l'opposé des chefs coutumiers dont l'accoutrement était et reste traditionnel, les Chefs médaillés s'habillaient comme des agents coloniaux, avec en plus une grosse medaille qui leur
pendait jusqu'au ventre à l'image des rappeurs 50 CENT ou Snoop Dog... aujourd'hui. (Messager)
Le Chef médaillé (source: l'album de Jean-Pierre Debiève)
Le chef médaillé
Le chef médaillé
Le chef traditionnel (source: le site d'Aloubè)

Le chef traditionnel