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Publié par Messager


Nous rappelons à tous les amis de Mbokamosika que les rubriques de la communauté, consultables à partir de la 1ère page, sont toujours opérationnelles. La preuve, notre ami Ya Moti vient d'y publier un article très intéressant dont nous nous faisons le devoir de reproduire ici, pour une meilleure vulgarisation. Nous attendons vos réactions.


"On n'invente rien, on ne crée rien; dans l'univers, tout est un éternel recommencement"

Chers Amis et compatriotes du blog,

Parlez-vous NDIMOLANGE ? ou connaissez-vous seulement cette langue ?
Cette langue est la langue que nous eûmes à parler à l'approche de l'envahisseur ou simplement faire passer le message pour déjouer les oreilles indiscrètes, mener en bâteau nos parents.  .
A travers notre blog, nous partageons les souvenirs et anedoctes que nous eûmes à vivre dans notre jeunesse.

Un de mes fils me permit de me souvenir de ce principe, cette langue que jàdis nous eûmes à recourir pour des raisons diverses. Le pauvre (mon fils) était au téléphone avec un de ses amis, à mon approche, il mit à parler Verlan; j'ai compris qu'il voulut préserver le caractère privé de sa conversation téléphonique.   
Au vu de cette réalité, l'adage "On n'invente rien, on ne crée rien; dans l'univers, tout est un éternel recommencement" s'avère véridique.

Dans notre jeunesse, nous nous recourâmes aux mêmes stratégies pour déjouer les oreilles indiscrètes comme souligné ci-dessus en utilisant une langue "Ndimolange" ; cette langue n'est autre que le lingala en l'envers.
cette langue prit naissance depuis l'arrivée de colons au Congo, les citadins congolais de Léopoldville l'utilisèrent pour déjouer l'attention des envahisseurs Belges qui pour de raisons de bonne gouvernance apprirent à parler et à écrire la langue Lingala. A Léopoldville  (Kinshasa), le mixage des ethnies permit aux colonisateurs d'affiner l'échange verbal avec les autochtones en privilegiant cinq langues regroupant l'entité congolaise; Kikongo la partie Ouest et Sud Ouest, Swahili la partie Est et Sud-Est, Lingala la partie Nord et Nord-Ouest, Tshiluba la partie Sud et le Français la langue de colons. Dès lors que le Lingala a été adapté par la majorité de citadins de Léopoldville, ( une parenthèse ouverte sur radio mangembo le dimanche 01/03) les colons se mirent au parfum, mais les citadins de Léopoldville trouvèrent une parade pour se communiquer en toute confiance dans cet environnement méfiant jalonné la suspicion coloniale. cette parade a été trouivé en NDIMOLANGE.
Un anedocte " un jour Mama Angebi dans le cadre de l'enregistrement de l'émission "BAKOLO MIZIKI" s'insurgia en Ndimolange sur certains de ses pairs qui ont retardé l'émission par leur retard à l'heure fixée en ces termes " TUBA YA YEBO, NUNA NA NAMO ETCH, BA NZISE, BABIYE NGUTA ETCH, BALIZA BA MANIA" en jeunes spectateurs que nous fûmes, qui comprîmes la gravité de ses propos en Ndimolange, nous étonnâmes de la voir dans tous ses états; son image de gentille et souriante à la télé s'écroula à nos yeux, ignorant à ce instant que certains jeunes décodèrent la portée de ses insinuations. Ainsi à la fin de l'émission, nous la serrâmes la pince, la remercier en Ndimolange pour son professionalisme "OLIZA KASU, LAMBA YA KASI, NGABE BISO SUSULI KISO ONGILI", elle était très étonnée et répliqua en Lingala " O SONI NA NGAI, BAN'OYO BAYOKAKI NIONSO OYO NALOBAKI AWA"
Quelques rudiments usuels Ndimolange:
MAMA=>AM-AM ou AM, TATA =>AT-AT ou AT, YAYA=>AY-AY ou AY, TE=>ETCH, MBOTE=>TEMBO, LOBI=>BILO.
OMP AN LOLE AN KISU NGENDE NAWA, KISO NOBI SONIO, BONGILI, NAKIKO KOMAKO AN MBUKAMA SUSUMA AN NDIMOLANGE.  

NAKISU, AY NOBI KONDE.

YA MOTI
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Y
A tous,Je me réjouis que cet article particulièrement la langue ndimolange était et reste un impact culturel de plus dans notre patriomoine. Cher mwana mangembo, le "nzingi" dont tu as désigné, était un argot réservé qu'aux jeunes filles et les jeunes garçons ne voulaient pas s'y mettre mais plutôt comprendre le sens de messages à décoder, les filles comme tu le dis bien, l'employer pendant les "nzango" ou pour passer un message de filles. je me souviens parfois cela mettait en furie les garçons qui n'arrivaient à décoder le message véhiculé; ma grande-soeur en a fait de frais à ce sujet, son salut ne venait qu'à l'intervention des aînés ou de parents. De même pour l'hindoubill, il était parlé par les "Yaya", les yankees, les gourbas, les gangs, les kadiampembas, bref par les mecs, les filles ne pouvaient le parler; je n'ai vu aucune fille parler l'hindoubill durant ma jeunesse.Ces argots prirent naissance au sein des institutions publiques telles que écoles de soeurs pour "le nzingi". Au sein de paroisses St Pierre Kinshasa, St Georges Kintambo, St Martin Ndjili et St Paul Barumbu, les rudiments et apôtres de l'hindoubill s'extasièrent à l'admiration de jeunes pousses que nous fûmes.Ndimolange est vraiment une langue (j'en parle encore aujourd'hui malgré la lurette), celle dont tous les cohabitants kinois du centre ville connaissaient et la parlaient. Je cite l'exemple de Vieux Gégé dont Tundanonga fait allusion, toutes les prostituées, les travailleurs de colons ou expatriés ainsi que les jeunes en vogue devaient la parler pour dérouter les oreilles indiscrètes, le climat de peur et de méfiance à l'égard de colons y régnait. Je me souviens ici, de Ma Emile (paix à son âme), une beauté qui n'a pas eu d'enfants, mais à chaque fois, elle s'arrêtait pour discuter avec nous en Ndimolange, nous apprenant parfois de nouveaux vocables, grâce à elle aussi que tous les jeunes garçons et filles de mon quartier parlaient le ndimolange.L'aspect du problème soulèvé par Messager est vraiment très profond, toute communauté humaine a toujours cherché à préserver sa culture; nous pouvons prendre les Corses, malgré la langue française qu'ils qualifient "langue de la colonisation" parlent leur langue corsica, les Basques la langue basque, les Toulousains langue oc etc...; une manière d'affirmer leur identité brimée. Le professeur Bwakasa en parle aussi dans un de ses livres "toute transmission de consignes et intronisation des initiés, se fait par de rites et langues reservés qu'aux cercles initiants", une façon de préserver leur rite, codes et consignes aux yeux du monde extérieur, de même pour les francs maçons, rosecruciens, sorciers ainsi de suite.YA MOTI  
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M
Le probléme que soulève Ya Moti ici est plus profond que l'on peut le supposer. Je ne sais pas s'il existe déjà une thèse la-dessus. C'est fort possible que  la thèse du professeur Bwakasa sur "l'impensé du discours" ou la sorcellerie ait analysé le mystère du langage des sorciers. L'homme a toujours cherché à dissimuler son langage. La Bible raconte que Jesus utilisait toujours un langage voilé pour ne pas être compris par tout le monde.D'ailleurs, certaines personnes estiment que la parole de Dieu est codée, raison pour laquelle elle est sujette à plusieurs interprétations.Les gens peuvent parler la même langue, mais certaines personnes s'efforcent d'élever son niveau afin de ne pas être compris par les non-initiés.Pour revenir à l'exemple de Ya Moti, ce phénomène existe dans toutes nos régions. Les jeunes inventent souvent les mots ou inversent les mots afin de dérouter les adultes ou ceux qui ne sont pas de leurs cercles.En ville, les parents usent souvent les langues du terroir s'ils tiennet à ce que les enfants ne comprennent pas ce qu'ils disent, de peur d'aller les raconter aux voisins.Messager
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J
Ndimolange!!!Moi je me souviens de la langue de mes soeurs: le Nzingi. Elle consistait à découper des mots lingala et y insérer le terme "nzingi". la prouesse ici consistait à donner une certaine vitesse dans la prononciation des mots.Evidemment, il fallait savoir tendre l'oreille pour saisir les mots et comprendre qu'au moment où la grande soeur parlait son "nzingi", elle était en train de placer son rendez-vous, si ce n'est qu'elle commente une histoire de filles. Le Nzingi rentrait notamment dans la stratégie des Nzango. On pouvait par le truchement de cette langue transmettre des consignes. Selon ma grande soeur, le Nzingi serait né dans la cour de l'école primaire des Mamelo, des soeurs immaculées de Marie de Kintambo. Yotre, nantre na matre, une autre langue des courts d'école, celle là serait née du côté de la commune de Kinshasa.Bravo à Ya Moti. Nous ne manquerons pas, avec Mama Hortense de souligner l'importance de ces langues de "sociétés secrètes" ou de groupes fermés, comme l'était à l'origine l'Hindoubill, qui lui même descend du "Goza" des kadiampemba.Il me semble d'ailleurs qu'entre les parents dans chaque foyer, il doit exister un "Ndimbolangue", signe de leur complicité.
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T
Coup de chapeau! Avant l'hindoubill, il y avait bel et bien cet argot. Je me souviens du vieux Gégé, un vieux retraité qui fut domestique chez le gouverneur général du Congo belge et du Ruanda-Urundi, d'où Gégé. Il avait de cheveux tout blanc et avait souvent l'habitude de soulever un peu trop les verres. On le surprenait souvent en train de parler une langue qu'on ne comprenait pas, et nous, on disait "Milangwa ya vieux Gégé ou bien Vieux Gégé azakotourner babobines, bafilms ou Vieux Gégé azoloba langue moko ya miytik" Un jour, il reçut un colis postal du village,   mwana bakala ya bwala,  une jeune épouse, qui aurait pu être sa petite-fille.Jaloux de sa liberté, rejetant la corde au cou qu'on lui avait mis, notre Vieux Gégé ne parlait avec sa jeune épouse que dans langue na ye ya mistik. Un jour, Maître Thomas, un vieux ya ntama yina ya Kin pris vent du comportement du Vieux Gégé, par nos bons soins. Il était le seul ♪ comprendre Vieux Gégé. A notre grande surprise, ils s'étaient mis à parler cette fameuse langue!Cette langue appartient au patrimoine culturel congolais, il faut tout faire pour rediger un manuel, un dictionnaire, le moyen le plus simple est de proceder aux enregistrements des personnes qui la connaissent encore. Mieux, faire tout pour un travail de mémoire de licence ou de doctorat sur cette langue soit écrit.Tundanonga
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