En marge du19e anniversaire de la disparition de Franco
MGMN,
Nous ne nous contredisons pas, nous essayons de restaurer la vérité chacun avec ce qu'il a retenu de cette famille à l'époque. Je connais Johnny Bokelo, c'est lui qui m'a prêté et initié pour la première fois à la guitare électrique. Nous fûmes sur le plateau de la RTNC avec l'animateur suprême de la RDC Benoît Lukunku, j'avais 17 ans, c'était en 1970. C'était en partie une soirée pour les élèves de l'Athénée de Kalina que j'étais allé jouer au cours de l'entracte du Conga Succès de Bokelo.
J'ai assisté à un des mariages le plus médiatisé de cette famille. Dewayon est revenu de Belgique avec une femme belge qu'il a rencontré durant une tournée en Europe avec sa musique. La famille Dewayon, Bokelo connaissait la guitare comme pas deux. Porthos ne m'est pas inconnu. L'accompagnateur- soliste de Zembe Zembe de Inkisi "Nshui" qui est sur la chaise roulante et le chanteur "Elvis" de cette localité là sont mes amis et ont séjourné souvent chez moi. C'est chez Porthos que je recuellais des structures des accords de guitare par Nkebi Albert, un autre guitariste voisin à ce fameux musicien.
Un proche ami de cette famille qui vit à Toronto et qui a évolué avec Mangenza et le Bella Bella vient souvent me voir pour rechercher les anciens répertoires pour que nous les consignions dans un registre et à l'occasion, nous les jouons pour ne pas perdre la structure organique et accoustique des oeuvres de la Musique Congolaise Moderne, c'est comme cela que nous veuillons à notre patrimoine national artistique. C'est dans le but d'avoir un fichier de la discographie congolaise que nous faisons cet exercice là. Un jour nous le remettrons à qui de droit
Je note en passant de ce que vous relevez de Porthos, celui-ci a contribué en partie à m'aider à faire l'analyse musicale de la Musique Congolaise Moderne quand j'étais étudiant au Conservatoire National de Musique et d'Arts Dramatique. Cela se passait au cours de ses rencontres avec Simon Lungela à l'émission "Place aux Vedettes" avant que Lukezo Lua Nsi n'en devienne producteur attitré. Les contemporains de Porthos comme Oscar Diyabanza le soliste de Mpongo Love et Crispin Régis Lukoki, l'un des plus grands pianistes congolais classique et typique sorti droit du Conservatoire et résidant maintenant en Espagne et qui a encadré Soki Vangu et Émile Soki à leurs débuts m'ont soutenu dans mes premiers arrangements à l'"Émission Vedette en Herbe" de Gabriel Lusadisu assisté de Dominique Aneki au montage du programme. Tous les jeunes orchestres tels que Thu Zaina, Zaiko, Bella Bella sont presque passés par ce grand impressario et animateur de la TV et la Radio à la RTNC.
Avant de terminer, je voudrais mettre pour Mazemba nzwanga quelques mbokela célèbres. En effet, il aurait bien voulu les recueillir :
- Opedale na velo ya kimbambala, l'OK Jazz lancé contre le chef de l'État Joseph Kasa-Vubu ;
- Tembe réponse payé (Komeka bozindo na mosai, 1964) de Kallé aux dissident de l'African Jazz ;
- Nakufa na ngai kala nazela se kopola, African Fiesta à l'Ok Jazz, fin 1964
- Faux millionnaire, Kwamy à Franco, 1965 ;
- Chicotte Franco à Kwamy, 1965 ;
- Bozali ba makelele, (Nayebi nganga na bino) Nico à Rochereau 1965 ;
- Likala ya moto, Rochereau à Nico, 1966 ;
- Bangembo bojuger, Rochereau à Nico, 1966 ;
- Course au pouvoir, Franco à Kwamy, 1966 ;
- Mopepe ya mbula elekaki, orchestre Révolution contre Franco c'était Kwamy, Mujos et Boyibanda;
- Osombeli boyi na yo Moto Guizi, Sam Mangwana et Guivano à Rochereau. Etc.
Je serais de voir les enfants de Bokelo m'écrire, comme ça, cette tribune de presse "Hinterland" aura été le lieu commun pour le recensement des oeuvres et des personnalités qui semblent avoir disparu mais qui demeurent quelque part dans la mémoire des lecteurs et des connaisseurs anonymes.
Djamba yohé,
Le Congolais de l'Atlantique Nord,
Ottawa, le 25 octobre 2008,
Canada.
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Dewayon Paul Ebengo de l'orchestre Cobantou est ancien patron d'une maison de disques (Mazadis), il est le grand frère de Jean Bokelo dit Johnny plus tard, chef de l'orchestre Conga Succès, ils sont Basengele de Lac Léopold II qui deviendra Mai-Ndombe et non Basakata comme vous le dites. Ils avaient aussi un autre frère qui s'appelait peut-êter Portos. C'est celui-là qui après leur séparation, il ira créer pour sa part l'orchestre Zembezembe de Inkisi. Les enfants et la veuve de Bokelo (le guitariste Patou et son grand frère) qui se trouvent à Toronto peuvent confirmer cette information. Du calme chez vous et bonne fin de semaine.
MGMN
Monsieur Mazemba Nzwanga,
Ce vous dites de Kwamy et Mujos ressort de leurs conflits de personnalité et de pouvoir. à la création de l'Ok Jazz, Kwamy et Mujos ne furent pas là. La première chanson à succès de kwamy dans l'OK Jazz fut "Mboka mopaya pasi" en 1962, elle commençait avec ces mot : "Baninga ngai mopaya nayei o chéri mawa, nani akoyokela ngai mawa na motema, ngo o chéri mawa, apesa ngai ndako na ye na lala". Ce fut un succès qui s'exporta même dans les homélies de l'Église catholique de tout Kinshasa. Mgr, le Cardinal Joseph ALbert Malula d'où il se trouve au ciel pourrait nous en dire autant. Tandis que Mujos, son premier succès serait "Annie tozalki na yo Annie e obanzaka ngai" Octobre 1963 et sans doute aussi "Ngai moko na kati ya famille", Avril 1962 (Kwamy ou Mujos), mais pour toute clarification, il faut demander cela à Simaro.
Mujos était un transfuge à volonté, il était tantôt dans l'African Jazz tantôt dans l'OK Jazz, il avait une belle voix qui s'accouplait harmonieusement avec celle de Grand Kallé, de Rochereau, de Vicky Longomba, , de Franco tel dans "Biso basi baloka, Timothé abangi makambo, otikala na ngai pamba, mosika na voyage, Chéri Lovy, de Michel Boyibanda dit Michaux (Ex : dans l'orchestre Révolution de 1967 à travers la chanson "Natuni na chéri e ndenge ya sentiment na ye alobi na ngai nakei mongo Mbandaka". Toutefois, les conflits entre Mujos et Franco ne furent que des disputes simples. par contre, avec Kwamy, ce fut une immense tragédie. J'étais avec le Major André Mpika chez ses parents, c'est lui qui a acheté le disque "Faux millionnaire" de Kwamy quand il est entré dans l'African Fiesta de Nico et Rochereau. C'est cette chanson qui a cassé les rapports amicaux de Franco et Kwamy pour de bon même si en 1974, Kwamy a fait un petit retour dans l'OK Jazz.
Je ne comprenais pas pourquoi les adultes riaient. Le major Mpika, alors jeune lieutenant revenu des États-Unis me dit : "Il s'agit de Franco que Kwamy accuse de faire des faux chèques pour la paie des musiciens et de ses dettes". C'est alors que piqué au vif, Franco lance la chanson "Chicotte". Les mots étaient durs à son encontre. Franco dit entre autre :
Okutaki ngai na Ok Jazz, Nakomisa yo ndenge ozali, Opolaki olumbi solo, Okomaki Ebembe ya leta, Nani abungi likambo liango, Lelo ngai Franco ennemi, Lokuta na yo, Sukisa sukisa nkombo na ngai, Oyembi ngai mingi nayoki (...) Franco suki pembe na OK. (Disque édition "Boma Bango", Ok Jazz juillet 1965)
Dans "Matondo" Kwamy dit à Franco comme dans la Cigale et la Fourmi :
Defisa ngai mwa mbongo na koya kozongisa , Nazali na ntembe na bambanda nalingi na yebisa bango ete nakoka, Wana bakobanga ngai.
Ref :
Lokola carnet na chèque ezali na Banque, Ata ko na Banque lomeya esila, Bango bakoyeba te. Soki oyoki nsango e bakangi ngai, Kokamwa te ba niongo eleka ngai, Na compte lomeya esila (Disque Fiesta, édition Vita, mai 1965)
Franco n'a pas aimé que Kwamy le présente comme un faux millionnaire. La source du conflit aurait été une promesse non-tenue de Franco vis-à-vis de Kwamy. Mais de l'autre côté, on peut supposer que Kwamy voualit aller jouer dans l'African Fiesta qui avait la côte et le grand succès. Par ailleurs, Kwamy et Rochereau venait de la même province, le Bandundu d'alors, qui était, si je ne me trompe pas, la province de Mai Ndombe ou de la Cuvette Centrale. Évidemment, ces précisions sont à vérifier. Mujos, après un séjour en Europe où il est parti pour étudier à la chute de l'orchetre Révolution est mort peu après, autour de 1970 et Kwamy est mort à son tour vers 1976.
Tout compte, ces deux musiciens de talent sont décédés oubliées des mélomanes. Pourtant, malgré leurs rivalités, plusieurs musiciens de première ligne étaient là. Et l'OK Jazz, sauf Franco que la famille n'a pas voulu accueillir, a envoyé une délégation et une contribution, à moins que je me trompe. je me souviens d'une chose, j'ai suivi le cours des funérailles de Kwamy, la nièce de celui-ci était mon ami dans les acivités culturelles de la jeunesse à Bandalungwa, elle se nommait "Deyesse" et résidait, rue Kivunda, à Bandal près du très célèbre Bar et Ciné Apollo. Voilà là une personne que vous pouvez interroger, elle doit présentement vivre à Paris et cela depuis au moins 30 ans. À la vue de cet article, Madame Deyesse peut informer davantage, car elle aimait éperdument son oncle Kwamy qui le lui rendait tellement.
Kallé, Franco, Mujos, Kwamy, Vicky Longomba, Rochereau, Verkys, Saak Saakul sont des hommes tendres. Ils le sont vraiment quand on se donne pour mot d'oublier la chronique de presse qui les présente toujours sous un mauvais jour. Il y a eu d'autres mbokela comme "Course au pouvoir" (1966) de Franco et "Omeli mayi na tonga" (Fin 1965) de Kwamy. Je ne veux pas entrer dans cette forêt d'histoires des disputes de nos musiciens, mais je donne au moins le portrait de ce que fut cette effervecsence des tensions inter-musiciennes. Je termine en soupçonnant que nous avons le même âge ou peu-être que vous êtes mon aîné de quelques poussières d'une douzaine des mois du calendrier civil. Bye bye.
Djamba Yohé, Le Congolais de l'Atlantique Nord, Ottawa, le 25 octobre 2008, Canada.
Mon cher Djambo,
Merci pour votre feedback combien encourageant! L'information que j'ai poste sur le web est tire du manuscript d'un livre que je suis en train d'ecrire sur Luambo. J'aurai surement besoin des gens comme vous pour la partie "interview". Pour votre information, a Kin j'ai habite le Quartier Matonge, non loin de Vis-a-Vis, vers les annees 1970s, et puis a Ngiri-Ngiri a partir des annees 1980s jusqu'a mon exil aux USA en 1991. En tant que fan de l'OK Jazz, j'etais frequent aux concerts de cet ensemble, mais n'avais jamais eu la possibilite de parler au grand maitre en personne. Par contre, je parlais souvent avec les brazzavillois Michaux Boyibanda (qui m'a beaucoup marque) et Youlou, ainsi que les kinois le "vieux" Nicolas Bosuma alias Dessoin, Josky, Checain Lola et Sam Mangwana. Un jour a Ngiri-Ngiri, j'ai rencontre Kwamy. Il ne faisait plus de la musique en ce moment-la. On n'a commence a se frequenter. Il me racontera que c'etait Mujos et lui qui avaient fonde l'OK Jazz, et que Luambo n'etait qu'un petit garcon a qui ils disaient des choses comme: "Petit, lelo tokobeta na Vis-a-Vis. Oya kobetela biso lindanda". A cela Luambo repondait: "Naza na nzala" et on lui tendait 5F pour une chikwange. Le soir, Franco se presentait au conert et epatait le public par sa dexterite a la guitare solo et au chant. "Mais on ne sait par quelle manoeuvre", poursuit Kwamy, "il nous a ecartes et s'est approprie l'OK Jazz". J'ai cru mon ami Kwamy. Mais aujourd'hui, je me rend compte que ce n'est vrai. C'est juste le contraire qui s'est passe. Kwamy et Mujos, appeles les enfants terribles de la musique congolaise a cause de leur independance d'esprit - ont joint l'OK Jazz en 1962, soit six ans apres la ceration de cet ensemble. C'etait au moment ou Franco s'est retrouve seul, apres un depart massif des musiciens, y compris son meilleur ami Vicky Longomba. Franco fait appel a des musiciens agueris dont Kwamy Munsi, Mulamba Joseph, Simaro Masiya et Michel Boyibanda pour ne citer que ceux-la. L'OK Jazz renait avec plus de vigeur, mais malheureusement pour connaitre une nouvelle chutte: Kwamy et Mujos s'en vont rejoindre l'African Fiesta de Rochereau, d'ou il vont lancer des attaques a l'endroit de Franco (e.g. la chanson de Kwamy "Faux Millionaire" ). Ya Fwala ne se laisse pas faire. Il retablit la verite d'une facon rigoureuse a travers les chansons "Chicotte" ou il dit entre autre "Okutaki ngai na OK Jazz" et "Course au Pouvoir" ("Olobi ngai naniati liyanzi. Yo oniati tonga, mon frere") qui a carement mis fait a la carriere musical des enfants terribles. Voila, je m'arrete ici, si non tokazala awa ti lobi, mpo ya ngai na OK esilaka te.
A plus.
Mazemba Nzwanga
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