Mai '68 en France, juin '69 au Congo
La France est en train de célébrer les 40 ans des événements de mai '68. Depuis plus d'un mois, les émissions se succèdent. On fait
parler les acteurs de l'époque: les anciens étudiants rebelles menés à l'époque par Daniel Cohn-Bendit, Alain Geismar, et Jacques Sauvageot; les journalistes; les membres de services de l'ordre;
les hommes politiques....
Ce mouvement déclenché le 3 mai 1968 par les étudiants français s'était répercuté à travers le monde,y compris au Congo Léopoldville(Kinshasa), où le régime naissant de Mobutu cherchait encore à s'affirmer.En effet après avoir "pembenisé" les principaux poids lourds à savoir Joseph Kasa-Vubu et Moïse Tshombe; éliminé Mulele; rallié les leaders syndicaux Kitima, Boboliko, Bintu.....l'unique secteur qui continuait à inquiéter le pouvoir militaire était l'enseignement dont " il fallait briser l'autonomie en vue d'assurer au gouvernement et au parti le contrôle idéologique des étudiants."(1)
A cette époque, les étudiants congolais, à l'instar des étudiants du reste du monde étaient de tendance gauchiste, contestataires,adeptes du Marxisme Léninisme. L'Université Lovanium, la plus importante du pays était encore propriété de l'église catholique. le mouvement estudiantin aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays était bien structuré. L'A.G.E.L (L'Assemblée des Etudiants de Lovanium);le C.E.K (Le Conseil des Étudiants de Kinshasa);L'U.G.E.C (L'union Générale des Étudiants Congolais, regroupant les trois universités et les Instituts supérieurs) étaient dirigés par des membres élus démocratiquement. Souvent après des débats houleux.
Parmi les leaders des étudiants de l'époque ,on peut citer:Kanza Ndolomingo,Kandolo, Ngandu Ilunga,Malembe Tamandiak ( étudiant en Europe et adversaire de Kanza lors des élections à la tête de l'UGEC).
Les résolutions des congrès de l'U.G.E.C,par exemple celles de 1966, ressemblaient plus aux programmes des partis politiques:
-préparer la voie vers une économie socialiste;
-s'opposer à ce que le gouvernement accorde de nouvelles concessions à des entreprises étrangères dans lesquelles il n'aurait pas une participation majoritaire, etc etc.
Ainsi,suite au rejet de ces résolutions par le gouvernement, à l'inadéquation du montant de la bourse d'études au coût de la vie,et aussi et surtout à l'accéleration de la session d'examens et à la fermeture de l'Université Lovanium afin de libérer les locaux devant abriter les participants à la 1ère édition de la Foire Internationale de Kinshasa(FIKIN) en 1969, les étudiants organisèrent le 4 juin 1969 une manifestation dans la ville de Kinshasa.
Cette manifestation qui fut réprimée brutalement par les services de l'ordre entraîna:
-le décès et l'arrestation de plusieurs étudiants,
-la fermeture de l'Université Lovanium, de l'IPN(Insitut Pédagogique National), de l'IEM(Institut d'Enseignement Médical),
-le renvoi des étudiants dans leurs familles,
-l'exclusion de tous les étudiants de Lovanium, de l'IPN,de l'IEM et de 86 étudiants de l'ENA( Ecole Nationale d'Administrations).
Le 12 juin 1969, le Bureau Politique du MPR mit fin à l'existence de toutes les organisations et associations estudiantines et imposa l'étude du manifeste de la Nsele dans tous les établissements scolaires.
Le 5 septembre 1969, un décret du ministre de l'éducation (Cardozo) stipulait que pour être admis dans un institut supérieur, ou à l'université, il fallait disposer d'une carte d'affiliation à la JMPR(jeunesse du Mouvement Populaire de la révolution).
Si nous comparons les deux mouvements, nous pourrions conclure que si mai 68 avait secoué le pouvoir français, entraînant De Gaule à se retirer un moment à Baden Baden,et à envisager même son retrait de la vie politique, la contestation estudiantine de juin '69 au Congo avait au contraire favorisé l'écrasement de l'organisation de la jeunesse par le régime de Mobutu.
Messager
Source:L'engagement politique de l'Eglise Catholique au Zaïre,1960-1992, par l'Abbé Louis Ngomo Okitembo
Ce mouvement déclenché le 3 mai 1968 par les étudiants français s'était répercuté à travers le monde,y compris au Congo Léopoldville(Kinshasa), où le régime naissant de Mobutu cherchait encore à s'affirmer.En effet après avoir "pembenisé" les principaux poids lourds à savoir Joseph Kasa-Vubu et Moïse Tshombe; éliminé Mulele; rallié les leaders syndicaux Kitima, Boboliko, Bintu.....l'unique secteur qui continuait à inquiéter le pouvoir militaire était l'enseignement dont " il fallait briser l'autonomie en vue d'assurer au gouvernement et au parti le contrôle idéologique des étudiants."(1)
A cette époque, les étudiants congolais, à l'instar des étudiants du reste du monde étaient de tendance gauchiste, contestataires,adeptes du Marxisme Léninisme. L'Université Lovanium, la plus importante du pays était encore propriété de l'église catholique. le mouvement estudiantin aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays était bien structuré. L'A.G.E.L (L'Assemblée des Etudiants de Lovanium);le C.E.K (Le Conseil des Étudiants de Kinshasa);L'U.G.E.C (L'union Générale des Étudiants Congolais, regroupant les trois universités et les Instituts supérieurs) étaient dirigés par des membres élus démocratiquement. Souvent après des débats houleux.
Parmi les leaders des étudiants de l'époque ,on peut citer:Kanza Ndolomingo,Kandolo, Ngandu Ilunga,Malembe Tamandiak ( étudiant en Europe et adversaire de Kanza lors des élections à la tête de l'UGEC).
Les résolutions des congrès de l'U.G.E.C,par exemple celles de 1966, ressemblaient plus aux programmes des partis politiques:
-préparer la voie vers une économie socialiste;
-s'opposer à ce que le gouvernement accorde de nouvelles concessions à des entreprises étrangères dans lesquelles il n'aurait pas une participation majoritaire, etc etc.
Ainsi,suite au rejet de ces résolutions par le gouvernement, à l'inadéquation du montant de la bourse d'études au coût de la vie,et aussi et surtout à l'accéleration de la session d'examens et à la fermeture de l'Université Lovanium afin de libérer les locaux devant abriter les participants à la 1ère édition de la Foire Internationale de Kinshasa(FIKIN) en 1969, les étudiants organisèrent le 4 juin 1969 une manifestation dans la ville de Kinshasa.
Cette manifestation qui fut réprimée brutalement par les services de l'ordre entraîna:
-le décès et l'arrestation de plusieurs étudiants,
-la fermeture de l'Université Lovanium, de l'IPN(Insitut Pédagogique National), de l'IEM(Institut d'Enseignement Médical),
-le renvoi des étudiants dans leurs familles,
-l'exclusion de tous les étudiants de Lovanium, de l'IPN,de l'IEM et de 86 étudiants de l'ENA( Ecole Nationale d'Administrations).
Le 12 juin 1969, le Bureau Politique du MPR mit fin à l'existence de toutes les organisations et associations estudiantines et imposa l'étude du manifeste de la Nsele dans tous les établissements scolaires.
Le 5 septembre 1969, un décret du ministre de l'éducation (Cardozo) stipulait que pour être admis dans un institut supérieur, ou à l'université, il fallait disposer d'une carte d'affiliation à la JMPR(jeunesse du Mouvement Populaire de la révolution).
Si nous comparons les deux mouvements, nous pourrions conclure que si mai 68 avait secoué le pouvoir français, entraînant De Gaule à se retirer un moment à Baden Baden,et à envisager même son retrait de la vie politique, la contestation estudiantine de juin '69 au Congo avait au contraire favorisé l'écrasement de l'organisation de la jeunesse par le régime de Mobutu.
Messager
Source:L'engagement politique de l'Eglise Catholique au Zaïre,1960-1992, par l'Abbé Louis Ngomo Okitembo