Kimpuani, son combat contre Saensak Muangsurin".
Un des grands boxeurs congolais des années 70 et 80, Jo Kimpuani a fait parler la poudre. Ayant débuté sa carrière à Kinshasa qui à l’époque possède ces centres de formation de qualité Il est champion d’Afrique des super-légers.
Professionnalisme oblige, il quitte son pays pour s’installer à Dunkerque en 1971. Il intègre le célèbre team André Vercoutter où il va jouer les premiers rôles dans la catégories des super-légers. Le 19 mai 1979, il conquiert le titre de champion d’Europe au dépens de l’Espagnol Heredia. Après avoir combattu dans les grandes salles et stades d’Europe, il envisage le titre suprême, celui de champion du monde. Pour ce faire, il doit affronter le coriace tenant du titre : Saensak Muangsurin. C’est pour la sixième fois que le boxeur thaï met son titre en jeu.
Pour ce combat des titans version World Boxing Council (WBC), une date est fixée. C’est le 30 décembre au stade Tung Na-Chaï à Chanthaburi, une ville située à un peu moins de 249 km de Bangkok la capitale. Kimpuani qui garde encore jalousement sa nationalité zaïroise fait le voyage seul avec son équipe. Les autorités de son pays ne lui offrent aucune facilité. L’ambassadeur du Zaïre à Paris ne lui envoie même pas un mot d’encouragement. Mais la fibre nationaliste aidant, il se débrouille pour se trouver le drapeau du Zaïre qu’il amène avec lui. Cette étoffe tricolore réussira-t-elle à se transformer en ce fétiche ancestral qui va mettre Jo en contact mystique avec les esprits des anciens ?
En Thaïlande, ce combat et un événement. Quelques jours avant le jour j. plusieurs milliers de Thaïlandais assistent à l’entrainement du Dunkerquois. Ils veulent voir de leurs propres yeux l’homme qui veut narguer leur champion. Le combat ca se disputer sur 15 rounds de 3 minutes.
Le jour tant attendu arrivé, le stade est plein à craquer. Les Thaïlandais sont derrière l’enfant du pays. Jo combat quasiment en terre hostile. Il ne reçoit aucun encouragement à part celui de son équipe. Ce n’est pas un combat perdu d’avance ni à sens unique. Jo se défend avec brio. Il entrevoit la ceinture lorsqu’il envoie son adversaire deux fois au tapis.. Mais par deux fois aussi, il finit par se relever. Saensak Muangsurin, dont la façon de combattre enfreint régulièrement les règles de la boxe anglaise, réussit à la 14e reprise de donner un coup de doigt dans l'oeil gauche de Jo qui se met à saigner. Ce fait le contraint à l'abandon. Muangsurin est alors déclaré vainqueur.
Jo rentre dans son fief dunkerquois le 1er janvier 1978. C'est un retour triomphal. Une foule nombreuse, celle des grands jours, vient l’accueillir à l’aéroport. Il traverse la ville en voiture décapotable. Il est même reçu par le maire. Quelque temps après, Jo Kimpuani règle ses comptes avec les autorités zaïroises qui l’avaient déçu en prenant la nationalité française.
En 1981, Kimpuani tente une deuxième chance mais échoue devant l’Américain Saoul Paul Mamby à Detroit. Il ne sera jamais champion du monde. Toutefois, Jo a un palmarès impressionnant : une fois champion d’Afrique, cinq fois champion de France, trois fois d’Europe, deux fois vice-champion du monde, 65 combats professionnels pour 60 victoires et 5 défaites..
Samuel Malonga