Martin Bakole, histoire d’une arnaque

La RDC étonne le monde sur tout ce qui s’y passe. Outre l’état de déliquescence sécuritaire et économique, le pays se remarque dans ce que les Congolais appellent vulgairement "frappe" c’est-à-dire la magouille. L’entourage du président et les membres du gouvernement s’y adonnent à cœur joie en toute impunité malgré la misère populaire.

Cette fois, c’est un jeune sportif qui défraie la chronique avec son arnaque. En effet, le 11 février dernier, le boxeur Martin Bakole fait passer un message dans les médias sociaux. Il cherche un soutien financier en vue de la préparation de son prochain combat en Angleterre le 4 mars contre l’Américain Michael Hunter.

"Cela fait exactement deux mois que j’ai introduit ma requête auprès du gouvernement. Jusque-là, je n’ai aucune suite. Je suis bloqué ici à Kinshasa alors qu’il me reste un mois seulement pour affronter mon adversaire. Dois-je changer de nationalité sportive ? Partagez ce message afin qu’il atteigne le président de la République", dit-il en substance.

Quelques heures seulement après avoir balancé son SOS devenu viral, le pugiliste de 29 ans reçoit la sympathie du secrétaire général du parti au pouvoir. Une promesse d’achat du billet d’avion lui est aussitôt faite. Le 15 février, accompagné par le journaliste Israël Mutombo, le pugiliste est reçu au cabinet du ministre des Sports où il perçoit cash des mains d’une comptable la bagatelle somme de 100.000 dollars américains. Son magot en poche, le pugiliste prend le premier vol à destination de Londres le soir du même jour.

Ce combat n’a-t-il jamais existé ou a-t-il été tout simplement annulé ? Aucun média spécialisé n’en a fait écho. L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) dénonce un acte de "blanchiment d’argent". Le challenger Hunter dément avoir été contacté pour combattre et évoque un mensonge. Les Congolais qui fustige cet acte pensent que ce fait relève de la pure escroquerie. D’autant plus que le gouvernement congolais a déboursé dix fois le montant autorisé dans les transactions en liquide. Martin Bakole a menti sur son histoire pour obtenir les faveurs des sponsors. "Il s’est fait passer dans les médias et sur les réseaux sociaux pour un champion abandonné qui souffrait à Kinshasa en dépit de ses 18 victoires en 19 combats professionnels", résume RFI. Sera-t-il inculpé car poursuivi pour arnaque ?

Outre la justice qui ne s’est pas encore prononcée, le féticheur dont les gris-gris ont permis à Bakole de réussir son coup en envoûtant les membres du gouvernement, est monté au créneau. Il réclame 20 % de la somme reçue. Le charlatan menace le pugiliste de représailles "sur le plan mystique", promet de lui jeter un mauvais sort endéans les 48 heures s’il n'honore pas ses engagements. Sa carrière sportive est en jeu. Les Congolais et autres amoureux du noble art sont perplexes quant à l’issue de cette époustouflante histoire.

Affaire à suivre !

Samuel Malonga