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Publié par Samuel Malonga

La langue dominante de la musique congolaise est sans conteste le lingala. S’en suivent les trois autres langues nationales ou vernaculaires à savoir le kikongo ya leta ou munu kutuba, le swahili et le tshiluba. A la rigueur, leur utilisation s’apparente  plus à une sorte d’inégale équilibre linguistique, la mainmise du lingala dans la chanson étant évidente.

La RDC revendique quelque 450 patois mais leur présence dans la musique se remarque à peine. Ils sont écrasés par la langue dominante dont l’utilisation effrénée empêche musicalement leur épanouissement. Cette prédominance du lingala relègue la quasi-totalité des patois tribaux dans l’oubli même si les trois autres langues nationales semblent jouer les seconds rôles.

 

Les langues maternelles qui semblent s’effriter sont souvent l’apanage des groupes folkloriques et des griots. Ceux-ci les utilisent pour valoriser leur culture et leur identité tribales. Par ce biais, ils assurent l’épanouissement de ces rythmes anciens agonisant afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.  

Certains artistes-musiciens et non des moindres font par intermittence un retour aux sources pour s’abreuver des rythmes folkloriques reclus dans les villages et perdus dans la ruralité. Ce faisant, la modernité va utiliser l’outil de communication du  villageois et du griot pour que le traditionnel trouve son compte dans la musique moderne.

 

Au cours des années allant de 1950 à 1980, des artistes-musiciens se sont donnés à cet exercice de valorisation des dialectes tribaux. A côté du lingala, des titres tirés du riche répertoire traditionnel le plus souvent relookés ont côtoyé les classiques de la musique congolaise moderne. La langue du village s’est peu à peu infiltré dans la modernité .même si son cheminement semble être un véritable parcours du combattant.

 

Le nombre des chansons entièrement interprétées en patois ne sont pas à comparer  avec celles écrites en lingala. Au-delà de toute comparaison, elles marquent au moins leur présence dans l’espace culturel congolais. Dans la musique congolaise dite moderne le bobangi, le mbuza, le kiyanzi, le kimongo, le kitetela, le sangha sangha, le kingombe côtoient les différentes variantes du kikongo (kilemfu, kintandu, kimanianga, kindibu, kisansla, kisi ngombe, lari). En valorisant sa langue maternelle, l’artiste-musicien contribue à enrichir la musique congolaise moderne avec l’apport de ces essences traditionnelles qui fondent l’unicité du Congo culturel. Il faut aussi relever le fait que plusieurs artistes ont chanté dans les patois qui ne sont pas les leurs.

L’insertion de ces parlers spécifiquement ruraux dans la musique congolaise moderne est un atout majeur dans la connaissance du patrimoine langagier congolais. Ces langues perdues dans les campagnes du Congo profond vivifient et diversifient l’expression de la pensée et de la communication dans la chanson congolaise. Cette variété concourt tant soit peu à l’évolution voire à l’éclosion de la pluralité culturelle dans le domaine musical.

 

Voici un aperçu de quelques chansons

Chansons totalement en langues maternelles

  • Bobangi : Mobio Margo (Alphonso Epayo) ; Masumu akeyi, Likingo li mboka (Bozi Boziana).
  • Kimbala : Kilefu gigo menga gubonu (Baudouin Mavula)
  • Tetela : Mariage Dikenda (Ngongo Flujos) ; Analengo (Papa wemba).
  • Kiyanzi : Ana Mokoy, Lal’aby (Rochereau), Mwana me (Ndombe Opetun), Manzil manzil (Mbila Bel), Kisiwu (Emeneya).
  • Sanha sangha : Masuwa enani (Boyibanda).
  • Kimbunza : Mano Mongba (Mbilia Bel).
  • Lomongo : Aontona (Bombenga) ; Eyenga Yeume (Zozo); Adolo Timbi (Empompo).
  • Ngbandi : Te rembi, Mbi gwe (Céline Banza).
  • Kikongo : 

•  Kintandu : Ya Mbemba, Luvuezo (Mangwana); Yambula (Mayaula).

• Kilemfu : Mamona mbwa (Bavon Marie-Marie);  Luvumbu ndoki, Kinsiona etc (Luambo).

•  Kimanianga : Buzoba bueto bua yuku (Max Alexis); Mbati, Ntangu yabele (Matingu Bastia).

•  Kisingombe : Mbanza velela (Dalienst).

• Lari : Nani akunsindila muana (Lutumba) ; Nituani ya mbi (Franklin Boukaka) ; Lubuka (Moundanda)  etc.

•  Kisansala : Umbanzanga, Yivavanga (D’Oliveira).

•  Kizombo : Muana nkento bebele, Putulezo zengele ndombe, Tuwizana, (Paul Muanga) etc.

Chansons partiellement en patois.

  • Lingala- Kintandu : Lubadi bua lubua (Haoully Vincent), Eulali mwana mandona (Vicky Longomba), Mandona (Nico).
  • Lingala- Lomongo : Bopesa ye liteya (Bombenga), Mbeye-Mbeya (Evoloko)
  • Lingala-Kiyanzi : Kaful Mayay (Tabu Ley), Okosi ngai Mfumu (Emeneya).

Samuel Malonga

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W
Bonjour,<br /> Merci pour votre article! Kisiwu (Emeneya) ne serait pas une plutôt chantée en Mbala ? Plusieurs sources tendent sur cette thèse.<br /> Merci de votre aide.
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C
Excellent article... Kaful Mayay et Okosi ngai Mfumu, des chefs-d'œuvre... Merci... Ingeta
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C
Papa Sam,<br /> Toujours dans votre rôle d'historien "archéologue". Merci d'avoir exhumé cet aspect.<br /> Il y a une question à poser. Les chansons du TP OK Jazz intitulées Kimpa Kisangamene et Na Kisoka , sont elles en Kilemfu ou Kitandu?<br /> Aujourd'hui, je vais encore savourer certaines chansons du genre qui sont dans ma discothèque. <br /> Merci.
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S
Cher Kim,<br /> "Kimpa kisangamene" et en Kilemfu tandis que "Na Kisoka" est en Kintandu. Ces deux langues sont très proches l'une de l'autre. Pour moi, la plus grande différence réside surtout dans l'utilisation de la lettre r dans le parler ntandu.
B
Mon cher Malonga, extérieurement nous pensons que la primauté du lingala dans la chanson congolaise est due au fait que cette langue est écrite et enseignée ce qui l'a rendues populaire. Moi personnellement j'ai pensé que le lingala est la langue officielle du Congo après le français et que les congolais dans l'ensemble se retrouvent et se reconnaissent plus facilement autour du lingala. Ce qui est atout comparativement à un pays comme le mien où en général chaque musicien chante dans sa langue maternelle. Dans le temps, Lougah François, Amédée Pierre, Ernesto Djédjé chantaient tous en BETE leur langue maternelle quand Anoma Brou Félix, N'goran Jimmy Hyacinthe eux s'exprimaient soit en AGNI ou en BAOULE deux variante de l'ASHANTI du Ghana. Pour Mamadou Doumbia, Aïcha Koné il en est ainsi pour Dapley Stone qui chante en DAN. c'est le malinké et. Etc. Cela nous pose un réel problème. Pour comprendre ce que dit une chanson donnée, il faut s'approché d'un compatriote de son auteur. Maintenant beaucoup de jeunes adoptent le NOUCHI, un langage vulgaire sorti de la rue qui souvent est incompréhensible.<br /> <br /> Je ne peux pas terminer ce commentaire sans mentionner que si toute la compilation ci-dessus est formidable, certaines chansons me donnent la chair de poule. Une chanson qui pour moi doit être de Mbilia Bel a un rythme qui me semble tellement populaire qu'en l'écoutant je me suis senti comme au clair de lune au village. Vraiment merci.
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B
Extraordinaire, ce que je viens d'apprendre! Félicitation aux pédagogues congolais et à tous ceux qui on fait ce travail colossal d'écriture des langues congolaises. Franchement j'étais très loin d'imaginer cela.
S
Cher Blondé,<br /> Toutes les langues congolaises sont écrites. Le lingala a la perticularité d'être la langue officielle de l'armée et la langue officieuse de la musique. Celle-ci l'a popularisée. En plus les 32 ans de Mobutu au pouvoir ont aussi été bénéfiques pour le lingala car le président ne s'adressait au peuple qu'en utilisant cette langue.
M
Sam,<br /> <br /> Si tu m’avais contacté avant je t’aurais soufflé certains autres titres en langues maternelles. <br /> - Une chanson de Bankolo Miziki en Lingombe ( Losako lokeyi)<br /> - Une chanson en Lokele d’Etisomba Lokindji<br /> - Deux ou trois titres partiellement en Lomongo de Vicky Longomba<br /> - Un titre en Kisonge d’Abedi Masikini sur les jumeaux (Mukonkole na Ngoy )<br /> <br /> Toutes chansons étaient diffusées sur la RTNC<br /> <br /> Messager
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M
Effectivement. Ce qui confère un plus littėraire à cette oeuvre.
S
J'allais plutôt dire un "proverbe" en Lingombe.
S
Oui, il y a une phrase en Lingombe dans "Tambula malembe" de Vadio.
M
Sam,<br /> Tambula malembe de Vadio a une partie en Lingombe.
S
Messager,<br /> Merci pour les titres que tu viens d'ajouter.
M
Encore quelques titres:<br /> <br /> -Un titre de Jean-Bosco Mwenda en Kiyeke "Kidipa Munongo" .<br /> -Un titre de Papa Wemba en Kisonge "Bakuetu mu Kabinda"<br />