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Publié par Norbert Mbu-Mputu


L’AUTRE LUMUMBA. Peuple du CONGO : Histoire, résistances, assassinats et victoires sur le front de la Guerre froide, Bristol, MediacomX, 1999, 738 pages

 

« L’Afrique écrira un jour sa propre histoire »

 

PATRICE LUMUMBA fut le premier ministre du Congo, actuelle République Démocratique du Congo, en 1960. Ce pays devint indépendant de la Belgique le 30 juin 1960.

 

Le 17 janvier 1961Patrice LUMUMBA avec ces deux compagnons, Maurice MPOLO, général et ministre, et Joseph OKITO, président du sénat, sont assassinés à Lubumbashi (alors Élisabethville) par Moïse Tshombe, Godefroid Munongo et d’autres ministres de ce province alors sécessionniste congolaise du Katanga, un assassinat avec la bénédiction et la planification de la CIA, les services secrets belges et britanniques et surtout la complicité de leurs taupes et enfants de course Congolais eux-mêmes, dont certains, hélas, des alliés, des protégés et de proche parents de Lumumba comme son secrétaire et enfant-chéri, le jeune colonel Joseph Mobutu qui deviendra en 1965 le chef de l’État et dictateur pendant trente-deux ans (1965-1997), son ministre des Affaires Étrangères Justin Bomboko, son secrétaire Damien Kandolo qui est aussi son proche parent de sa propre tribu, son ancien collègue du même parti qui devint le responsable de la Sûreté d’État Victor Nendaka et certes Joseph Kasa-Vubu qui devint d’ailleurs chef d’État en 1960 à cause d’un soutien de Lumumba, tous au service de ces forces occultes.

 

Après un silence coupable, des suppositions et quelques livres et films, le dernier L’assassinat de Lumumba par le Belge Ludo de Witte, révélant dans le moindre détails la complicité manifeste des Belges jusqu’à son Roi Baudouin, obligea le parlement Belge à diligenter une enquête en instituant une commission parlementaire dont le rapport publié en 2001, un travail fouillé sur cet assassinat, révéla des documents inédits et des témoignages permit la ré-visitation de cette tragédie en sachant actuellement ce qui s’est passé, comment tout cela s’était passé, les acteurs, auteurs, témoins et complices de cet assassinat à l’origine des crises congolaises (jusqu’alors). Surtout qu’il plongea ce pays dans une crise profonde avec, de 1960 à 1965 des rebellions et des sécessions (balkanisation) du pays. Mais encore, l’assassinat d’un autre Lumumbiste, le nouveau président Laurent-Désiré Kabila dans son palais un certain 16 janvier 2001, lui qui était revenu au pouvoir au Congo après une rébellion éclaire baptisée l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL), un conglomérats d’aventuriers alliés frontaliers rwandais et ougandais, avec des Congolais encore, le tout sous la coupole de la redistribution des cartes d’influence géopolitiques des grands de ce monde dans cette sous-région, replongeât le pays dans le spectre de ces assassinats des leaders à vraiment scruter.

 

C’est ce que fait ce livre de 738 pages publié à compte d’auteur par Norbert MBU-MPUTU, journaliste et écrivain, livre dédié aux enfants des indépendances africaines dont lui-même, c’est-à-dire ceux-là nés après les années 60 n’ayant pas connu ces héros et n’ayant que de bribes d’informations sur ces tragédies qui furent au fait les fruits de la fameuse Guerre froide. Tout ceci, pour éviter ces crises, ces fatalités et ces drames de ces héros tombant avant de terminer leurs missions et de voir parachever leurs visions sur leurs pays et sur le Congo.

L’auteur se dit ne pas être un historien, mais bien un conteur arrivé dans l’histoire par hasard. Au fait, c’est ayant constaté le manque des documents et le peu des témoignages sur Lumumba lors d’une demande de réalisation d’une émission radiophonique par le directeur de la radio où il travaillait qu’il s’était dit de combler ce vide.  

Après un premier livre Patrice Lumumba. Discours, lettres, textes, préfacé par Tumba Alfred Shango LokohoProfesseur à la Sorbonne-Nouvelle à Paris, préface reprise dans ce nouveau livre, livre qui fut une compilation des textes, discours et lettres importants de Lumumba dont sa dernière lettre à son épouse Pauline considérée comme son testament politique, mais aussi le texte complet de son discours du 30 juin à l’indépendance du Congo, discours considéré comme une insulte par les Belges et à l’origine du drame le considérant désormais comme un communiste et homme à assassiner, l’auteur réactualise cet assassinat dans son contexte global important à toujours avoir en mémoire : un Congo sur la ligne de front de la Guerre froide avec un accent sur le PEUPLE du CONGO souvent oublié. Publié après dix ans de recherches, il y publie des documents actuels et actualisés, il creuse, analyse, compare, questionne, interroge, expose ce qui s’est passé, comment cela s’est passé, qui en furent des auteurs, acteurs et même des témoins de premier et de second degrés…

Du coup, des révélations : le pari congolais, la table ronde (carrée), le texte de la signature de l’indépendance sans entête officiel, la fameuse lettre de Tshisekedi à Kalonji, le déroulement et le lieu de cet assassinat, les personnes présentes, un Lumumba devenu un « fonds de commerce », les révélations sur l’assassinat ou l’attentat sur l’avion du Secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld révélé avoir été perpétré par les mercenaires au service de Tshombe, les taupes Congolais dont le fameux « Groupe de Binza », les révélations de la CIA, le rôle du jeune colonel Mobutu; du président Joseph Kasa-Vubu, de Justin Bomboko et surtout d’un Kandolo, etc. œuvrant tous pour la CIA, la Belgique et le Royaume-Uni.

Lumumba et ses compagnons, sous les pieds de Mobutu qui savoure sa victoire !

Écrit dans un langage journalistique, ce livre tire les leçons des erreurs d’alors, de ces limites de ces Pères des indépendances, des implications des forces occultes étrangères dans les crises du Congo et d’Afrique, le tout dans une toile d’araignée muette parfois comme dans un conte africain où des ogres prennent des formes humaines que fut la fameuse Guerre froide.

Les héros ne meurent pas. Hélas, rares sont ceux qui, après leurs morts, apprennent les leçons de leurs tragédies pour éviter de retomber dessus.

La deuxième partie de ce livre volumineux est faite des documents, lettres, discours, textes d’archives de Lumumba lui-même, juste pour percer sa vision et sa politique et éviter des considérations à côté.

Mais, par de-là le personnage central, Patrice Emery LUMUMBA, qui n’est plus à présenter puisque plus que célèbre dans le monde entier plus que même dans son propre Congo natal, l’auteur invite à ne pas oublier les deux autres héros souvent oublié Joseph OKITO et Maurice MPOLO, des députés élus et des leaders… Le livre refait le croquis de leur de leur « via dolorosa », analyse les différents complots des assassinats, comparant avec d’autres assassinats dont celui de Sankara, analyse la chanson « indépendance cha cha » composé lors de la Table ronde de Bruxelles entre Congolais et Belges, les émeutes du 4 janvier 1959 à Léopoldville, etc.

Le livre plaide pour la commémoration de ces héros, même étrangers morts alors lors de ces crises congolaises dont les le Secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld, les aviateurs italiens au service de l’ONU assassinés à Kindu, les casques bleus tombés au Congo, d’autres Congolais aussi.

Avec ce livre, l’auteur s’inscrit dans la lignée de ces grands et célèbres biographes et historiens de renom du Congo et d’Afrique, pour qu’il se réclame être un disciple lointain dans le temps et dans l’espace : les Professeurs Isidore Ndaywel, Thomas Kanza, Joseph Ki-Zerbo, le révérend Père Léon de St. Moulin et son préfacier.

Avec une table des matières qui parle d’elle-même et les crises actuelles socio-politiques au Congo-Kinshasa (morts, tripatouillage, manque de bonne gouvernance, lutte de la population, recherche du bout du tunnel, implications des services secrets étrangers, culpabilité des leaders politiques dans la mauvaise gestion du pays, gouvernement de coalition ou de cohabitation), ce livre donne quelques réponses de compréhension et offre des voix de sortie en redéfinissant le moi congolais, ce que l’auteur fait en proposant le néologisme de « congolitude » et en éradiquant le mal congolais par excellence : ce qu’il appelle la « deléopoldisation » ou le fait de toujours penser et analyser le Congo comme étant le bien privé d’un individu sur le modèle du Roi Léopold II à qui la Conférence de Berlin (1884-1885) offrit en cadeau ce Congo d’où il ne mit jamais ses pieds…

Puisque cette année-ci, le Congo et dix-sept autres pays Africains célèbrent leurs soixante anniversaires de leurs indépendances, ce livre plaide pour la commémoration et la célébration de ces héros et surtout la méditation de leurs pensée et vision d’un Congo prospère, indépendant et où ses fils et filles bénéficient de ces ressources, comme l’avait rêvé Patrice Lumumba.

Tout un nouveau projet pour le Congo; tout un manifeste pour les Congolais devant ne pas se sentir politiquement et idéologiquement orphelins.

Ce livre peut s’acheter en cliquant sur ce lien-ci : https://www.lulu.com/shop/norbert-x-mbu-mputu/lautre-lumumba/paperback/product-1564wp4y.html

 

Sur l’auteur :

https://about.me/norbertmbu

https://about.me/norbertmbumputu

 

 

Norbert Mbu-Mputu – Ecrivains Congolais (ecrivainscongolais-uk.org

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A
Je me suis arrêté juste quelques minutes sur cette fameuse photo (la 1ère de l'article), sur le regard de PEL, un regard qui me déprime.<br /> Je ne sais pas ce que ce Grand Homme se disait à ce moment-là, ce regard vers ses bourreaux, ces hommes qui sont censés être ses "frères", ce regard sans haine et sans peur me trouble, m'attriste, me fait sentir mal. <br /> Je ne peux qu'admirer ce flegme, ce calme dans l'adversité.<br /> Et cette scène qui annonce si bien l'avenir cauchemardesque de la RDC...<br /> Je ne sais pas l'impression que ça peut vous laisser, chers mbokatiers.
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N
Tout à fait... j'analyse nombreuses de ces photos qui sont des messages... Merci...