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Publié par Samuel Malonga

Les duos de légende du football kinois  

A Kinshasa, le championnat se jouait entre trois grandes formations : V. Club, Dragons et Daring. Elles s’étaient taillées la part du lion dans le partage du public sportif kinois et des titres remportés. Les couleurs de ces équipes étaient défendues à grands coups de gueule par les supporters. Les discussions portaient sur les vedettes qui faisaient rêver toute la ville. Ces petits dieux attiraient autant de monde dans l’arène du stade Tata Raphaël où battait l’âme sportive de la capitale dont le championnat était le plus disputé du Congo. Lorsque deux de ces trois grandes équipes se rencontraient, toute la ville était en ébullition et le spectacle était garanti. Les cœurs sensibles devaient s’abstenir vu la tension, le stress et l’émotion soulevée par ses joutes.

A côté de ces trois grands connus pour leur prétention et surtout pour leur arrogance acerbe, une quatrième équipe est venue troubler leur sérénité : Himalaya. Avec ses joueurs talentueux, le club cher à Alphonse Kuba avait joué le trouble-fête en leur donnant du fil à retordre, en leur damant le pion et en leur rendant le plus souvent la vie dure.

De ces quatre grandes équipes sans doute les plus riches de la capitale sont sortis des joueurs exceptionnels qui décidaient de l’issue des rencontres. Certains parmi eux pouvaient même tuer le match. Des duos se formèrent avec le temps, c’est-à-dire deux joueurs émérites qui avaient le destin du club en main, deux pièces maîtresses qui sur le terrain symbolisaient l’espoir de la victoire.

A partir de 1965, le championnat organisé par l’ASKIN (association sportive de Kinshasa) était dominé par deux individualités marquantes : Kibonge alias Gento de V. Club, meilleur joueur du Congo en 1965 et son ami Mokili dit Saïo de Dragons, meilleur ailier droit d’Afrique. Ils étaient les coqueluches du public pour le spectacle qu’il donnait. Mais en 1968, Raoul Kidumu fraîchement venu de Thysville (Mbanza-Ngungu) s’inséra dans ce cercle très fermé de meneur d’équipe. Daring qui était jusque-là privé d’un véritable maître de cérémonie découvrit en lui l’homme idéal qu’il plaça à côté des deux principales vedettes du football kinois de l’époque.

Entre 1963 et 1974, quatre tandems faisaient parler d’eux en élevant le niveau du spectacle au cours des rencontres. Joueurs talentueux, excellents dribbleurs, pièces maîtresses de leurs clubs, passeurs de charme ou buteurs incontestés, ils avaient marqué les esprits des sportifs kinois qui à leur tour leur avaient rendu la monnaie de la pièce.

Le duo Luc Mawa - Kibonge Gento (1963-1967)

Lorsque Kibonge intégra V. Club, l’équipe avait perdu plusieurs de ces pions majeurs partis en Belgique. Luc-Martin Mawa était l’homme à tout faire. Sa tâche difficile consistait à faire marcher une machine grippée. Kibonge avec son arrivée y apporta ce qui manquait : un souffle nouveau. Gento était un dribleur hors pair qui en plus possédait des coups de tête dangereux. Ses qualités couplées à la fougue et aux tirs puissants de Luc Mawa inaugurèrent une nouvelle ère pour l’équipe. Dès le début, ce tandem fit des dégâts considérables. Gento qui était devenu le nouveau maître à jouer étala ses talents. Il mit tout son savoir-faire au service de l’attaquant de pointe Luc Mawa.  Ce dernier devint le buteur attitré et pour le remercier l’appelait  ″cuisinier″ c’est-à-dire l’homme qui sur un plateau d’or lui donnait des passes lumineuses qui lui permettaient de faire mouche. Mais vite l’année 1967 arriva avec son lot de nouveaux jongleurs du ballon rond et bouscula l’ordre établi. Ceux-ci apportèrent un sang nouveau dans l’équipe. Ces talentueux joueurs sonnèrent le glas du célèbre duo qu’ils embrigadèrent aussitôt dans la nouvelle ossature offensive  véclubienne. Le premier tandem du football kinois postcolonial venait de faire son temps. Il disparût sans coup férir en laissant la place à une artillerie moderne appelée ″attaque mitraillette″ composée de Kibonge, Mayaula, Kembo, Mayanga, Bakoyene et Mungamuni.

 

Le tandem Mokili Saïo - Prince Mvukani (1966-1970)

Lorsque Dragons remonta des parcs, Saïo qui avait intégré l’équipe en 1964 était seul maître à bord. Il avait fallu attendre l’arrivée de Mvukani pour que l’équipe retrouva ses ambitions de grande équipe. Le club se transforma aussitôt en un royaume sportif. Dragons était la seule formation de la capitale dont les footballeurs portaient des titres royaux. Et pour cause. Mokili Saïo était le roi des dribles. L’aile gauche était occupée par un coéquipier émérite, Prince Mvukani. Les deux joueurs avaient sur le terrain une certaine complicité. Contrairement  au roi, le prince était élancé. Sa taille était un atout qu’il lui permettait de se servir de sa tête dans les balles aériennes. 

 

Au soir d’un duel serré contre Daring, son but magistral lui valut le sobriquet de ″Tête d’or″. Cette gratification avait contribué à faire de lui une légende et un mythe aux côtés du ″ntinu″ Saïo toujours égal à lui-même dans son rôle suprême de maestro. Ses dribles insolents, ses démarrages époustouflants et ses fulgurantes échappés qui  essoufflaient les défenseurs faisaient sa force et sa personnalité. Malgré les nombreux talents qui constituaient l’ossature de Dragons à l’époque (Mayombo, Mbabu Zumbel, Donat Mosambo, Kabeya, Bwanga Tison), le duo royal Mokili - Mvukani était au-dessus de la mêlée en donnant ses lettres de noblesse à l’attaque des Monstres. Ces deux noms sont liés à l’histoire de Dragons car les deux footballeurs ont laissé leurs empreintes indélébiles dans l’histoire du club rouge-or.

 

Le couple Adrien Bobutaka - Pelé Lembe (1966-1969)

Le duo magique qui avait fait la force et la renommée du quatrième grand du championnat  de Kinshasa : Himalaya. Pelé Lembe qui ne devait pas ce surnom pour rien, était un dribleur de classe. À ses côtés, un autre véritable feu follet, connu sous son prénom Adrien. Beaucoup à l’époque n’avaient jamais connu son patronyme de Bobutaka. Il était un buteur insatiable et une virtuose du ballon rond. Adrien et Pelé  formèrent un tandem implacable qui terrorisait les défenses adverses. Leur complémentarité avait fait de leur équipe le vrai concurrent des trois grandes formations connues. Même si Himalaya n’avait gagné le championnat de Kinshasa, il avait au moins le mérite d’étaler un football qui n’avait rien à envier à celui des trois grands. Pelé Lembe est le seul joueur qui avait été honoré dans une chanson.

La paire Raoul Kidumu - Emmanuel Kakoko (1968-1976)

Lorsque Kakoko à dix-huit ans intègre le Daring, il s’imposa aussitôt comme l’homme sur qui les Immaculés pouvaient compter, surtout que les vert-blanc avaient un contentieux vieux de presque dix ans avec Dragons. A ses côtes, Raoul Kidumu, fraîchement arrivé de Mbanza-Ngungu et de surcroît champion d’Afrique faisait office de perle rare. Il portait le costume bienveillant de l’homme-orchestre sans lequel rien ou presque de concret ne pouvait se faire dans l’équipe. Il était tout à la fois, le capitaine, le meneur de jeu, l’homme aux passes décisives s’il ne marquait pas lui-même. Chose  surprenante, malgré sa taille moyen, il arrivait à faire des buts parfois de la tête dans les moments où on ne s’y attendait pas. Kakoko était aussi tout à lui seul. Il représentait l’espoir de l’équipe dont il était le buteur incontesté. Les deux complices avaient chacun son rôle sur le terrain. Les deux joueurs étaient indispensables et indissociables de tous les succès obtenus par la grande formation vert-blanc.   

 

Plus influent que l’entraîneur, Kidumu, le capitaine inamovible reçut de ses coéquipiers le surnom de ″Kolo équipe″ (boss du club) car il s’arrogeait même le droit de contester le classement proposé par le coach. Pendant au moins huit ans (un record), ″Woul″ et ″dieu″ avaient écrit sur la pelouse de Tata Raphaël les plus belles pages de l’histoire des Immaculées après l’indépendance .

Samuel Malonga

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C
https://www.youtube.com/watch?v=6qjL34ZfhNM&t=2s
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L
Quand à la question pourquoi Ngunza ne joua pas à la selection nationale du Congo ?<br /> <br /> Ce n´est pas la faute de Ngunza , comme ça se dit que Ngunza était trop attaché au pays. Il était plutôt empêché par le Leader angolais Holden Roberto de la lutte pour l´independance.Sinon Ngunza jouerait avec les Leopards et jouerait au Portugal.Mais il n´était pas libre. <br /> <br /> De toutes façons Je vais en faire un article pour mieux expliquer la chose.<br /> <br /> LUSED
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L
Monsieur le but
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L
Je voulais dire :<br /> <br /> D´ailleurs Kembo fut nommé <br /> <br /> LUSED<br /> .
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L
CONCERNANT LE DUO LUC MAWA ET KIBONGE<br /> <br /> Pour le Duo Luc Mawa et Kibonge , ce duo à la longue avec le temps ceda petit è petit au Duo Kembo et Kibonge. On ne parlait plus de Luc Mawa et Kibonge , desormais c´était Kembo et Kibonge. Du point de vue technique Luc Mawa et Kembo étaient tous deux : des bombardiers et tireurs d´élite et par conséquents grands butteurs. <br /> Alors Luc Mawa ceda petit à petit à Kembo .À tel niveau que quand on racontait les prouesses de Luc Mawa , la génération suivante qui ne ne vit pas Luc Mawa sur scène , pensait qu´on parlait de Kembo. Kembo était vraiment la suite du phenomène Luc Mawa. D´ailleurs Kembo fut nommé .<br /> <br /> LUSED
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S
Diantela fut un bon pourvoyeur mais l'article sur les duos s'est surtout focalisé sur les attaquants-vedettes des équipes.
M
A l'ėpoque de Kibonge, il y a eu un grand milieu de terrain: DIANTELA dont on semble occulter le rôle.<br /> Msg
S
C'est vrai mais le duo Kembo-Kibonge n'a duré que l'espace d'un matin (1967, année de l'arrivée de Kembo dans V. Club qui a vu quelque peu le déclin de Luc Mawa). Car dès 1968, on parlait plus de l'attaque mitraillette avec Kibonge, Kembo, Mayanga, Mungamuni, Mayaula et Didi Bakoyene.
M
Sam,<br /> <br /> Merci pour cet article plein de souvenirs. Il m'a permis de réécouter quelques chansons d'une époque mémorable.<br /> Parmi les duos, je pourrais ajouter celui que formaient Pambele Nguza et Kava dans Olympic (Opika)<br /> <br /> Messager
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M
Tous ces joueurs mėritaient d'être sėlectionnės en ėquipe nationale. Je pense que la plėthore des talents à l'ėpoque, surtout le retour des belgicains leur avait ėtė prėjudiciable.<br /> Par ailleurs, l'attachenent de Pembele Nguza à son pays d'origine, l'Angola, l'a empêchė d'ėvoluer au sein des Lėopards. Mais pour la forme il s'affichait sur les photos avec eux.<br /> Messager
S
Quels joueurs bon Dieu! Je me demande pourquoi n'étaient-ils pas sélectionnés en équipe nationale.
M
En ce qui concerne Himalaya, je me souviens encore de Franck Belalufu, Adrien, Mafina .......ce dernier m'avai un jour transportė dans sa voiture de Ndjili en ville, lorsqu'il travaillait à Air-Zaire.<br /> Messaget
S
Pour Olympic, c'est le nom de Kava qui m'a trahi. Il ne revenait plus dans mes souvenirs alors que ce duo m'était bien connu.
C
Deux photos, deux souvenirs.<br /> Enfant, j'allais assister aux entraînements de l'AS Vita Club au terrain de Mama Yemo (Gombe). Un jour, vêtu de ce maillot assis sur le capot de sa Passat, le Seigneur Kibonge disait à Kisweswe (un défenseur de l’équipe) : "Oyebi tina ya maillot oyo?". <br /> Je me souviens aussi de cette photo des joueurs de CS Imana avait été affichée à la Place de la Voix du Zaïre au croisement des avenues Itaga et Kasa Vubu. Enfant, on se rendait sur place, juste pour voir ce genre des photos.
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M
Kava, de son vrai Cavaliero, fût un grand selon les propos de mon frère Miezi Kocsis. Il s'installera à Mbanza Ngungu et sera dirigeant sportif de l'Equipe Jeune Gwagwa qu'il va diriger pendant une décennie. Il est décédé en début d'année 2020. Paix à son âme.