À L’OMBRE DE L’ASSASSINAT DE LUMUMBA : JAN VAN RISSEGHEM, LE MERCENAIRE BELGE AYANT ABATTU L’AVION DU SECRÉTAIRE GENERAL HAMMARSKJÖLD RÉVÉLÉ !
À L’OMBRE DE L’ASSASSINAT DE LUMUMBA : JAN VAN RISSEGHEM, LE MERCENAIRE BELGE AYANT ABATTU L’AVION DU SECRÉTAIRE GENERAL HAMMARSKJÖLD RÉVÉLÉ !
BRISTOL, 17 JANVIER 2019. NORBERT MBU-MPUTU. C’était l’une de ces morts des années 60 dont les théories de conspiration s’enchainaient les uns après les autres sans convaincre : la mort du deuxième Secrétaire général de l’ONU, le Suédois Dag Hammarskjöld, dont l’avion se retrouva accidenté près de Ndola, en Zambie, en septembre 1961, dans la résolution de la crise congolaise.
L’ONU AU CONGO. Ayant reçut mandat du Conseil de sécurité pour assister la nouvelle république du Congo, devenue membre de l’ONU le 7 juillet 1960, soit sept jours après la célébration de son indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960, le Secrétaire général de l’ONU était revenu au Congo pour la quatrième fois en ce mois de septembre 1961. Et pour cause, la crise commençait à s’enliser et l’ONU, avec ces 20.000 casques bleus (comme actuellement d’ailleurs) semblait ne plus voir le bout du tunnel.
Pire, un autre drame avait mis la pression sur elle et sur son Secrétaire général : l’assassinat dans des conditions inhumaines et atroces de celui ayant invité l’ONU à venir au chevet de la nouvelle république, le Premier ministre Patrice Lumumba et ses deux compagnons Joseph Okito et Maurice Mpolo, vice-président du sénat, général et ministre en fonction, assassiné à Lubumbashi et dont les corps durent trempés dans l’acide avant de broyer ce qui pouvait l’être par les deux frères Belges Soete. C’était le 17 janvier 1961 à Élisabethville, le chef-lieu de la province sécessionniste du Katanga, sous la présidence de Moïse Tshombe et surtout de Godefroid Munongo, le vrai fondé de ce pouvoir.
L’IMBROGLIO CONGOLAIS. Au fait, cinq jours après l’indépendance du Congo, ce fut une bêtise du général belge, alors encore Commandant en Chef de l’armée, mit de l’huile au feu en inscrivant sur un tableau noire, lors une réunion au Camp Léopold II (actuel camp Kokolo) de Léopoldville (actuelle Kinshasa) : « après l’indépendance = avant l’indépendance ». Pour une armée dont les troupes étaient des Congolais tandis que tous les officiers encore des Belges, c’était un insulte de trop. Les soldats se mutinèrent. Ils violèrent des femmes de leurs officiers, ils les molestèrent et les bastonnèrent. Non pas seulement que le général lui-même prit le large en traversant le fleuve à Brazzaville, mais la mutinerie provoqua un exode massif des Belges qui vidèrent le Congo, laissant ainsi le pays sans une main d’œuvre et surtout sans une armée.
Surtout que, contrairement au traité d’amitié signé entre la Belgique, l’ancienne puissance colonisatrice, et le nouveau Congo indépendant, en date du 29 juin 1930, la Belgique décida seule le 10 juillet 1960 d’envahir le Congo au motif de rétablir l’ordre et de sauver ses citoyens ainsi pris au piège congolais. Les soldats Congolais ripostèrent et l’embrasement fut total à travers tout le pays : les casernes se mutinant les unes après les autres alors que le Chef de l’État, Joseph Kasa-Vubu, et son Premier ministre et ministre de la défense nationale, Patrice Lumumba, décidèrent de l’africanisation de l’armée, tout en procédant aux nominations à la volée dont celle de Joseph Mobutu, un ancien de l’armée démobilisé depuis et secrétaire d’État dans la gouvernement Lumumba, qui devint le nouveau Chef d’État-major bombardé du grade de colonel, et Victor Lundula, devenu le commandant en chef de l’armée au grade de général. Comme ce dernier n’était pas encore arrivé à Léopoldville puisque bloqué à Jadotville (aujourd’hui Likasi), Mpolo Maurice, qui avait aussi un passé dans l’armée, se nomma général des brigades et commandant en chef a.i. en attendant l’arrivée de Lundula.
Ayant sollicité d’abord l’aide des États-Unis, c’est l’ambassadeur de ce pays à Kinshasa qui conseilla le gouvernement Lumumba de solliciter l’aide de l’ONU. Aussi ; une fois le télégramme arrivé à l’ONU, le conseil de sécurité vota une résolution pour l’envoie des casques bleus et du personnel pour ainsi combler le vide laissé par les Belges partis. Surtout que la crise se compliqua avec, le 11 juillet 1960, de la déclaration de l’indépendance de la riche province du Katanga, par Moïse Tshombe, et le 8 août par celle du Sud-Kasaï par Albert Kalonji. Le nouveau pays était ainsi privé d’une manne pour son économie, surtout qu’en quittant le Congo, la Belgique avait tout raflé des caisses congolaises, laissant un pays nouvellement indépendant au bout du rouleau de la crise s’annonçant. Les caisses devinrent creuses !
LE DIALOGUE DES SOURDS. C’est dans cette ambiance que le Premier ministre souhaitait que l’ONU vienne, non pas seulement aider le gouvernement, mais surtout l’assister à vaincre et à terminer les sécessions, pour ne pas pénaliser le pays. Surtout qu’il eut une autre tentative de la sécession de l’Équateur par Jean Bolikango, tentative étouffée dans l’œuf à cause de l’arrestation de ce dernier.
Hélas, l’ONU arriva au Congo dans une cacophonie qui ne disait pas son nom. Le dialogue des sourds ne tarda pas avec le Premier ministre et son gouvernement. Surtout que le même dialogue des sourds s’installa entre ce dernier et son président qui, conformément à la Loi Fondamentale ou la constitution du Congo calquée sur le modèle Belge, peinait à assumer le fait que le président devait régner tandis que le Premier ministre gouverner. Ceci avec surtout le travail de différents conseillers tirant la couverture du côté des intérêts de leurs pays pour qui un Congo bien géré avec la collaboration de tous ses fils et leaders n’était pas à l’ordre du jour.
KASA-VUBU DANS LA MAUVAISE DANSE. Non pas seulement que la crise s’enlisa, mais aussi le voyage du Premier ministre Lumumba à New York rencontrer le Secrétaire général de l’ONU en personne se solda par un échec diplomatique cuisant, chacun campant sur ses positions, le Secrétaire général Dag Hammarskjöld ne voulant pas trop s’ingérer dans les affaires intérieures congolaises, tout en ne sachant pas au juste sur quel vrai pied danser. Surtout qu’il apparut que nombreux lorgnaient les mines du Katanga : la famille du Secrétaire général qui avait des intérêts dans le domaine de l’exploitation du cuivre, tout comme celle du nouveau président élu américain John Kennedy, sans compter les Belges sur terrain, les Français qui souhaitaient leur part aussi dans la gâteau congolais et les Britanniques qui ne voulaient pas lâcher le morceau avec leur agent secret à Léopoldville, Daphne, ayant même infiltré les agent de Lumumba qui devinrent ses informateurs, prépara aussi un plan d’assassinat de Lumumba.
LA GUERRE FROIDE. À cet imbroglio s’ajouta le fait que, étant pendant la Guerre froide, le Congo, sans que les leaders congolais eux-mêmes puissent s’en rendre compte, était devenu sa ligne de front transposé dans un pays chaud. Or, selon le modus operandi et modus vivendi de la fameuse Guerre froide opposant les États-Unis et leurs alliés et l’URSS et les siens, un chacun cherchait ses ouailles parmi les dirigeants des pays nouvellement indépendants et, pour mieux agir et couler l’autre, il lui fallait aussi un cassus belli ou une personne à taxer d’appartenir à un camp ou un autre. Ainsi, comme les Américains cherchaient à ne pas perdre le Congo, ils trouvèrent un alibi en un Lumumba qui, à cause de son tempérament, à cause de ses fréquentations et amitiés dont des messieurs de la gauche belge, porta la fausse étiquette d’être un communiste, donc une personne à écarter du pouvoir, au propre comme au figuré. Le pauvre ! Surtout que, le jour de la célébration de l’indépendance, Lumumba vomit toute sa frustration en prononçant un discours vrai, mais jugé discourtois puisque non prévu par le protocole, discours considéré comme un crime de lèse-majesté par le roi, car il rappela les affres de la colonisation belge au Congo. Ce discours devint une vraie casus belli qui le conduisit jusqu’à son assassinat.
LA CRISE ATTEINT TON PAROXYSME à cause de nombreuses erreurs de Lumumba lui-même mais surtout avec notamment le président Kasa-Vubu qui ouvrit la boite de Pandore en démettant inconstitutionnellement Lumumba de ses fonctions le 5 septembre 1960. Ce dernier ayant la majorité au parlement le démit aussi inconstitutionnellement de ses fonctions. C’est dans une telle situation chaotique que le Colonel Mobutu dont Lumumba était le mentor et déjà acheté par la CIA, entra en action et, le 14 septembre 1960, fit un premier coup d’État en installant un collège des commissaires généraux, des étudiants de l’université venus d’Europe et de Lovanium pour assurer les affaires courantes de l’État. Mais, au clair, il laissa les mains libres au Président Kasa-Vubu alors qu’il décida d’arrêter Lumumba.
LUMUMBA PERDIT ENCORE la bataille diplomatique à l’ONU où sa délégation conduite par son ministre délégué fut boutée dehors au profit de celle de son désormais rival Kasa-Vubu conduite par Bomboko, l’ancien ministre des affaires étrangères de Lumumba qui l’avait aussi trahit avec Delvaux en contresignant, un jour après, le décret anticonstitutionnelle de Kasa-Vubu démettant Lumumba de ses fonctions. Lumumba décida ainsi de quitter sa résidence de Léopoldville doublement surveillée par les casques bleus à sa cause, renforcée par un autre cordon des militaires de Mobutu prêts pour l’arrêter au cas où il mettait pieds dehors, pour Stanleyville, son fief électoral où l’avait déjà précédé nombreux de ses adeptes sous la direction de son vice-premier ministre Antoine Gizenga, pour ainsi commencer la reconquête du pouvoir. Hélas, il n’arriva pas à destination. Arrêté en chemin il fut ramené à Léopoldville, devint un prisonnier, et fut envoyé à Thysville avec d’autres lumumbistes.
A CAUSE DE CETTE ATTITUDE DE LUMUMBA ayant quitté Léopoldville, le Secrétaire général Dag Hammarskjöld donna l’ordre de ne plus intervenir pour le cas Lumumba, malgré une lettre personnelle lui adressée par l’intéressée, lettre que Kamitatu, gouverneur de la ville remis au Secrétaire général de l’ONU, qu’il refusa même de lire. Aussi, lorsque la nouvelle de l’assassinat de Lumumba fut connu dans un simulacre de récit d’évasion mal ficelé par Munongo, le monde entier entra dans l’émoi et la crise congolaise connut son pic. Accusé par tous de n’avoir pas assisté des personnes en danger, le secrétaire général de l’ONU, à cause des autres résolutions, décida d’avaler les bouchées doubles pour en finir avec les sécessions congolaises, commençant par cette du Katanga. Hélas, les premières opérations lancées pour désarmer notamment les mercenaires de Tshombe connus sous le sobriquet des « affreux » tournèrent au désastre et à un échec.
AVEC CES ÉCHECS MILITAIRES HONTEUX, le Secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld arrivant le 13 septembre à Léopoldville rencontrer le nouveau gouvernement Adoula, décida de prendre lui-même en main la situation katangaise. Il quitta d’ailleurs la réunion du Conseil des ministres où il était invité d’une manière discourtoise, parce qu’il ne voulait en rien écouter des positions et des propositions congolaises. Il semblait avoir son propre agenda et ses propres analyses de la situation congolaise et surtout katangaise. Un rendez-vous fut pris entre Tshombe et Dag Hammarskjöld à Ndola, en Zambie actuelle, le 17 septembre 1961.
LA MORT. L’avion Douglas DC-6 « Albertine » immatriculé SE-BDY affrété par la compagnie suédoise Transair avec comme commandant le Suédois PerèErik Hallonquist, un pilote chevronné ayant obtenu sa licence de pilotage en Angleterre, décolla de l’aéroport de N’Djili de Léopoldville le 17 septembre à 17 heures pour Ndola. Pour éviter de passer au dessus de Kolwezi, la base militaire katangaise équipée des avions Fouga Magister aux mains des tshombistes mercenaires affreux dont des têtes brûlés de pilote genre kamikazes, ayant surtout réussi à transformer ces avions ordinaires en avion de chasse, en y ajoutant des mitrailleuses ré-calibrées à canon lisse, l’avion du Secrétaire général partit jusqu’à l’est vers Kalemie, sur les bords du Lac Tanganyika, avant de descendre vers la Tanzanie sur la pointe du Lac Tanganyika, et de piquer droit sur Ndola. Un long vol, certes, mais il n’avait pas de choix à cause des impératifs sécuritaires.
Tshombe, Kibwe, Kimba et quelques collaborateurs y arrivèrent vers 17.00 en attendant le Secrétaire général de l’ONU qui n’arriva pas. À plusieurs reprises, les balises de la piste d’atterrissage furent allumées et éteintes car les usines de cuivre autour tournant 24 heures sur 24 avaient de gros projecteurs qui pouvaient ne pas bien faire voir l’aéroport. Quelques temps avant minuit, tous entendirent des bruits d’un avion au-dessus et crurent que c’était celui du Secrétaire général de l’ONU. Puis, à 23 :57 la tour de contrôle eut un contact avec le pilote annonçant qu’il avait en vue l’aéroport à 00 :10 et qu’il commençait sa descente. Vers 00 :05, tous entendirent des vrombissements de l’avion DC-6 du Secrétaire général de l’ONU qui demanda d’ailleurs et amorça son atterrissage. Ce qui lui fut accordé car on alluma alors les balises de l’aéroport, pour le permettre de bien atterrir. Puis, l’avion effectua encore quelques tours pendant plus de quarante minutes au-dessus de Ndola, avant de reprendre de l’altitude et de piquer vers le nord, alors qu’on entendit le bruit d’un second appareil autour. La tour de contrôle annonça que le Secrétaire général avait peut-être changé d’avis à la dernière minute. Moïse Tshombe était alors hors de lui et déçu. Mais, après vérifications, personne ne sut et n’avait aucune information sur sa destination. Au matin, ils apprirent d’un avion de reconnaissance avoir découvert des épaves d’un avion non loin de là. C’est seulement vers 15 heures que, effectuant des recherches qu’un pilote Belge retrouva l’épave de l’avion accidenté et l’identifia comme étant celui du Secrétaire général de l’ONU, à une quinzaine de kilomètres de Ndola et c’est lui qui prit les premières photos aériennes de ces débris. Il n’eut qu’un survivant, le sergent Harold Julian, qui succomba cinq jours après de ses brulures. Son témoignage enregistré en bande sonore mentionnerait des explosions avant l’accident. Il ne fut pas difficile de retrouver le corps du Secrétaire général qui avait à la main son livre de chevet : « La vie de Jésus ». Les policiers vinrent vite sécuriser les lieux avant que la nouvelle officielle de cette mort ne soit mondialement relayée. Dag Hammarskjöld mourut ainsi à 56 ans avec sept de ses collaborateurs et tout l’équipage à bord. Le 18 septembre, un autre avion fut envoyé prendre le corps du Secrétaire Général pour New York, via l’aéroport de N’djili, où les autorités congolaises lui rendirent un dernier hommage, avant d’être enterré chez lui à Uppsala en Suède et de recevoir, à titre posthume, le Prix Nobel de la Paix en 1961.
L’AFFAIRE M.H. (MONSIEUR HAMMARSKJÖLD). Ce fut la terrible « Affaire M.H. ». Chacun y alla de son hypothèse, dont celle d’un attentat surtout véhiculée par le représentant de l’ONU à E’ville, monsieur O’Brien, farouche opposant de l’État du Katanga. Pour lui, ce fut l’œuvre d’un avion de guerre katangais qui avait ainsi abattu l’avion du Secrétaire général de l’ONU. Cette version serait écartée à cause des distances séparant Kolwezi du lieu d’accident, du fait de l’autonomie de cet avion Fouga Magister dit Kat 92 de l’aviation katangaise.
À côté d’un mystérieux intrus identifié dans les photos du départ de Léopoldville parmi les voyageurs, le quidam que l’ONU pensa être un agent de la compagnie aérienne et que la compagnie aérienne pensa être un personnel de l’ONU, il semble aussi que l’ONU avait chargé des caisses de minutions dans l’avion Albertina. Puis, Il faut ajouter que le Secrétaire général lui-même n’était pas en odeur de sainteté par l’équipe au pouvoir au Katanga du fait qu’il souhaitait en finir avec la présence des mercenaires au Katanga par la première « Opération Morthor ». Et, après avoir appris les atrocités et viols perpétrés par les soldats de l’ONU dans leurs opérations contre les hommes de Tshombe, le Secrétaire général aurait promis de châtier tous ceux impliqués dans ces actes odieux. Les membres même de l’ONU au Katanga, ne supportant plus leur chef, le désignaient dès lors sous le sobriquet de l’utopiste.
Certains, comme Devlin, penchèrent plutôt sur une erreur de pilotage, le commandant ayant confondu « Ndola » et « Ndolo », car, l’un des pilotes fut trouvé mort avec une carte de Ndolo entre ses mains ; soit encore à cause de la fatigue de ces pilotes qui n’eurent pas de repos mérité. Mais cette hypothèse fut écartée car pour des pilotes chevronnés, il n’est pas possible de confondre Ndolo et Ndola, les données géographiques n’étant nullement les mêmes, la distance parcourut entre Léopoldville et le lieu d’accident ne permettrait pas une telle confusion.
REPRISE DE L’ENQUÊTE. C’est en 2015 que le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, après des révélations multiples et des enquêtes des journalistes et des juristes, même indépendants, décida de rouvrir cette enquête pour savoir réellement ce qui s’était passé avec cet avion de son homologue. Les résultats des enquêtes, surtout des révélations des photos même du Secrétaire général mort sur une civière d’ailleurs connues mais gardées secrètes jusqu’alors, par la CIA, mais aussi par les services secrets britanniques et d’autres témoignages déclassifiés, permettent de conclure que l’avion avait été abattu par un avion de l’armée katangaise, un Fouga Magister 93 piloté par le Belge Jan van Risseghem mort le 29 janvier 2001 à Lint, près d’Anvers, en Belgique à l’âge de 83 ans.
JAN VAN RISSEGHEM. Un tel avion pourrait ainsi avoir été pourvu d’un réservoir de secours, ou encore ne pourrait qu’être piloté par un de ces pilotes surnommés « têtes brûlées de Tshombe », comme l’était Jan van Risseghem, un vrai kamikaze prêt à tout et surtout risquant une telle opération car, décollant de Kolwezi, une fois Ndola atteint, il n’avait qu’une petite réserve de carburant pouvant lui permettre juste d’atterrir dans un autre petit aérodrome de secours et non pas plus retourner à sa base. C’est surtout l’ami de Risseghem, Pierre Coppens, un ancien capitaine de la marine belge, qui contribua à cette investigation en révélant clairement ce qu’il s’avait depuis de son ami. Dans un contact Messenger, Pierre Coppens me confirma ce qu’il avait déjà dit aux autres et qu’il connaissait et gardait depuis bientôt cinquante ans : « Jan van Risseghem était un de mes amis, il y a 53 ans que je sais qu’il était le pilote qui [avec son Fouga CM 170 Magister 93 ] a abatu (sic) l’avion de Dag et largué une bombe sur le terrain de l’ONU.». Et il partagea avec moi aussi leurs photos privées ci incluses.
EXPLICATION. Au fait, cet avion de Jan van Risseghem se trouvait déjà dans un petit aérodrome à quelques kilomètres de Ndola, attendant l’arrivée de l’avion du Secrétaire général. Surtout qu’avec les propres bricolages de ces mercenaires, cet avion pouvait même atterrir sur n’importe quelle petite piste de brousse et effectuer des vols nocturnes risqués comme lorsqu’ils s’illustrèrent dans des bombardements des opposants à Tshombe et même des positions de l’ONU. D’ailleurs, d’autres révélations troublantes viennent renforcer la révélation. Non pas seulement que dans les enquêtes préliminaires, personne n’accorda de l’importance aux récits des témoins locaux disant avoir vu des éclaires et avoir entendu un second avion survolé les lieux aux alentours pendant les mêmes heures du crash, mais bien plus, personne ne coinça Risseghem lorsqu’il déclara n’avoir pas été au Katanga en 1961, ce qui était totalement faux, puisqu’il y était. Puis, les ramifications des informations secrètes font voir qu’il pourrait s’agir d’un vaste complot où des pays comme les États-Unis, la France, la Belgique et même le Royaume-Uni soient impliqués surtout pour n’avoir pas vite partagé des informations secrètes qu’ils avaient sur ce dossier, laissant avaler la thèse farfelue d’un accident à cause de la défaillance humaine du pilote.
Un certain Charles Southall, qui était un officier de renseignement à la base navale américaine de Chypre, disait que la NSA avait été au courant que quelque chose allait se passer dans ce soir même dans les parages. Car, dit-il, « le superviseur de la surveillance m’a appelé et m’a dit : « Venez [au travail] vers minuit, descendez au poste d’écoute, car quelque chose d’intéressant va se passer. » Ensuite, il entendit cette conversation du pilote disant : «Je vois un avion de transport plus bas. Toutes ses lumières sont allumées. Je descends sur lui. Oui, c’est bien le DC-6 de Transair. C’est bien l’avion. » Et enfin il entendit le bruit du canon, et la voix cool et professionnelle crier : « Je l’ai frappé, il y a des flammes, il descend, il va s’écraser… »
En outre, le nouvel ambassadeur des USA à Léo, venu remplacer Timberlake, dans un télégramme le même jour, exprimait le besoin de mieux interroger les services secrets britanniques et belges sur l’identité de certaines personnes suspicieuses et surtout sur les écoutes des conversations secrètes. Hélas, rien n’était fait.
Au fait, il eut jusqu’alors une autre version ou hypothèse plausible disant que ce sont les hommes de Tshombe qui aurait voulu kidnapper le Secrétaire général et lui faire ainsi subir les mêmes humiliations que Tshombe a subit à Coquilhatville lorsqu’il fut arrêté à l’aéroport par les soldats de Léopoldville, alors qu’il décida de quitter la conférence, et inviter ainsi le Secrétaire général à négocier avec lui en position de faiblesse. Ils auraient ainsi dépêché à Léopoldville un de leurs agents secrets, le lieutenant Robert Gheysels. Ce dernier, ayant toutes les cartes de service de l’ONU, se serait infiltré dans l’avion du Secrétaire général avec un revolver caché. Puis, lorsqu’arrivé à Ndola, il aurait alors sorti son arme pour obligé le pilote à se diriger vers Kolwezi. Malheureusement, il eut une bagarre avec les gardes ; il tira des coups de feu, avant que l’avion ne puisse prendre la direction du nord, et s’écraser. Les photos du départ de l’avion de Léopoldville montrent effectivement un personnage suspect non identifiée : l’équipe de l’ONU de Léopoldville croyant que le personnage venait de New York ; tandis que ceux venant de New York pensèrent qu’il appartenait à l’équipe de Léopoldville.
Cette version corrobore avec le récit d’Adrian Begg, policier de service tout près de l’aéroport, qui revint le mardi 19 septembre sur les lieux du crash, prendre des photos en couleur et qui retrouva, sous les débris, le corps du garde du Secrétaire général, le suédois Per Persson, dont il dit avoir vu le corps avoir été criblé des balles et qui porta son arme au point. Ce qui est inhabituel pour quelqu’un dans un avion VIP, près à l’atterrissage. D’ailleurs, Mgr Desmond Tutu déclara, lors de la Commission Justice et Réconciliation postapartheid de l’Afrique du Sud qu’il avait trouvé des documents impliquant des services secrets sud-africains dans la mort de Dag Hammarskjöld. Ce qui corrobore à l’hypothèse qu’il aurait été tué par les mercenaires au service des intérêts miniers au Congo.
ÉVIDENCE ACTUELLE. Que cette mort ne fut pas un accident mais un assassinat ou un attentat ne fait plus ombre d’un doute. Qu’il eut, comme dans le cas de Lumumba, un network de centres d’intérêts financiers divers pour qui Dag Hammarskjöld était une barrière, est aussi une autre évidence. Surtout qu’il apparaît, avec évidence, que de nombreux services secrets savaient les conditions de cet attentat, mais n’avaient jamais souhaité déclassifier ces informations pour poursuivre l’enquête. Le tout est, actuellement, comme dans le cas de Lumumba, de rouvrir des archives, d’interviewer des acteurs et témoins encore en vie et surtout d’identifier qui savait quoi, à quel moment et à quel niveau et qui, en dernier ressort, a été le commanditaire in fine de cet attentat, au fait, à qui profita le crime ? Il apparait que, poussant et œuvrant pour l’indépendance totale d’un Congo uni, Dag Hammarskjöld, ayant une famille aux intérêts miniers dont un jeune frère dans ce business, commençait à bien entraver les intérêts de la CIA, des Britanniques, des Belges voire des Français et tous ceux-ci souhaitant cette indépendance du Katanga pour en tirer grand profit financier, avaient intérêt qu’il disparaisse. Car, comment expliquer par exemple que, c’est seulement après que fut révélée une autre photo du Secrétaire général gisant par terre sur une civière, faisant penser qu’il aurait pu être sauvé ! Ou encore, comment expliquer qu’alors qu’il était interdit de vendre des appareils pouvant servir d’avions de combat au Katanga, la France vendit ces Fouga au Katanga, arrivés en pièces détachées via l’Angola, avant de les rassembler pour les leurs livrer et les faisant piloter par des pilotes et mercenaires biens connus d’eux tous ? Les autorités katangaises étaient-ils dans le coup ou les vrais acteurs les mirent-ils à côté jusqu’au fait accompli ? Puis, comment expliquer qu’il a fallut près de cinquante ans sans que personne ne puisse enquêter