Mugabe, game over
Mugabe, game over
La date du 24 novembre est entrée dans l’histoire de l’Afrique comme celle de l’avènement de Mobutu au pouvoir. Cinquante-deux ans plus tard, elle rêvait un autre caractère. Si en 1965, ce jour était celui de l’avènement d’une dictature qui dura 32 ans, en 2017 par contre, il inaugure la présidence d’Emmerson Mnangagwa après 37 ans d’une autocratie sans nom.
L’homme qui vient de prendre les rênes du pouvoir à Harare, a réussi grâce à l’insurrection pacifique de l’armée à mettre fin au règne éternel de Robert Mugabe. Son rêve fou était de mourir centenaire au pouvoir. Le grand nationaliste qui a oublié son devoir de se battre pour le bien-être de sa population est tombé au fils des années au plus bas de l’échelle de la popularité. Le vieux dictateur, mourra peut-être à cent ans mais jamais plus à la tête du Zimbabwe.
La destitution de Mugabe par l’armée rappelle curieusement celle de Bourguiba, père de l’indépendance de la Tunisie. Le 6 novembre 1987, après 31 ans de règne sans partage, Habib Bourguiba âgé de 84 ans, n’avait toujours pas compris qu’il fallait passer le flambeau. Profitant de sa sénilité et de sa maladie, le général Ben Ali, à la fois Premier ministre et ministre de l’Intérieur, fait signer à sept médecins dont celui du président un rapport médical certifiant son incapacité mentale. Son joli putsch réussit, Ben Ali devient Chef de l’État grâce à un article de la Constitution. On se demandait même si le vieux président déchu savait qu’il était destitué.
A Harare, la mise en scène est l’œuvre des généraux Constantino Chiwenga et Sibusiso Moyo. Sous prétexte d’écarter des criminels de l’entourage du président, ils ont poussé Robert Mugabe à la sortie. La chute du dictateur a été saluée par des salves, des danses et des cris de joie. Car en Afrique, chaque fois qu’un despote tombe ou meurt, le peuple tout entier fait la fête.
Samuel Malonga