Kibonge à Mobutu: " Citoyen Président, voici la coupe "
Kibonge à Mobutu: " Citoyen Président, voici la coupe "
Lorsque cet après-midi-là de décembre 1973, Vita Club bat Kotoko du Ghana par le score continental de 3 buts à zéro, remportant ainsi le trophée Kwamé Nkrumah, le Guide Sese Seko est absent du pays. Il est en voyage officiel en France. A son retour, les autorités politiques et les nouveaux champions d’Afrique des clubs sont là pour l’accueillir. L’équipe chère aux bana mbongo hormis quelques absents comme Mavuba est présente sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili. A sa descente d’avion et après avoir salué son monde, Mobutu, comme l’a prévu le protocole, se dirige vers le capitaine Kibonge. Le meneur de jeu du club vert-noir lui remet le trophée en ces termes: " Citoyen Président, voici la coupe". Elle a échappé à Mazembe devant le même Kotoko au stade du 20 Mai et devant le même Mobutu.
Dans une atmosphère de fête et de revanche sur la redoutable équipe ghanéenne, le Guide a un mot courtois pour chaque joueur présent. A Kembo, auteur d’un des trois buts de la finale dont deux de Mayanga, le futur maréchal dit : "J’aimerais que ce trophée ne quitte plus le Zaïre". Mais dans cet imprévisible jeu de passe-passe dont seul le football a le secret, le trophée Kwame Nkrumah ne reste au pays de l’authenticité que le temps d’une édition. Il traverse le pool Malebo en 1974 pour atterrir de l’autre côté du fleuve entre les mains du Club Athlétique Renaissance Aiglon, le très redoutable CARA.
La coupe des nations quant à elle prend le chemin inverse. Remportée en 1972 par le Congo qui lui donne de Marie-Jeanne, elle quitte Brazzaville pour Kinshasa en 1974 où elle est aussitôt rebaptisée Moseka. Le Zaïre et la République Populaire du Congo, deux États voisins, venaient sportivement de s’échanger non des fanions mais les deux trophées les plus prestigieux et les plus convoités des compétitions africaines de football.
Samuel Malonga