Triple tentative de suicide dans la famille Bamba
Triple tentative de suicide dans la famille Bamba
Le 2 juin 1966 fut un bien sombre jour pour la ville de Léopoldville en particulier et pour le Congo tout entier en général. Pour la première fois, des hommes politiques, et non des moindres, furent exécutés en public. La République venait par cet acte odieux de mettre à mort ses propres anciens ministres. Ce drame national a failli tourné en tragédie familiale. Le clan Bamba a évité une hécatombe dans son sein. Car sa veuve, son frère et sa petite-sœur répondant au nom de Nsiona avaient tous tenté de mettre fin à leurs jours. Le journal américain "Evening Independent", en avait fait la couverture dans son édition du vendredi 3 juin 1966 sous le titre " Suicides follow Congo politician’s execution " (Des suicides ont suivi l’exécution des politiciens congolais).
Léopoldville, jeudi 2 juin 1966, triste jour pour la République. Les proches, les sympathisants et la famille de feu Emmanuel Bamba se sont réunis devant sa résidence pour faire le deuil.
Les trois membres de la famille du défunt Bamba ont voulu passer à l’acte après l’exécution de ce dernier. La nouvelle fut annoncée par Jean-Jacques Kande, le Haut-commissaire à l’Information de Mobutu. Madame Nsiona, mère de quatre enfants, avait tenté de se suicider dans la parcelle de son frère disparu. Sauvée, elle a aussitôt été transportée à l’hôpital. Immédiatement après le décès par pendaison d’Emmanuel Bamba, une foule nombreuse composée des membres de la famille, des amis et des sympathisants, s’est rassemblée devant sa maison pour faire le deuil et pour réconforter la veuve et les orphelins. Beaucoup y sont restés toute la nuit pour la veillée mortuaire en priant et en chantant de la musique funèbre.
La Une du Evening Independent du vendredi 3 juin 1966
Selon la même source, des cérémonies funéraires similaires furent aussi organisées dans les résidences d’Evariste Kimba, Jérôme Anany et Alexandre Mahamba.
"Evening Independant" est un journal américain qui à l’époque paraissait dans la ville de Saint Petersburg en Floride aux Etats-Unis.
Léopoldville, 2 juin 1966, place de la Cité, la seule photo officielle du triste événement. Les badaux sont venus très nombreux assister à la scène macabre de la pendaison de quatre anciens ministres de la République.
Samuel Malonga
Suite à la publication de cet article, des membres de la famille Bamba ont pris non sans émotion contact avec moi. Il s'agit de mon frère et ami Vicky Kandi et de Jean-Claude Nkunku. Ce dernier est le fils de mama Nsiona, la soeur cadette de feu Bamba qui tenta de mettre fin à ses jours. Jean-Claude Nkunku vient de confirmer ce fait en y apportant certains ajouts selon ce que sa mère lui avait raconté. Il avait quatre ans au moment des faits. Mama Nsiona avait un enfant sous les bras quand elle avait voulu se suicider. En outre, cette exécution de son frère l'avait profondement marquée, transformée tout son être. Sa vie était devenue triste, mélancolique et ne cessait de penser continuellement à son frère. Les quatre ministres pendus avaient été enterrés dans un carré au cimetière de Kintambo. Chaque année, le 2 juin était une occasion pour mama Nsiona de se recueillir sur la tombe de son frère, feu Emmanuel Bamba. Mais un bon jour à cette date de triste anniversaire, elle trouva un gros boa sur le tombeau. Depuis elle ne s'y était plus rendue. "Tu es mon fils, mais pas mon frère", fut la réponse de mama Nsiona à Jean-Claude Nkunku, qui se demandait pourquoi sa mère ne pouvait pas oublier et porter son amour amour maternelle à ses propres enfants. Cette réponse montre à suffisance comment cette maman était marquée à jamais par cette disparition. Les biens de feu Bamba avaient été confisqués même les parcelles qu'il avait concédées à ses deux soeurs dont mama Nsiona. Le grand projet d'Emmanuel Bamba était de construire des écoles dans les villages de sa terre natale. Il n'a eu le temps que d'en construire une à Kisonga. C'est aussi lui qui conseilla papa Massamba de s'impliquer dans l'éducation de la jeunesse congolaise. C'est alors que ce dernier se mettra des années plus tard à construite des établissements scolaires notamment à Kinshasa. N'ayant jamais vu le corps de leur parent, la famille Bamba n'a jamais fait le deuil qu'elle porte toujours depuis 1966. Bamba qui portait le nom de son père biologique, était le deuxième d'une famille de cinq enfants. Papa Honoré Nkunku, le père de Jean-Claude, est encore en vie. Cette bibliothèque vivante qui n'a pas encore brûlé doit être consulté pour éclairer certaines pages inconnues ou cachées de notre histoire.
Commentaire n°1 posté par Samuel Malonga aujourd'hui à 16h11
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