Pamelo Mounk'A: 15 ans déjà
PAMELO MOUNK’ A
TOUTE UNE VIE POUR LA CHANSON
La figure de PAMELO MOUNK’A, 15 ans après sa mort le 14 Janvier 1996, demeure très présente, aussi bien auprès du public que des musiciens… Son apport fut énorme, notamment dans l’évolution vocale du style des Bantous de la Capitale. Il est une des figures les plus actives et populaires de la musique congolaise des années 80.
Harmoniciste au phrasé parcimonieux mais très expressif, c’est surtout un compositeur d’une dimension exceptionnelle. Il a su se servir des acquis du style de composer de TABU LEY son inspirateur – soit dit en passant, on peut le considérer comme l’un des grands adeptes de l’école African – et renouveler la présentation de la rumba traditionnelle, (Rumba-soukous)
Nalanda Bango, par Pamelo et les Bantous
Venu très jeune sur la scène professionnelle, « Pablito », puis « Pamélo » par la suite s’est rapidement acquis une réputation de compositeur lyrique grâce à une parfaite orientation conçue avec rigueur par son parrain TABU LEY « Rochereau « dont il faut lui rendre cette reconnaissance.
Yvon MBEMBA BINGUI dit PAMELO MOUNK’A a vu le jour le 10 Mai 1945 à Poto-Poto - Brazzaville – Congo. Il apprend seul à chanter, et comme beaucoup d’autodidactes, il fait ses débuts dans « Le Club des jeunes élégants de Poto-Poto, en sigle « CDJE », un groupe musical du quartier qu’il anime avec Jean-Pierre NGOMBE et FOUNDOU « Mulélé »
C’est en 1963 à Kinshasa où la musique est alors en pleine effervescence que PAMELO rencontre TABU LEY. Celui-ci jouera un rôle important dans l’harmonisation hardie que caractérisent les compositions de PAMELO. A en juger par le succès qu’à connu sa première chanson sur disque « Lucie » réalisée avec l’orchestre African Fiesta et qui fut une grande révélation.
De cette époque nous conservons heureusement plusieurs admirables enregistrements non signés par PAMELO, mais dans lesquels on reconnaît son doigté. Il est certain que PAMELO a eu raison de faire signer par la suite le fruit de ses efforts dont il a su en tirer une sonorité aussi chaude, tendre et riche à la fois, notamment, « Lakisa bango », « Me voy a cantar » « Domingo a sabado » « Amartes » avec l’African Fiesta, un excellent orchestre qui pouvait jouer tout aussi bien des rythmes locaux que de puissants arrangements des rythmes afro caribéens
Le 19 Juillet 1963, le climat créé par le départ du chanteur Joseph BUKASA « Jojo », des guitaristes Jacques MAMBAU « Jacky » et Antoine NEDULE « Papa Noël » de l’orchestre « Les Bantous de la Capitale » contribue à donner à PAMELO une place de premier chorus devant Michel BOYIBANDA et Miguel SAMBA. Sur un thème intelligemment construit et dont l’accomplissement est un modèle de goût, PAMELO vénère son entrée dans « Les Bantous de la capitale » par un titre très significatif : « Nalanda bango »
(...Je les suis), disque Stenco.
Le 1er Avril 1964, PAMELO s’éclipse pour rejoindre TABU LEY à Kinshasa. L’enfant a rejoint son « père ». Son talent en sortira agrandi et la maturité au point. Avec plusieurs titres à succès se trouvent particulièrement mis en valeur l’originalité et la continuité de la pensée mélodique de PAMELO.
Le séjour kinois de PAMELO MOUNK’A dans l’African Fiesta ne durera que cinq mois, car le 22 Août 1964 l’expulsion des ressortissants congolais de Brazzaville du territoire du Congo Léopoldville, contraint les musiciens congolais de Brazzaville de rentrer au bercail, notamment PAMELO qui est admis à réintégrer Les Bantous en voyage à Douala. Avec Les Bantous, il participe en 1966 au 1er Festival mondial des arts nègres à Dakar, au 1er Festival culturel panafricain d’Alger en 1969, avant de s’imposer pendant longtemps au hit-parade africain grâce aux chansons « On va se marier » et « Masua » parues en 1966 et en 1967 chez Pathé Marconi.
En 1970, et en marge des activités de l’orchestre Bantous, PAMELO crée avec l’organiste Freddy KEBANO et le chanteur Maurice OBAMI un groupe promotionnel dénommé « Les Fantômes » qui fait fureur avec la sortie des titres de PAMELO « Petite Lola » et « Séjour » éditées par Pathé Marconi.
PAMELO trouve dans le succès du groupe « Les Fantômes » une caution merveilleuse pour une fois de plus, claquer la porte aux Bantous et créé en Septembre 1972 avec Célestin KOUKA « Célio », Côme MOUNTOUARI « Kosmos », l’orchestre « LE PEUPLE » du trio CEPAKOS dont les premières interprétations commencent dans un climat de spectaculaires progrès à travers des œuvres d’une esthétique incomparable de PAMELO ; « Alléluia », « Sonia », « Mwana Mboyo », etc.
En 1978, PAMELO MOUNK’A revient dans Les Bantous de la capitale, et participe avec eux au 11ème Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à la Havane (Cuba). En 1981, fort de l’expérience vécue à Cuba, il décide une fois de plus de se séparer des Bantous pour s’engager dans une carrière solo. C’est ainsi qu’il réalise à la Maison EDYSON des œuvres fort impressionnantes qui font de lui l’un des artistes africains le plus écouté Citons : « L’argent appelle l’argent », « Amour de Nombakele », « Ce n’est que ma secrétaire » …
Amour de Noumbakele
Le 4 Septembre 1986 l’orchestre Les Bantous de la capitale se réconcilie avec les anciens musiciens dissidents, sous la médiation du Maire de Brazzaville de l’époque Jean Jules OKABANDO. Après ces retrouvailles, PAMELO MOUNK’A est nommé chef d’orchestre et ce jusqu’en 1990 date du énième éclatement des BANTOUS par la création de BANTOUS MONUMENT, dans lequel figurent PAMELO MOUNK’A, Edo GANGA, Célestin KOUKA, Alphonso TALOULOU et Joseph SAMBA « Mascott ».
La production musicale de PAMELO dans l’orchestre Bantous Monument se ralentit malheureusement, l’état de santé du musicien s’aggrave ; après un dernier voyage en France en septembre 1994, et plus d’un an après, le 14 JANVIER 1996 PAMELO MOUNK’A tire sa révérence à Brazzaville à l’âge de 51 ans, après avoir jusqu’au bout chanté la « Rumba-Soukous » qu’il aimait tant. Il est promu à titre posthume de la Médaille du mérite congolais. A son brillant palmarès, plusieurs fois à la une du hit parade africain et un prix : le trophée « Gwomo Africa » décerné en Août 1995 à Kinshasa (RDC)
Samatha, Trésor Hindou
Une intéressante compilation de toute la grande période de PAMELO MOUNK’A est gravée dans plusieurs albums qui regroupent ses plus grands succès, joués avec énergie farouche dans une ambiance chaude et excitante chez l’éditeur Cyriaque BASSOKA (www.bassoka.fr)
Clément OSSINONDE
Clement.ossinonde@sfr.fr