"Ngalula Marthe" : grand succès de 1970 à travers le pays.
"Ngalula Marthe" : grand succès de 1970 à travers le pays.
Lorsque nous évoquons l’année 1970, 43 ans après, il nous est difficile actuellement de restituer exactement l’ambiance musicale de l’époque. Les chansons à succès se comptaient par centaines. Le pays était rempli par des maisons d’édition qui diffusaient les nouveautés à longueur de journées.
Le succès d’une chanson se mesurait par son impact à travers tout le pays. C’est ainsi que nous avions jaugé l’ampleur de l’orchestre T.P.Zembe-Zembe non pas seulement à Kinshasa, mais aussi au Katanga où nous avions séjourné en 1971.
A part les chansons de Zembe-Zembe, nous avions apprécié le succès fou récolté par la chanson « Ngalula Marthe » de Tumba Bedermos et l’orchestre Elegance –Jazz de Kinshasa(Yolo) dans le Bateau que nous avions emprunté en 1971 pour nous rendre à Lubumbashi. Lors des escales à Mangai, Dibaya –Lubue, Brabant, Port-Franqui (Ilebo), Kananga, Kamina…., tout le monde dansait au rythme de cette chanson.
Sur place à Lubumbashi où nous avions eu la chance d’assister au match St Eloi Lupopo Vs Daring marquant l’inauguration du Stade Mobutu , Ngalula Marthe avait le même succès auprès des mélomanes. Mais force est reconnaître qu’en même temps, une chanson locale dans laquelle on criait « Mandjosa » était aussi appréciée. Peut-être nos amis de Lubumbashi nous édifieront sur ce qui semblait être un rythme à la mode.
P.S. Nous informons les mbokatiers qu'il existe encore beaucoup de sujets sur l'année 1970 qui restent à publier.
Messager
Ngalula Marthe, par Tumba Bedermos, et Elégance -Jazz
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Voici une interview de l’auteur de Ngalula Marthe, réalisée en mai 2012 par Bienvenu Ipan du Potentiel.
Ntumba Bermos, l’auteur compositeur de « Ngalula » plaide pour le respect des droits d’auteurs
Kinshasa, 14/05/2012 / Musique
Le compositeur de chansons « Ngalula», «Marthe», «Lisumu Lisango» qui ont cartonné dans des Hits parades internationaux des années 72-80 évoque la problématique des droits d'auteurs et de la maffia entretenue par certaines sociétés étrangères sur le piratage intellectuel des œuvres de l’esprit.
Ntumba Bedermos Lubombo Tunsaki
Emmanuel est auteur compositeur de célèbres chansons mythiques (telles que «Ngalula», «Marthe», «Lisumu Lisango») ayant cartonné dans des Hits parades internationaux des années 72-80 et vendues
à des milliers d'exemplaires par les sociétés Decca, Sophrason, Sonodisc, Sonomusic et Next Music de Paris.
Au cours d’un entretien accordé au Potentiel, ce guitariste soliste, chef d'orchestre «Elégance Jazz» et des éditions «Meké Meké» exprime ses regrets et pensées sur la problématique des droits
d'auteurs et la maffia entretenue par certaines sociétés étrangères sur le piratage intellectuel des œuvres de l’esprit. Ci-dessous l’interview.
A quand remontent vos
débuts dans la musique ?
Je suis guitariste de profession depuis 1957, lorsque j'ai fondé mon orchestre «Elégance Jazz». Mais, c'est en 1955 que je fus accompagnateur d’Ebengo Dewayon, chef d'orchestre «Konga
Jazz».
C’est quand j’ai quitté cet orchestre que j'ai fondé mon «Elégance Jazz» en 1957. Je faisais alors mes productions à l'ex-hôtel bar «Congo ya Sika», sur l'avenue Kabambare, dans la commune de
Kinshasa. En 1958, j'ai signé un contrat de production de mes œuvres aux Editions «Esengo» d’Antonopouloos, un sujet grec.
Un contrat d'une durée de trois ans a permis à ces Editions de lancer sur le marché des disques 14 de mes chansons. En 1960, je quitte l'hôtel-bar Congo ya Sika pour produire dans différents
bars et endroits tels que Jamar bar, Tshibangu bar, à Bandalungwa ; Maître Ngombe, à Yolo Sud ; Maison Mère et Mongo bar, à Matete ; Sirop bar, à N’Djili.
Qu’est-ce qui explique
le temps mort observé pendant longtemps au sein de votre orchestre ?
Cela s’explique par le fait qu'en 1963, j'ai dû faire une grande tournée musicale dans les provinces du Kasaï Occidental et du Kasaï Oriental. Durant cette tournée, mon orchestre a connu une
dislocation en 1968 et les artistes sont restés au Kasaï. J'étais alors dans l’obligation de rentrer seul à Kinshasa.
Comment êtes-vous
arrivé à composer vos chansons mythiques de l'époque alors que vos musiciens étaient restés au Kasaï ?
Vers les débuts 69, un certain Vidard, sujet français, venant de Paris pour représenter la société Philips au Congo, avait organisé un concours des orchestres pour les enregistrements. Il avait
recruté près de 27 orchestres dont «Bella Bella», «Grands Maquizards», «Les Simba», «Zembe Zembe». Lors de cette compétition, j'étais sorti avec une meilleure côte. A ce titre, Vidard m'a
obligé de mettre sur pied un orchestre comme il tenait beaucoup à mes qualités de meilleur artiste compositeur.
C'est ainsi que j'avais recruté quelques musiciens sur sa demande. Une semaine après avoir enregistré mes six chansons au studio Philips, Vidard prendra fuite avec ma bande de six chansons
enregistrées pour Nairobi au Kenya sans mon consentement. C'est à partir de là qu'il largua mes chansons sur le marché du disque.
Mes chansons récoltèrent un grand succès de 1969 jusqu'à présent. Et de son côté, le sujet français n'a même pas songé à me payer mes royalties des ventes depuis ces temps-là jusqu'à ce jour.
Je suis très soucieux de constater que les droits mécaniques de mes chansons vendus par le précité de la société Philips sont bloqués à la SACEM (une société des droits d’auteurs) de Paris et
SABAM de Bruxelles.
Est-ce cela qui vous
fait scandaliser ?
Oui, parce que les deux sociétés citées sont soi-disant, bien organisées malheureusement, elles n'arrivent pas à payer mes droits mécaniques en provenance de la société Philips et cela depuis
1969. Je ne suis pas le seul artiste pénalisé, il y a aussi tant d'autres artistes congolais, en particulier et africains en général, qui se retrouvent dans la même situation que moi. C'est
pourquoi, je crie au secours.
Comment
expliqueriez-vous que vos chansons se retrouvent chez Decca au moment où c'était Vidard qui avait fui avec vos chansons ?
C'est-à-dire qu'à cette époque je l'avais accusé au tribunal pour escroquerie intellectuelle où il était condamné par défaut.
C'est parce que j'ai réenregistré les mêmes chansons en 1970 et j'étais secouru par un ministre. J'ai lancé les mêmes chansons dans ma maison d’éditions Meké Meké et, elles ont récolté aussi un
grand succès. C'est par là que Bigard, l’administrateur délégué de la société Fonior de Belgique, inondé par les commandes de mes œuvres, m'enverra une délégation venant de Bruxelles,
sollicitant mon aval sur un contrat de cinq ans en tacite.
C'est en 1972 que Pelgrim de Bigard enverra mes œuvres à la société Decca de Paris pour vente et pressage de mes œuvres. Quelques jours après, Mme Lecouviur de la société Decca a réalisé les
pressages et ventes de 366 613 exemplaires sur 45 tours sans compter les 33 tours, cassettes et CD réflexibles. La vente de ces supports ne m'a jamais été payée, sauf celle de 45 tours.
Y a-t-il d'autres
sociétés avec lesquelles vous avez des problèmes ?
Bien sûr que oui. En 1980, en constatant que les sociétés Decca et Fonior ne m'avaient pas payé les royalties de supports tels que 33 tours, cassettes et CO, j'avais résilié le contrat avec
elles. Entre-temps, l'article 6 de notre contrat stipule qu'à la fin du contrat, ces sociétés ne devraient plus vendre mes œuvres, mes bandes et matrices devraient être brûlées par la société
Fonior. Mais hélas ! En déclarant faillite en 1981, Fonior céda mes œuvres à la société Sonodisc qui les venda durant dix ans sans mon autorisation.
Après dix ans, cette dernière les céda à Sonomusic toujours sans mon autorisation. Cette sonomusic va, à son tour, céder mes œuvres à la société Nextmusic sans mon autorisation. En dehors de
ces sociétés qui vendent illicitement mes œuvres, il y a trois autres sociétés parisiennes qui, à ces jours, continuent à vendre mes œuvres. "
Vu la confiance que j'avais placée en la Sacem et la Sabam du côté organisation des services, je leur demande d’abord de réparer cette erreur pour leur honneur. Aussi, en constatant l’erreur
commise par ces deux sociétés française et belge, la Soneca avait réclamé à la date du 08/11/2004, mes droits de reproduction mécaniques d'exécution publique de 46 œuvres de mes différents
titres cédés à la société Fonior de Bruxelles et pressés par les sociétés Decca et Sophrason de Paris. Cette réclamation est restée lettre morte jusqu'à présent. Je demande enfin à la Sacem de
me verser les droits mécaniques de 366 613 exemplaires et leurs droits d'exécutions publiques et radio.
Que cette société ait la bonne foi non seulement de me payer les droits mécaniques mais aussi ceux d'exécutions publiques de 44 titres qu'elle a l'habitude d'escamoter dans tous ses relevés,
alors que les relevés Decca démontrent les différents numéros de plusieurs œuvres de l'édition Meké-Meké.
Par ailleurs, trois de mes musiciens compositeurs sont morts en laissant leurs droits à la Sacem et Sabam. A noter aussi que nous sommes en Afrique avec nos orchestres et ces managers quittent
l'Europe pour venir négocier avec nous pour qu'en fin de compte, ils puissent détourner leurs droits. C'est le cas de Pelgrim de la société Fonior.
Bienvenu Ipan/Le
Potentiel
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