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Publié par Messager


L’Assiette au Beurre était une revue illustrée , satirique et libertaire française parue entre 1901 et 1912 à Paris. Son créateur, était un juif hongrois naturalisé français nommé Samuel Schwarz.  Le journal se distinguait des autres par sa composition inédite. Chaque numéro était réalisé par un artiste sur un thème précis et était composé de seize dessins ou caricatures qui occupait toute la page. Chaque illustration était généralement accompagnée d' un texte bref.

 

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    Les marchandises (Business is business)

 

Beaucoup d’illustrateurs et d’écrivains dont Anatole France ont participé à sa réalisation. Au total il y avait 200 artistes étrangers. Le but de cet hebdomadaire caractéristique par son ouverture internationale était à travers la caricature de se moquer des autorités, des riches, des curés,  des militaires, des policiers, des francs-maçons. En dix ans d’existence, il y eut 593 numéros pleins de feuilles humoristiques d’une signification inégalée qui ont brossé les problèmes de société de l’époque. Plusieurs thèmes y étaient abordés, disséqués ; des personnalités étaient croqués, cela bien avant le Canard enchaîné qui est apparu en 1915. Parmi les hommes politiques ou souverains « malmenés », il y avait bien entendu le roi Léopold II de Belgique qui possédait au cœur de l’Afrique un immense territoire de plus de 2 millions de km² soit 80 fois plus grand que son propre royaume.

 

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Léopold II et ses bénéfices... (L'Assiette au Beurre de juin 1908)

 

Le Congo fit donc la une de L’Assiette au Beurre. Le journal dénonçait par ses caricatures les excès de ce monarque dont la devise était l’argent pour l’argent et qui avait peu d’égard pour le respect des droits de la personne humaine. En 1908, année ou le Congo est passé du statut de simple propriété personnelle du roi à celui de colonie belge, le journal satirique publia une série de caricatures qui épingla Léopold II. Dans  Congo, entrée interdite au public, on voit deux hommes en redingote, le Yankee (entendez l’Américain) coiffé de son haut de forme écouter pensif le concierge Léopold II lui dire quelques mots en ces termes : « Ne vous occupez pas de ce qui se passe derrière cette porte, et si vous avez des remords, soyez sans inquiétude : je vous donnerai assez de caoutchouc pour vous faire une conscience élastique ».  On n’ignore le réponse de l’Américain. Nul doute qu’il avait mis la main à la poche pour s’offrir le précieux or blanc tiré des plantations congolaises.  Derrière la porte barricadée dont l’entrée était interdite au public se passait un génocide. Sur le souverain belge, ces artistes satiriques et libertaires

 

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Le cimetière libre du Congo! (L'Assiette au Beurre N°376 de juin 1908)

 

avaient rivalisé d’imagination. Il y avait par exemple une caricature où l’impôt consistait au Congolais à remplir sans broncher une malle avec 25.000 tonnes de cartouches pardon de caoutchouc. Ou encore une autre où on voyait le roi chasser non des animaux mais plutôt des êtres humains sans état d’âme. Léopold II fut une source d’inspiration pour les caricaturistes de la presse satirique. L’Assiette au Beurre fut un Mémorial de la révolte. Anticlérical , antimilitariste , anticapitaliste , anti-fonctionnaire,   antitout, parfois violente, la revue s’y était donnée à cœur joie pour dénoncer parfois avec une  virulence inouïe les agissements du monarque barbu comme pour s’attaquer à son avidité sans pareil.

 

Samuel Malonga

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S
<br /> <br /> Merci cher Simbandaye.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> A César.... Mon hommage s'adresse surtout à Sam Malonga. <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Excellent travail de recherche et de mémoire, Messager. Juste quelques précisions, avec ta permission. Ce journal avait une nette tendance anarchiste, anticolonialiste et<br /> anticléricale. En outre, il s'adressait essentiellement à un électorat issu de la bourgeoisie de gauche, d'où des thèmes récurrents comme la peine de mort et contre le colonialisme, notamment le<br /> colonialisme belge au Congo. Et comme tu le laisses entendre, Maurice et Jeanne Maréchal, les fondateurs du Canard Enchaîné, se sont fortement<br /> inspirés de cet exemple. Enfin, certains historiens laissent entendre que ''Voyage au bout de la nuit'', le célèbre et controversé roman de Louis Ferdinand<br /> Céline a été influencé par les caricatures de ce journal. Encore Bravo. Ndaye Elombé.<br /> <br /> <br /> <br />
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