La religion peut devenir un danger pour la conscience collective
Référence:http://www.mbokamosika.com/article-dieu-avec-laurent-gbabgo-une-fausse-prophetie-71663542.html
Cher Messager,
Voilà le type d'article qui devrait entraîner l'adhésion de nombreux Mbokatiers, même si l'objet de ce genre d'exercice est de susciter le débat contradictoire. Je note simplement qu'il y'a quelques jours, notre ami Adéi Toko avait signé un excellent article intitulé ''Génération conscienjte'', qui mettait en quelque sorte les Congolais devant leur obligation de prendre leur destin en main. J'y ai personnellement réagi, en un commentaire sur l'aricle ''Affaire Kitikwala de Simarro'', rédigé par Zépyrin Kirika. J'y avançais entre autre que, <<si les Congolais doivent attendre que le changement, si attendu dans le pays vienne du ciel, l'attente risque d'être longue>>.
En d'autres termes, il serait temps que nous sachions que la religion, dès qu'elle sort de la stricte sphère privée, devient un danger pour la conscience collective. Point n'est besoin de revenir ici sur les savantes études du passé qui montrent les relations incestueuses entre le pouvoir et la religion. Dans un pays, <<lorsque la religion entre par la porte, la raison et le bon sens sortent par la fenêtre.>> Que l'on me comprenne bien. La religion est d'abord, devrait être uniquement une affaire privée. C'est pourquoi de nombreuses constitutions garantissent la liberté de culte pour tous les citoyens. Et c'est fort bien ainsi. Les constitutionnalistes français, qui ont rédigé le Concordat de 1905, consacrant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le savaient bien.
Plus d'un siècle après, des hommes de bonne volonté bataillent aujourd'hui encore pour faire respecter la laïcité. Pendant ce temps, que voyons-nous en Afrique? L'exemple ivoirien que tu cites, Messager, est peut-être le plus actuel et le plus symptômatique. Mais il n'est malheureusement pas le seul. Dans quasiment tous nos pays, on en arrive <<à mettrre Dieu à toutes les sauces>>. On sait quel rôle abêtissant et abrutissant ont joué les églises du réveil et ses pasteurs retors et âpres au gain dans la chute de Gbagbo. On sait à quel point son épouse Simone était littéralement hystérisque et sous l'emprise de ces charlatans. Comment peut-on, en plein 21e siècle, croire à de telles inepties? Son air hagard et incrédule, à son arrivée à l'Hotel du Golfe, vaudrait tous les commentaires si, dans le même temps, des milliers d'ivoiriens n'avaient été massacrés pour rien.
En fait si, pas pour rien. Pour une soif inextinguible du pouvoir et du lucre, encouragée par des apprentis sorciers qui pensent parler et agir au nom de Dieu. Mais Dieu appartient à tout un chacun. Dieu ne fait exception de personne. <<Dès lors, se l'approprier est déjà une hérésie.>> Nos dirigeants le comprennent-ils? Surtout ceux qui arborent obstensiblement leur appartenance à telle ou telle église et qui n'ont que Dieu à la bouche alors que leurs agissements sont aux antipodes de la charité biblique? Ce que les peuples leur demandent, ce ne sont pas des discours messianiques, mais quand construiront-ils des écoles, des hôpitaux, des routes, bref...des infrastructures pour le bien de ces peuples? Gbagbo est tombé.
Selon toute vraissemblance, il ne sera pas le seul exalté, qui se croyait investi d'un pouvoir divin, à passer à la trappe de l'histoire. D'autres vont suivre, cleptomanes habillés en dignitaires religieux, entourés d'une cour de conseillers spirituels. L'histoire s'est être implacable. En attendant, arrêtons de croire que, même les bras croisés, tout nous viendra du ciel. Ce discours d'un autre âge ne contribue qu'à anesthésier les consciences. Notre destin doit être entre nos mains, à commencer par le choix de nos dirigeants, eux-mêmes conscients de leur mission dépouillée de toute considération messianique
. Simba Ndaye.