La radio au Congo Belge
La radio au Congo Belge
De la Voix du Zaïre, le grand tam-tam d’Afrique à la RTNC le chemin avait été long. Le Congo avec sa radio nous a donné de véritables chevaliers du micro. Nous avions connu des journalistes comme le chroniqueur Ngwanza Malonda, Kasonga Mbunga ou Makoko Musheni ; les animateurs Ignace Mabeka, le très célèbre Mateta Kanda ou Batudianga Beta et bien d’autres. Mais avant eux , il y avait des pionniers qui avaient d’abord travaillé pour le compte de la radio coloniale, la RCBA, puis sont passés après l’indépendance à la Radiodiffusion Nationale Congolaise, la RNC. Nous avions voulu rendre un vibrant hommage à ces Congolais de première heure qui à travers la radio avaient rendu service à la nation par le divertissement, l’information et l’éducation des masses populaires congolaises. Certains parmi eux étaient au-devant de la scène. Ils étaient journalistes ou speakers . D’autres par contre se trouvaient dans l’ombre au bureau travaillant sans relâche comme commis pour la réussite des émissions. Outre, les infos, il y avait aussi des sketches et des variétés congolaises. La diffusion de la culture congolaise par les ondes venait de commencer.
L’histoire de la radio est liée avec les Pères Jésuites. Ayant en charge l’éducation de la jeunesse, ils installent en 1937 la station de Radio Léo qui émet depuis le Collège Albert 1er (collège Boboto). Les missionnaires de la Compagnie de Jésus ouvrent par ce moyen audiovisuel la voie à l’information, à l’éducation et au divertissement sain des populations indigènes. Elle utilise seulement le français et le néerlandais et ne diffuse que deux heures par jour. Mais le succès est grand. Deux ans plus tard, Radio Congolia est fondée par un technicien belge. Elle ratisse large avec des émissions dans les quatre langues nationales congolaises. C’est en octobre 1940 qu’est créée la radio propre à la colonie : la RCB (radio Congo belge). Bien qu’installée à Léopoldville, elle ne s’adresse pas aux autochtones mais plutôt aux auditeurs blancs. Seuls le français et le portugais sont utilisés et le personnel est exclusivement européen.
Les premiers Congolais à travailler à la radio sont recrutés en 1941 par la RNB (radio nationale belge). La Belgique était occupée, la station du royaume détruite par les Allemands, le gouvernement belge en exil à Londres fit installer à Léopoldville une radio qui devint sa voix dans le monde. La RNB ne dépendait pas de l’exécutif colonial. Comme le personnel belge ne pouvait pas tout faire seul, elle recruta une bonne centaine de Congolais comme opérateurs TSF, dactylos ou commis. Ces pionniers étaient Augustin Lutula premier engagé et qui devint en 1961 secrétaire général du ministère de l’Information et des Affaires culturelles, Edmond Olito, Théophile Dikiadi, Charles Mayembo, Gustave Nkomo et Maurice Kasongo qui fut le premier speaker congolais. En mai 1947, les Pères salésiens du Collège Saint-François de la Sales, inaugurent « Radio-Collège » à Elisabethville.
Pour pallier à la carence, la RCBA, Radio Congo Belge pour Africains ou pour Indigènes, voit le jour en 1949. Elle est uniquement créée pour les autochtones. Les émissions et les infos sont présentées par des Congolais et se passent dans les quatre langues nationales et en français. La direction des émissions africaines diffuse un seul programme par jour soit de 17 à 19 heures 30. Le dimanche, la station émet de 11 à 13 heures, puis de 16 à 20 heures. La semaine est ainsi programmée : lingala le lundi, mardi le swahili, mercredi le tshiluba, jeudi le kikongo. Le vendredi est réservé aux émissions de la Force publique. Les disques demandés ont lieu le samedi et le dimanche. De 1954 à 1958, des radios provinciales sont inaugurés dans les chefs-lieux des six provinces en vue de marquer la diversité culturelle du Congo. Notons que l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK) et la compagnie des chemins de fer du Bas-Congo au Katanga (BCK) possédaient ensemble Radio UAFAC pour donner les informations propres aux deux sociétés, pour faire leur promotion et pour divertir leurs personnels. Les écoles officielles où étudiaient les enfants des colons blancs fondèrent des stations de radio dénommées "Les amis de l’Athénée", à Costermansville (Bukavu), Coquilhatville (Mbandaka) , Luluabourg (Kananga) et Stanleyville (Kisangani).
A Léopoldville, le personnel de production pour les émissions congolaises de la RBCA était
composé de Albert Mongita (il devint directeur des Affaires culturelles après l’indépendance) et Pascal Maduku, rédacteurs et speakers en lingala ;
Pauline Lisanga, speakerine en français http://www.afriquespoir.com/
Samuel Malonga
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