40e AN.DE L’ENROLEMENT DES ETUDIANTS DANS L’ARMEE
40e ANNIVERSAIRE DE L’ENROLEMENT DES ETUDIANTS DANS L’ARMEE
4 juin 1971-8 juin 2011, cela fait 40 ans que les étudiants de L’Université Lovanium, suivis par ceux de l’Université Officielle du Congo (UOC) furent enrôlés dans l’Armée Nationale Congolaise, sur décision du Bureau Politique du MPR.
Pour commémorer cet événement, nous proposons aux mbokatiers un rappel des faits historiques qui avaient amené le régime Mobutu à réprimer d’une façon impitoyable le mouvement pacifique des étudiants commencé en 1969, avant de reprendre les extraits des témoignages de deux anciens étudiants de Lovanium victimes de cette mesure . Enfin, nous auditionnerons deux chansons en vogue à l’époque, dédiées par Bob, un des anciens miliciens à ses anciens compagnons.
RAPPEL DES FAITS
Mobutu retrousse les manches(1965-'66)
4 juin 1969 : Répression d’une manifestation des étudiants de Lovanium par les éléments de l’Armée. Bilan : plusieurs étudiants tués, et de nombreux blessés.
4 juin 1971 : Lors du 2ème anniversaire de la mort des
étudiants en 1969, plusieurs cérémonies organisées à Lovanium dénoncent une fois de plus la brutalité du régime Mobutu. En guise de réaction le Bureau Politique du MPR, par la bouche de
Prosper Mandrandele, décide de l’emprisonnement de 13 étudiants meneurs à Luzumu et l’enrôlement du reste des étudiants dans l’armée.
Le procès des étudiants
Par solidarité, 204 étudiants volontaires de l’UOC sont également enrôlés et transférés à Kitona pour une formation militaire de 13 mois.
Les étudiants au Centre de formation de Kitona
18 mai 1972 : Faisant suite aux pressions de la Communauté Internationale et de l'Eglise Catholique, le Bureau Politique du MPR annonce la reprise des cours à l’Université Nationale du Zaïre, regroupant l’ancienne Université Lovanium, l’UOC de Lubumbashi, et l’ULC de Kisangani.
1973 : Démobilisation générale des étudiants.
Mbokamosika
TEMOIGNAGES DES DEUX ANCIENS ETUDIANTS DE LOVANIUM
La cité Universitaire de Lovanium
Il n'y a pas si longtemps, je cherchais sur Youtube la chanson "Valentine" de Symba... Cela m'a amené à me souvenir de Thoy Maba, "Petit Mao", par opposition à celui qui était censé être "Grand Mao", mais qu'on appelait comme tel, Mao Tshinkwela (Feu Maître Tshinkwela). Tous les deux logeaient avec moi au Home 30 à Lovanium... Thoy Maba était le "maire" de notre aile.
L'une des responsabilités de maires dont je me souviens était que c'est chez eux qu'à la fin de chaque mois, on allait chercher son rouleau de papier hygiénique.... Ils en avaient certainement encore d'autres, mais cela fait bien longtemps... notre belle histoire de "Lovaniards" s'étant brusquement arrêtée un 4 juin 1971.... Armée, Unaza et la suite.... C'était la dispersion...
Bob
Je regrette que l’auteur du premier commentaire n’ait signé que par son pseudonyme “Bob”. Je l’aurais peut-être reconnu s’il s’était identifié par son nom de famille, car j’étais aussi un pensionnaire du Home 30 à l’Université Lovanium en 1969. L’évocation de Thoy Maba, Petit Mao, réveille en moi d’intenses souvenirs de ma première jeunesse. J’ai passé toutes les années d’études en économie avec Thoy Maba, jusqu’en 1973, quand nous avons obtenu notre diplôme de licence en économie. On lui donnait peu de chance de réussir; il donnait l’impression d’être plus accaparé par les activités mondaines. Il comptait parmi les « descendeurs » emblématiques, disparaissant le vendredi soir pour rentrer au Campus le lundi. J’ai été avec lui dans l’Armée à la suite de l’enrôlement des étudiants en 1971. Au Camp Tshatsi où nous avions passé trois mois, Thoy Maba nous suppliait de faire l’effort de ne pas l’appeler par «Mao», ce qui lui aurait causé de graves ennuis pour des raisons évidentes.
Par Ngimbi Kalumvueziko, Auteur de CONGO-ZAIRE, LE DESTIN TRAGIQUE D'UNE NATION, et LE PYGMEE CONGOLAIS EXPOSE DANS UN ZOO AMERICAIN, publies aux editions l'Harmattan de Paris.
Mon cher Ngimbi Kalumvueziko, ex-sous-officier de 1ère classe de réserve, Soda ya mpiko !
Je me réjouis de retrouver sur cette toile un ancien client de "Célibateur" du restaurant du Home 30... Qui se doutait que la dispersion qui avait suivi notre enrôlement na « ANCeu » présageait des séparations définitives ? Voilà, cela fait bientôt 40 ans dans 3 jours, jour pour jour, que nos destins ont inexorablement à basculé. Depuis lors, je n'ai plus eu l'occasion de rencontrer beaucoup d'anciens de Lovanium parce que j'ai immédiatement quitté le Zaïre sitôt ma licence en linguistique africaine obtenue à Lubumbashi...
Mon identité est telle que l'administrateur de Messager l'a déclinée dans son annonce à mon évocation de la mémoire de Thoy Maba. Je me souviens bien du fait que vous évoquez. J'étais du Bon "Ceu" à Binza, sous le commandement du Lieutenant Jean Etuli. C'était après notre première sortie. Un soir, me trouvant dans le campement du Bon A (Commandant Munganga) dont Thoy Maba était, je crois ; Munkulu Isidore (c'est comme ça qu'il s'appelait, si ma mémoire est bonne) le photographe "attitre" et "patenté" de la faculté de philosophie & lettres, avait ramené des photos développées de la marche mémorable de la matinée du 4 juin sur le circuit périphérique du plateau du Mont Amba, après la messe. Il y avait un cliché où Thoy Maba apparaissait clairement dans la manifestation, le front ceint d'un bandeau blanc... Je me rappelle sa consternation et son insistance auprès de Munkulu pour qu'il usât de discrétion de ces documents... et à quelqu'un qui l’interpelait "Mao", il recommandait de ne plus user de ce nom pour ne pas le mettre en danger... Pour le charrier un peu, chacun y est allé de son petit commentaire...
Pour ce qui est de ses activités, je serais plus enclin à dire qu'il avait des préoccupations "culturelles et artistiques" plutôt que mondaines. D'ailleurs, ils étaient deux à afficher cette "attitude de défi" vis-à- vis dés études pour les étudiants bien pensants. C'était Henri Kandolo, dit "Kandolo le musicien" (fac de droit) par opposition à Kaf, l'homme du 4 juin 1969, Kandolo François, président de l'AGL, et lui, Thoy Maba.... Ils savaient profiter des deux côtés de leur vie d'étudiant. Pas constipés le moins du monde côté détente, mais satisfaisant côté académique. Ils vivaient intensément et dangereusement, comme mon ami Lyé Yoka avait coutume de le dire...
Quand on commence à deviser ainsi sur le passé, cela veut dire qu'on devient nostalgiques... qu'on se fait vieux...
Allez, bon long week-end !
Bob
La belle époque à Lovanium
DEDICACES DEDICACES
Je commence par le plus simple. Les chansons qui étaient à la mode à l'époque de notre
enrôlement sont de la série : Fifi nazali innocent, Mahele, Infidélité Mado, Marceline.
A mes "Frères d'armes", je dédie "Fifi nazali innocent". Cela me rappelle le concert de l'OK Jazz au Camp Tshtshi le soir de la première visite des familles.
Pour rassurer les parents, le Général Bumba, je crois, s'est adressé à tout
le régiment milicien, rangé pour la parade, en ces termes : "Moto nani babomaki?
Oyo babomaki, atombola mosayi!"
J'espère pouvoir trouver le temps demain pour évoquer l'évenement.
Pour tous mes frères d'armes : "Fifi nazali innocent"
Pour mon ami Lyé Mudaba Yoka, compagnon de tente de l'état-major de la 5è Cie Bataillon C pendant trois mois,
je dédie : "Marceline".
A plus tard.
Bob
Fifi nazali innocent, par Simaro et l'OK-Jazz (1970-1972)
Marceline, par Franco et l'OK-Jazz (1970-1972)