Bellak revient sur les droits d'auteurs
Bonjour,
je voulais remercier Muan'a Mangembo pour le merveilleux article sur Sangana et aussi Emmanuel Kandolo pour avoir mis la problématique du droit d'auteur dans notre pays dans son contexte légal,
avec notamment ces textes de lois oubliés ou ignorés.
Sangana fait partie justement de ceux qui m'avaient décidé à soulever cette problématique. On découvre dans l'article de Muan'a Mangembo la puissance de cet artiste, la force de son écriture.
Mais on découvre aussi malheureusement notre propre indifférence par rapport à l'artiste. Non seulement lui-même s'effaçait souvent au profit d'autres (Nico, Rochereau...) mais on l'avait nous
aussi effacé sans même prendre le temps de le découvrir. On ne sait même pas aujourd'hui à quoi il ressemblait. Je soulignais la dernière fois qu'il y a des chansons qu'on attribue
malencontreusement à leurs interprètes ou celles dont les leaders des orchestres s'arrogent la paternité, Kisita en fait partie. J'avoue que je ne savais même pas que cette magnifique chanson
était de Sangana, j'exprime par le fait même mon respect pour son talent d'auteur. Cet exemple est typique, il dit notre méconnaissance, notre ignorance, notre indifférence et parfois
même notre mépris vis-à-vis de ces artistes qui faisaient de l'art pour l'art, à l'époque et qui avaient pris pourtant la pleine mesure de leur rôle dans la société. Pourquoi ne ferions-nous
pas, par le biais de Messager,un effort particulier pour rendre hommage à ces gens-là. Le texte de Muan'a Mangembo est un formidable apport à cette volonté de reconnaître aux gens comme Sangana
la place qui leur revient par leur talent. Nous ne sommes malheureusement pas conscients de la richesse et de la profondeur des chansons de l'époque. Elles ont été faites par les artisans,
elles invitaient toujours à la réflexion car elles rejoignaient nos joies et nos peines, nos dilemmes, sans oublier de dénoncer les travers de la société congolaise de l'époque dans une poésie
riche en tournures et en sous-entendus entre les lignes. Je me rappelle encore l'émission « Chansons aux cents visages » de Nguya et Dany Luntadila, on n'a pas fait mieux
depuis dans la valorisation de nos chansons qui y étaient disséquées, analysées de fond en comble, c'était une bouffée d'air frais à chaque fois. Si dans notre pays, on reprend une émission
comme celle-là, ça serait déjà un grand pas vers la reconnaissance de certains artistes comme Sangana, et cela pousserait aussi nos artistes d'aujourd'hui (contre lesquels je n'ai rien, soit
dit en passant) à arrêter de faire ces chansons composées à la va-vite, à la va comme je te pousse, en reprenant parfois les morceaux de vieux titres pour former des chansons patchwork (kizoba
zoba) dont on ne sait même pas le sujet principal quand on les écoute. Je n'ose même pas poser la question de savoir si les musiciens actuels daignent même demander l'autorisation de reprendre
des morceaux d'autres chansons, quand JB reprend Angel Face moto na vélo ou Mongali de Tabu Ley, ou encore Koffi qui reprend 1er Gaou, pour ne citer qu'eux deux. Voilà la
problématique du droit d'auteur telle qu'on doit l'aborder et y remédier pour que Sangana et les autres ne vivent pas souffreteux et ne meurent pas comme s'ils n'avaient jamais rien fait sur
terre. Je remercie les gens qui ont saisi la balle au bond pour dénoncer cette situation et merci de nous mettre la chanson Kisita, si quelqu'un l'a dans sa discographie.
Bellak