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Publié par Messager




Cette situation conflictuelle entre soi-disant Kinois et non-Kinois n'est pas aussi claire et définie comme certains le pensent. Qui n'a pas entendu des Kinois appeler d'autres Kinois "Mut'a logique", "Muana Campa", "Nfumu Buku"?
"Ah! vieux wana aza taureau"; en tout cas, le citoyen-lambda du quartier ne reconnut plus le Viva-La-Musica, qui, au départ, sembla pourtant inviter tout le monde à communier au village national.
Sectaire, et non-tribaliste, bon vivant et parfois moqueur, le Kinois se gaussera meme des siens quand cette grande ville commenca à s'enfoncer dans la précarité et le dénuement. Ici, le père de famille modeste, aux souliers usés, devint " Vieux-de-la-pente", là-bas, "Palais wana, moto epelaka te" (On y allume rarement la braise pour cuisiner).

Et vus de façon générale, ces conflits de classe et de culture ne sont pas propres aux seuls Kinois (toutes catégories confondues). On les retrouve un peu partout au Congo. A une époque au Kasai, on appelait "Mukoongo" tous ceux qui parlaient Lingala, je ne sais pas pourquoi. Dans le Bas-Congo même, ceux qui habitent entre Kin et Matadi se voient souvent appeler ailleurs "Bantu Ya Nzila Masini" (les gens du chemin de fer).

Parcourez un peu le grand Congo, les injures aux parfums ethniques sont légions. "Motshwa" (Pygmee) à l'Equateur, "Mubindji ou Munsalampasu" au Kasai, "Yaka ou Luka-mambu" chez les Tekes ou les Kongos. A Kisangani, on vous direz de vous mefier d'un Topoké, mangeur d'homme.
Dans plusieurs coins du pays, les gens mettent trop en exergue le très peu qui les differencie, au lieu de célébrer le destin, les potentialités et l'abondance qui les unissent.
Il arrive aussi que ces différences s'expriment, sans qu'on s'en rende compte, par de simples mots ou des actes anodins. En effet, il y a de cela vingt ans, en visite chez un copain du campus à Bandal, j'étais un peu choqué. Le père de la maison voisine mettait en garde une ses turbulentes teenagers de fille " Pasopo hein! (Ne) u dja bikwanga"(Fait gaffe, tu vas manger des chikwangues). En tout cas, le Mundibu de Thysville, qui aime bien son chikwangue de nsessa, n'en reviendrait pas.

Comme on peut le voir, c'est tout simplement des formes diverses de classisme, d'ethnicisme et de tribalisme qui empoisonnent encore ce pays.
Et les autorités compétentes, à tous les niveaux, n'ont jamais vraiment pris ces problèmes à bras-le-corps. C'est-à-dire, définir codes et concepts, éduquer les masses.
A la fin, ca tournait parfois marrant et théatral quand, aux hasards des choses, on se retrouvait dans les parages d'un de ces zazas Parisiens en Afrique, surtout à l'époque de RTL (Radio-Télé-Litoyi) : " Oyebi yango tolobaka na poto, "ca c'est l'Afrique, dit", yuma wana atelema na ngai te, ngai Parisien, mwana PARIS". Pourtant, l'homme n'a vu Paris pour la 1ère fois qu'il y a 6 ans de cela. Et, dans le fond, il n'a pas tort: Parisien, on peut le devenir.

Dodo Matadi


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5.
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D
Merci, Messager, pour la rectification.
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