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Publié par Messager


En août 2006, au plus fort d'une polémique sur les "bana Kin", éternels enfants, incapables de voler de leurs propres ailes et donc de quitter la parcelle familiale, j'ai publié cette réflexion sur deux sites internets. J'aimerai le mettre à la disposition des lecteurs de Mbokamosika aujourd'hui, pour continuer la réflexion.

En effet, j'ai souvent eu à m'expliquer sur le fonctionnement et l'état d'esprit des "Bana Kin", cette catégorie de Congolais, souvent présentée comme imbue de leur qualité de Kinois et n'ayant comme unique sujet de fierté que d'être né à Kinshasa, la capitale, d'en être des « ayants droit ». Certains vont même plus loin, en évoquant leur qualité de "Lipopois" ou d'enfants terribles, nés à l'hôpital Général de Léopoldville . dans la m^me catégorie on trouve les « Bana Kin Malebo », les « Bana mayi », nés à l'hôpital de la rive aux confins de l'ancien Léo II, aujourd'hui commune de Kintambo, et enfin les « Motolu », véritable enfant du quartier, attesté par la présence de son identité sur le registre des baptêmes des paroisse de naissance.

Bien sûr, être Kinois, c'est un état d'esprit et un mode de vie proche de la paresse. Ici, on maîtrise le temps en relation avec le parcours de l'astre solaire, de son réveil le matin du côté de Lovanium - Livulu - à son coucher au delà du fleuve Congo - chez moi à Kintambo. Un temps reparti entre les séances de jeux de dames en matinée, autour du « moteke » à midi et l'ambiance du soir au couloir, en partageant une bière, une danse et pourquoi pas les femmes, selon l'artiste Koffi Olomide (*).

Il faut dire à la décharge des "bana kin", cette situation ils ne l'ont pas choisie . Ils en sont réduits par la force des choses à cause de la prédation des autres, les Bawuta, disent-ils. Les "non - Kinois" qui ont détruit les emplois et créé le chômage dans leur petit paradis.

Pour comprendre ce rejet des "non - Kinois", il faut revenir aux prémices de l'indépendance du Congo et au début des années quatre-vingt.

A cette époque, Kinshasa était un grand centre économique et culturel. Les grandes sociétés kinoises, créées dans les années 30, comme HCB, OTRACO, Chanic, Utexco, Snel, ONL ou la TCL, ont donné du travail, des logements et développé des activités partout dans la ville. HCB, ONL, Immocongo, OtracoChanic et Utexco disposaient de leurs camps où logeaient leurs travailleurs. A Kintambo étaient logés les agents d'Utexco et Chanic.
Les fonctionnaires et cadres de l'administration avaient leurs quartiers à Bandal, Matonge et Immocongo (20 mai), tandis que Camp Cito ou Kauka, avec ses complexes sportifs hébergeaient les employés de l'OTRACO.
Mieux, à la retraite des parents, les enfants - ces Bana Kin, étaient assurés de leur succéder , soit à un poste similaire soit à un poste plus important, selon le niveau d'études. Cette situation était doublée d'une protection sociale qui faisait des enfants des « ayant - droits » de leurs parents, aussi bien pour les soins médicaux, les fournitures scolaires que l'accès à l'emploi.

La politique d'accès à la propriété permettait également aux parents de devenir propriétaires de leurs logements. Les enfants de ces derniers, Kinois à part entière, de par leur statut d' « ayant droit », étaient bénéficiaires de ces acquisitions. Cela a fait que, dans l'éducation du Kinois, le respect du bien public, de l'espace public, comme des biens de l'entreprise étaient sacrés. C'est à vous tout çà aimaient repéter les employeurs à leurs agents, qui le repétaient à leur tour à leur progéniture. C'est pourquoi m'avait fait remarquer une fois un aîné : "même au plus fort des émeutes du 4 janvier, on n'a pas touché aux compagnies".

Ce leitmotiv, nous les Kinois l'avons respecté mais pas les autres, disent-ils.

Pour ces bana Kin, les « Mapeka » fort de leurs diplômes et de leurs positions, se sont emparés de ce que les Kinois et leurs parents ont conservé pour se les partager sans kinois ne sont pas à mettre dans le même sac!

C'est ainsi qu'au milieu des années quatre-vingt, Kabaidi, un Kinois, « enfant terrible » essayera, lorsqu'il sera nommé gouverneur de la ville de Kinshasa, de rendre à sa ville son éclat d'antan par la réhabilitation des espaces verts et des ronds-points de Kinshasa ; mais son successeur, Tshimbombo, "non - Kinois" et donc prédateur et corrompu, selon les enfants terribles, ne se généra pas de mettre un terme à cette géniale expérience.

Et c'est de cette période que date, selon les Kinois, leur aversion à l'égard des « Yuma », « Bawuta » et « Mapeka ». Qui , à leurs yeux, ont détruit leur ville et ses infrastructures, mis en faillite toutes les entreprises que leurs pères ont bien gérées aux côtés des « Blancs » parce que ignorant complètement leur histoire, l'histoire de leur ville. L'histoire de ses entreprises qui leur appartenaient un peu.

Il parait que quand un mwana kin, joue à son jeu de dames, ce n'est pas parce qu'il n'a rien à faire; mais bien parce qu'il "boule" (réfléchi) à ce qu'il pourrait bien faire pour occuper son temps de sans emplois...en attendant que les choses bougent ou changent d'elles mêmes.

Évidemment qu'ils n'en veulent pas aux autres, tous ce qu'ils demandent c'est peut être qu'on les laisse tranquile.
Après tout n'est pas kinois qui veut. malgré leurs efforts d'intégration, et cela se voit, les autres ne savent pas ce que c'est que d'être un Kinois: " N'avoir pour village natal qu'un quartier ou une commune de Kinshasa et non un obscur village au fin fond de Kisangani, Katanga, Goma, Masi manimba ou Boma, et le voir détruit par l'incurie, la corruption des venants de...."

Oh , vous me direz que les autres n'y sont pour rien, et que des Kinois au gouvernement ou à la tête des entreprises publiques ou privées il y'en a eu et qu'ils n'ont pas fait mieux ! je vous dirai bien sûr que oui, sauf que nos Hauts cadres à nous avaient ce petit plus : le réflexe « ayant droit », le comportement de « mwana kolo lopango afutelaka té. » Et çà, on n'y peut rien : c'est un syndrome qu'on attrappait de mon temps à la naissance, jusqu'au début des années 80. Et cela est un droit qu'e l'on se transmet des ascendants aux descendants, des ceux qui sont nés avant la fin du Parti-Etat (MPR) à ses enfants, quelque soit l'endroit du monde où ces derniers naissent.Et quelque soit le passeport qu'ils détiennent |


Mwana Mangembo

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S
En lisant les écrits des uns aux autres à ce blog, quand je rencontre des fautes, je comprends que c'est souvent des erreurs de frappe, par manque de temps pour relire avant de publier, etc...et non des fautes. Il n'y a pas vraiment à s'en faire.MerciSULMANY
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J
Décidément, il fallait sûrement reprendre ce texte sur Mbokamosika. cela nous a permis de découvrir un Muan'aMayumbu (pour respecter l'orthographe que nous a rappelé si gentiment Sulmany).J'aimerai souligner que le choix de "Syndrome" était voulu pour interpeller aussi sur un ensemble de comportements, traits de caractères, qui à la fin nous rendent anormaux aux yeux des autres.mais comme l'écrit Sulmany, puisque nous venons de loin, nous avons besoin de nous remémorer tout cela. Et puis qui sait...nos enfants nous traiterons peutêtre demain de Bawuta par rapport à eux Ban'a Poto.
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S
Bonjour à tous,En lisant la refléxion de notre ami Muan'a Mangembo, personnellement, je ne trouve aucune différence. Qu'une personne soit née à Mangembo et une autre soit  née à kinshasa, où est vraiment la différence ? Elle ne réside qu'en estime, c'est-à-dire l'importance que l'on se donne. Cela ne se passe pas seulement à Kin, mais dans plusieurs pays, grandes villes, etc... Peut être pas avec ma même ampleur pour les Ban'a kin, Ban'a Malebo ....Si aujourd'hui un enfant né à Paris, qui s'appellerait Parisien, se moquait d'un autre enfant né à kinshasa et se croirait Muan'a kin, la différence réside en refléxion, la maturité parce que l'on ne choisit pas son lieu de naissance.On cherche une importance qui n'a aucune valeur. Ce sont des points qui ne font que distraire les gens comme la sape ... pour ne citer qu'un seul exemple. Nous tirons pas mal de leçons en embrassant d'autres modes de vie que les nôtres.Ce sont les ressortissants de différents coins d'un pays qui forment une communauté dans un autre endroit où les futurs natifs vont se féliciter  d'y être nés.Evidemment, nous ne pouvons pas considérer ce comportement comme sans importance, chaque époque se vit avec des petites choses que l'on se remémore après et qui donnent la nostalgie.Et cela fait parfois du bien. Sinon il n'y a pas moyen de dire MBOKAMOSIKA.SULMANY
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K
Le premier texte que j'ai envoyé comportait des fautes d'orthographe, prière de publier plutôt celui-ci, Merci.<br /> "Merci mwana Mangembo pour cette page qui me rappelle mes premiers pas à ce qui convenait d'être bien appelé Kin-la belle. En effet, venu fraîchement de Mayumbu, je débarquai à Kinshasa, bien fort d'un diplôme d'Etat de la section littéraire obtenu dans une des institutions des Pères Jésuites. Objectif: fac ! Mes premiers moments dans la capitale étaient jonchés de plusieurs inadaptation à ce que j'ai trouvé comme attitudes ou pratiques chez des pots trouvés sur place. Heureusement que j'avais un ami proche, Thierkas, venu trois ans plus tôt, et qui m'aidais à trouver "normales" beaucoup de choses.La première, c'est ce que Mwana Mangembo évoque dans son récit: je ne pigeais absolument pas qu'un grand garçon de plus de 20ans soit encore dépendant de ses parents en termes élémentaires. Par exemple, qu'il a pacé toute la journée sous le manguier, et vers 16 heures par là, vienne demander à sa mère ce qu'elle a préparé comme repas. Plus grave, on l'a vu s'acheter de la bière, des arachides, donner quelques billets d'argent à une "momie"qui,  de passage et allait au marché...Pire encore, d'autres aînés, à peine "coiffés" par un début de calvitie, n'a jamais envisagé d'aller fonder un foyer; attendant la mort du père pour "acquérir" la parcelle....Je me plaignais par ailleurs auprès de Thierkas du fait par exemple que le matin, avec leurs brosses à dents, des pots, fraîchement réveillés, pouvaient entamer des visites chez des voisins, saluant à la mains quiconque trouvé sur place. Les kinois nous qualifiait effectivement de "bawuta" ou "bayuma moko boye" ( des personnes peu éclairées, ignorantes des réalités de la capitale). Ils allaient même jusqu'à nous confisquer des "momies" (petites amies) intoxiquant ces dernières  que nous ne méritions pas les filles de la capitales. C'était un peu dur pour nous. Une après-midi, nous avons convoqué notre satff du quartier (nous sommes à Lemba foire), pour examiner le fondement ( bien-fondé) de  cette relation d'avec nos pots trouvés sur place et qui se targuaient d'être "kinois". Ayant passé au peigne fin les raisons de leurs attitudes ( un complexe aux apparences de supériorité), très peu tenaient debout. En effet, en dehors du fait d'être né à la capitale, d'avoir pour la plupart, des parents sur place sur qui ils pouvaient compter (eya na moyi, eya butu...), beaucoup de ces pots quand on demandait ce qu'ils faisaient dans la vie...rien du tout. Jusqu'à quel niveau ont-ils terminé leur cursus scolaire...là commençaient les hésitations et les balbutiements...Du coup, nous réalisions petit à petit, à commencer par le nombre des "vrais kinois dans nos auditoires à la fac....,que le véritable kinois n'avait pas beaucoup de raisons pour se montrer supérieur à nous. Surtout quand on pouvaient se rappeler que quand nous fûmes à l'internat en secondaire, huit sur dix ne terminaient pas trois années successives dans une même école, au motif de renvoi ou d'autres raisons sociales ou sanitaires...Au fil des années, ce complexe qui ne reposait sur pas beaucoup d'atouts, s'ébranlait petit à petit, cédant la place à d'autres types de comportements. Ces comportements ont connu des mutations (transformisme de Darwin) pour frôler un certain type de courtoisie vraiment calculée. Du jour au lendemain, des pots commençaient à nous appeler "vieux". Le dessus des cartes: les fêtes de baptêmes et 1ères communions ont commencé à rivaliser avec les festivals de "collation de grades académiques". Sans exagérer, de Lemba à Matete, de Bandal à Basa-vubu, la plupart des cortèges académiques comptaient une écrasante majorité des "bawuta"...Quelques mois suffisaient pour que du statut de "mowuta", on basculait au statut du "fonctionnaire" d'"agent" de... Ofida, Onatra, Sofidé, Snel, d'enseignant  ou d'assistant à l'enseignement supérieur, de médecin, etc. Comme conséquence visible, les annexes autrefois assiégés par les aînés de famille, sont devenues des résidences de nouveaux citoyens, ex-"bawuta". Les anciens occupants, contraints de se reloger dans les grandes maisons. Deuxième conséquence, "cette parcelle n'est pas à vendre". A ce niveau en effet, le kinois, coincé par le "mowuta" devenu "vieux" ou "patron" ou "chef" ou carrément "préso", doit vendre la parcelle pour le "mikili" (Europe). Et, lorsque les autres enfants ou d'autres membres de la famille ont le moindre soupçon, le grand mur de la clôture ou simplement la façade avant de la maison se revêt d'une grande inscription "CETTE PARCELLE N'EST PAS A VENDRE"! ...Je vous fais grâce d'autres détails.Mais le plus intéressant, c'est que on a suivi le kinois en Europe, et...tout le monde est né....à kin ! "Mwana Mayumbu
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M
<br /> Mwana Mayumbu,<br /> Je viens d'effacer les messages non désirés.Mais il m'a été difficile de réduitre le caratère de votre texte.Quoi qu'il en soit votre intervention est très intéressante.<br /> <br /> Messager<br /> <br /> <br />
J
Bonjour Cher ami Robert Muangala et merci de votre réaction.Je vous rassure tout de suite sur le fait que mon commentaire est un regard décalé sur les kinois. Non seulement il faut en sourire mais surtout le prendre comme tel. Ne dit-on pas chez nous que les bangala sont bagarreurs, tout comme les bandibu sont violents par exemple? tous cela ne sont que des lieux communs qu'il nous faut évidemment évoquer et ne pas ignorer. REgard décalé mais aussi réalité du terrain. ne nous contentons pas de "plaindre les boulistes" - c'est dans ces moments qu'ils créent les meilleurs de leurs chansons dit-on souvent. mais apprenons en souriant car dans ce commentaire, nous avons glissé des informations sur la ville de Kinshasa d'hier à aujourd'hui. Ses espaces vertes qui n'existent plus, les cités qui font sa fierté aujourd'hui et ses grandes entreprises d'hier qui n'existent plus que de noms.Mais une chose est sûre, Kinshasa est le Congo en miniature. une ville multiculturelle où le jeu de dames - comme la pétanque au sud de la France- est un sport national.Mwana mangembo.
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M
En lisant  le sujet initié par notre ami Mwana Mangembo,j'avais aussitôt  compris qu'il allait susciter des réactions.Quoi de plus normal dans une société démocratique et multiculturelle.Exprimez-vous librement chers amis.En évitant surtout les écarts de langage.Messager
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R
Je n'ai pu que sourire en lisant ce commentaire. Comment le catégorisez-vous? -une analyse psychosociale? - Une reprise des lieux communs? -une boule venue en tete pendant un jeu de dame?C'est vrai que chaque milieu imprime un caractère. Allez voir s'il est bon ou mauvais, mais si les kinois sont ceque vous dites et ces réflexions sont dans la tete de tous les Kinois, alors ils sont à plaindre. Ayant-droits? Non, irresponsables.
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