IL Y’A 50 ANS, ALI-FOREMAN, LE COMBAT DU SIECLE A KINSHASA
IL Y’A 50 ANS, ALI-FOREMAN, LE COMBAT DU SIECLE A KINSHASA
C’était le 30 octobre 1974, il y’a 50 ans jour pour jour.
Dans cette nuit tropicale, Kinshasa devenait la capitale de la planète. Quelques années plus tôt, Mohamed Ali, le ‘’beau gosse’’,’’le fort en gueule’’, refuse d’aller combattre au Vietnam. Il est objecteur de conscience.
Sauf que la société bien-pensante de l’Amérique post-ségrégationniste ne l’entend pas de cette oreille. Ali est déchu de ses ceintures de champion du monde de boxe. Véritable injustice.
Dès lors, Mohamed Ali n’a qu’une idée en tête : reconquérir son dû. Mais où ? En Afrique, sur la terre de ses ancêtres, bien évidemment. Oui mais l’Afrique, c’est grand.
Il y’aurait bien un pays doté des infrastructures à la hauteur de l’enjeu, l’Afrique du Sud. Manque de pot, elle est sous embargo pour cause d’apartheid. Et Ali n’en veut pour rien au monde, lui le chantre de la dignité noire.
Félix Houphouët-Boigny saute sur l’occasion et dégaine le premier. Il propose Abidjan, flamboyante capitale de la Côte d’Ivoire et ses gratte-ciel du quartier du Plateau. L’affaire semble entendue.
Mais c’est compter sans le bagout et l’entremise d’un certain Joseph Désiré Mobutu, entretemps devenu Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga, par la ‘’magie’’ du recours à l’authenticité.
Il donne toutes les garanties, notamment financières, aux organisateurs. L’affaire est conclue et une date arrêtée : 25 septembre 1974. Mais ce sera finalement le 30 octobre.
Kinshasa annonce la couleur. Sur les murs, des affiches géantes : ‘’Un combat entre deux Noirs, dans une nation noire, organisé par des Noirs…’’
La presse du monde entier envoie des journalistes sur place pour couvrir l’évènement. Plus de place dans les hôtels.
Coup du sort ou clin d’œil de l’Histoire ? En transit à Paris pour Kinshasa, Mohamed Ali et sa délégation embarquent à bord d’un avion d’Air Zaïre, avec équipage entièrement zaïrois. Ali n’en croit pas ses yeux. Des années plus tard, le commandant de bord, Simon Diasolua le racontera avec truculence.
Ali, habillé d’une chemise en pagne, arrive à Kinshasa et se jette aussitôt au sol pour embrasser ‘’la terre de ses ancêtres’’. Plus de doute, c’est le retour au bercail de l’enfant prodigue. Même si George Foreman, le champion en titre, 25 ans, est lui aussi Noir, 80 à 90% des Kinois et des Zaïrois sont pour Ali.
Le combat a lieu au Stade du 20 mai, autrefois Tata Raphaël, une enceinte bourrée à craquer, plus de 100.000 spectateurs. A l’entrée des boxeurs (Ali en premier), une immense clameur parcoure la foule, comme en transes : ‘’Ali, boma ye’’ ‘’Ali, tue-le’’.
Il est 4H00 du matin à Kin mais 22H00 sur la côte nord-américaine, heure de grande écoute. Des millions d’Américains sont agglutinés devant leurs écrans, car prouesse des Zaïrois, l’évènement est retransmis en mondovision.
Le reste appartient à l’Histoire. Au 8e round, Mohamed Ali, 32 ans, envoie son jeune adversaire au tapis. La foule est en délire. Pierre Célestin Kabala Muana Mbuyi, célèbre reporter de la Voix du Zaïre, dira que ‘’la clameur de cette foule a traversé l’Atlantique jusqu’en Amérique…’’. L’Afrique était fière.
Il y’a 50 ans. Déjà…
SIMBA NDAYE