La vidéo de la mystérieuse mama Onema
Nous sommes tombé sur une vidéo de la mystérieuse féticheuse des Simba. La bonne dame avait défrayé la chronique dans les années 60 lorsqu’elle était au service des révolutionnaires lumumbistes. Elle doit sa célébrité au rôle important qu’elle avait joué dans les succès militaires des rebelles. Rendus invulnérables grâce à ses supposés pouvoirs surnaturels, et ne possédant que des armes rudimentaires, les Simba parvenaient à mettre en fuite les troupes gouvernementales malgré leur matériel militaire moderne.
La seule évocation du nom de mama Marie Onema Todinga semait la terreur dans les rangs des soldats loyalistes de l’ANC (Armée nationale congolaise). Elle était la protégée du général Nicolas Olenga, le commandant en chef de l’APL (Armée populaire de libération) qui fut la branche armée du CNL (Conseil national de libération) présidé par Christophe Gbenye.
Selon British Pathé, ce film de 2 min 40 date de 1964. Cela voudrait dire que la sorcière avait été filmée à Kindu. Peut-être à l’hôtel Le Relais où elle résidait et qui était à l’époque devenu le quartier général de l’APL. Dans une mise en scène savamment montée, la bonne sorcière coiffée d’une perruque, s’était livrée à une petite démonstration de ses incantations mystiques.
On la voit même prendre un breuvage qui rappelle le fameux ″pombe″, cette boisson locale à base de banane qu’elle donnait naguère aux rebelles avant de les purifier. Mama Onema avait même étalé quelques pièces de son ″laboratoire″ mystique jalousement conservées dans une malle. On voit aussi une carte de la jeunesse lumumbiste, celle-là même qui lors des défilés militaires à Kisangani chantait à tue-tête en swahili : ″Congo ilipotea, sasa anarudia″ (Le Congo était foutu, maintenant il revient).
Qualifiée de sorcière par les Occidentaux, elle était pour les Simba, une féticheuse comme les autres. Son entreprise macabre prit fin lors de sa capture par les éléments de l’ANC le 25 janvier 1965 puis contrainte sous la menace de livrer un message appelant les Simba à déposer les armes. Cette dame mystérieuse aux mains pleines de sang est comptable devant l’histoire de la mort de plusieurs centaines de milliers de Congolais.
Samuel Malonga