Parafifi, son histoire et ses versions
Classique de la musique congolaise, "Parafifi" a traversé le temps sans prendre de ride. Quand, comment et pourquoi ce hit romantique est-il composé ? Combien de versions de cette chanson mythique existe-t-il réellement ? Elle est écrite par Grand Kallé qui l’a dédiée à un couple d’amis.
En 1953, le titre est enregistré chez Opika sur un support 78 tours. Sur ce disque n⁰ 1779 est aussi mentionné le nom du guitariste Nico Kasanda. On trouve sur ce single deux compositions de Kallé à savoir "Parafifi" sur la face A et "Yallee" sur le versant B.
En avril 2012, un utilisateur YouTube répondant au nom de Jimmy Lusianda Mawete met en ligne une version qu’il qualifie d’originel. Elle serait d’après lui celle qui avait été enregistrée chez Opika en 1953. Outre la voix du chanteur, on ne distingue presque pas la présence de la guitare qui est quasiment inaudible alors que la section cuivre est totalement absente. Alfons Fund Candix qui a eu le mérite d’introduire le saxo dans la rumba congolaise n’est pas de la partie Il y a plutôt la prédominance du piano. Cet instrument a quasiment accompagné le chanteur tout au long de la chanson. Était-il joué par le Gilbert Warnant, l'ingénieur du son et producteur au studio Opika ?
L’autre version de cette chanson est sortie sous le label Surboum African Jazz de Kallé au tout début des années 60 sûrement en 1961 lors de l’éclatement de l’African Jazz.. La guitare solo serait jouée par André Kambete dit Damoiseau. C’est un 45 T où est seulement reprise une chanson du disque originel. Sur ce single AJ 56, la reprise de "Parafifi" se retrouve sur la face B tandis que "Chérie Madona", une nouveauté composée par Edouard Clary Lutula est placée sur la face A. Cette nouvelle version semble plus connue que la première parce qu’elle est la plus diffusée alors que celle de 1953 a lentement sombré dans l’oubli. En 2016, Sam Mangwana interprète cette œuvre inoxydable dans l’album "Lubamba" sous le titre "Félicité".
"Parafifi" est en réalité la contraction de deux noms, ceux d’un jeune homme et de sa copine. Cette chanson éponyme est une dédicace à Paraiso (Para) et Félicité (Fifi), célèbre couple de l’époque. Le Dahoméen (aujourd’hui Béninois) Paraiso est un ami de l’artiste Joseph Kabasele alias Kallé.
De son nom Jeanne-Félicité Safou-Safouesse, elle est née en 1933 sur les bords du lac Tanganyika à Albertville actuellement Kalemie, loin du Congo Brazzaville dont ses parents sont originaires. Elle travaille à radio A.E.F (Afrique Équatoriale Française) à Brazzaville dont elle est la première speakerine africaine dans les années 50. Elle a vingt ans à la sortie du disque qui l’a immortalisé. Kallé lui envoie même un exemplaire. La chanson est exécutée en boucle plusieurs fois par jour sur les antennes de sa radio. "Parafifi" connaît un succès fou dans les deux rives du fleuve Congo. Il semblerait que plus tard, la charmante Brazzavilloise a fini dans les bras de Kallé Jeff.
Institutrice de formation, Félicité Safouesse est vite devenue cette présentatrice de radio et de télévision qui a su captiver ses téléspectateurs tout comme ses auditeurs dans les émissions comme "Le concert des auditeurs" et "Dites-le par le disque". Elle est l’auteur de "Pensées pour votre album" publié en 1985 et de "La Congolaise dans la société" paru en 1990. Décédée en 1996 à l’âge de 63 ans, son buste trône à la place de la gare de Brazzaville depuis 2012.
Samuel Malonga
LA VÉRITABLE VERSION ORIGINELLE DE PARAFIFI
Mon cher Sam,
Suite à ton article, j’avais des présomptions qu’il devrait exister d’autres versions de la chanson « Parafifi ». Ainsi après des fouilles, j’ai mis la main sur ce qui semble être véritablement la version originale de la chanson « Parafifi » dans les archives sonores offertes par le doyen Clément Ossinondé. À travers cette version, on retrouve le tam- tam de KAYA Depuissant tel qu’il fut dans les premiers enregistrements de l’Africa-Jazz auprès des éditions OPIKA.
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African-Jazz, de g à dr: De puissant, willy, Roger, Menga André, Kallé, Dèchaux, Kibonge Charles, et Nico Kasanda. Photo fournie par Clément Ossinondé