« Marie-José » de Rochereau et Jazz Africain
« Marie-José » de Rochereau et Jazz Africain
Les groupes musicaux naissent et se disloquent. L’existence de certains parmi eux n’est que feu de paille. C’est le cas de Jazz Africain. L’orchestre voit le jour vers 1958 mais disparaît vite non sans laisser quelques œuvres phonographiques.
L’orchestre est formé par des artistes qui sont fanatiques de l’African Jazz de Grand Kallé mais qui n’ont pas eu la chance d’en faire partie. Fondé par le clarinettiste Edo Clari Lutula, Jazz Africain dont plusieurs mélomanes confondent avec l’African Jazz (son paronyme) a la chance d’avoir en son sein des éléments qui feront parler d’eux dans l’avenir et qui se tailleront une place de choix dans la musique congolaise moderne.
Le fondateur Clari Lutula s’entoure des jeunes talents qui fourbissent leurs armes dans le dur métier de la chanson. Ce sont pour la plupart des débutants qui veulent se lancer dans la musique professionnelle. Dans cette formation évolue une multitude d’artistes comme Rochereau, Franklin Boukaka, Jeannot Bombenga, Damoiseau Kambite, Alexandre Bwanga, Casino Mutshipule, Charles Kibonge, Raymond Bricnk, François Boseme dit Bosmin, Tchamala Picolo, Mangenza, voire Verckys Kiamuangana. L’orchestre se produit le plus souvent au dancing bar Amuzu.
Comme Bombenga, avant de s’adonner à la musique, Rochereau a l’habitude de céder ses chansons à Kabasele. Mais lorsqu’il décide de faire la musique, c’est dans Jazz Africain et non African Jazz que Rochereau écrit ses premiers titres notamment Mwana mawa (sa première chanson), Katalina cha cha et Marie-José. Tout le mérite revient à ce groupe qui les exécute magistralement.
Ce qui est surprenant, c’est le fait que Tabu Ley lui-même n’a jamais parlé de son passage dans Harlem Band et Jazz Africain. Il a fait de Keliya sa première chanson officielle taisant ainsi les titres qu’il a lui-même écrits dans l’orchestre de Clari Lutula. On se demande ce que l’idole d’ébène avait à gagner en brouillant consciemment son propre parcours musical.
Jazz Africain se disloque en 1959. Excepté Rochereau qui intègre l’African Jazz, les autres artistes-musiciens s’en vont créer Vox Africa sous l’impulsion de Jeannot Bombenga.
Samuel Malonga