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Publié par Norbert X MBU-MPUTU

LE 16 JANVIER AVEC LAURENT-DESIRE KABILA ET LE 17 JANVIER AVEC PATRICE LUMUMBA : LE SPECTRE DES ANNIVERSAIRES DE CES ASSASSINATS A TOUJOURS CREUSER…

 

« L’Afrique écrira un jour sa propre histoire » (Patrice Lumumba, Dernière lettre à son épouse Pauline).

Deux assassinats qui seront commémorés cette année avec de notes particulières. Celui le 16 janvier (2001) du président Laurent-Désiré Kabila assassiné, vingt ans passés, au Palais de marbre, sa résidence officielle à Kinshasa et celui, le jour après, le 17 janvier (1961), soit soixante ans après, de son maître idéologique et Patrice Lumumba dans la brousse proche d’Élisabethville, actuelle Lubumbashi, dans la province du Katanga en République Démocratique du Congo.  

L’histoire est parfois faite des parallélismes car se répétant souvent. Surtout lorsqu’il s’agit des tragédies car ayant souvent le même modus operandi. Ce sont ces leçons de ces répétitions de l’histoire à apprendre pour éviter ces tragédies faisant reculer les pays et les peuples qui m’ont poussé à écrire ce gros livre sur Lumumba : L’autre Lumumba. Ceci pour ces générations dites des enfants des indépendances africaines que nous sommes à qui ces histoires ayant pourtant des conséquences sur nos vies quotidiennes n’avaient été qu’à peine racontées. D’où cet éternel recommencement des crises, tout en sachant que comparaison n’est pas raison. Surtout que, lorsque ceux ayant voix au chapitre et parfois étrangers écrivent et rappellent ces histoires, ils placent leurs accents selon leurs sensibilités parfois différentes des nôtres. Car, une chose est vraie dans ces deux assassinats : ils n’ont nullement contribué à l’évolution du Congo. Qui sait si demain, les mêmes causes produisant les mêmes effets, avec la crise actuelle au Congo ressemblant, comme deux gouttes d’eau, à celles d’hier ou d’avant-hier que certains personnages ne reviennent rejouer les mêmes rôles ! Pire, pour que, des années après l’on revienne faire le mea culpa ! Car, les deux assassinats ressemblent.

On sait actuellement que Lumumba fut assassiné par tout un network international piloté à partir de ce que le Professeur Thomas Kanza, ministre délégué à l’ONU du gouvernement Lumumba qualifie de trois centres de décisions postcoloniales pour le Congo : Bruxelles, Washington et Paris, en y ajoutant en sourdine Londres. Ces grands du monde ayant ouverts alors à Léopoldville, la capitale du nouveau Congo indépendant, des vrais cabinets-machines occultes sans pitié, haïssaient Patrice Lumumba à qui fut porté le chapeau malheureux d’être un communiste et un pro-Russe, un vrai crime de lèse-majesté dans une telle situation géopolitique des années 60 pendant la fameuse Guerre froide où, chaque camp devait pêcher ses ouailles et ses acolytes et, pour mieux justifier ses actes mêmes ignobles, devaient rechercher son bouc émissaire. Mais, chose grave et méditative, pour réussir une telle sale besogne d’assassinat le pauvre Lumumba dont tous les documents attestent aujourd’hui, même les témoignages d’un Larry Devlin lui-même, alors directeur de la CIA à Léopoldville, pour ne pas dire un proconsul alors du Congo, qu’il n’était pas un communiste mais « tout simplement au mauvais moment et au mauvais endroit », une telle ramification des complotes et comploteurs avaient besoin des mains visibles et invisibles congolaises. C’est incroyable le nombre des taupes et d’agents secrets au service des USA, de la Belgique, du Royaume-Uni et d’autres même dans le cercle fermé de Lumumba : son protégé le jeune colonel Joseph Mobutu, son proche parent Damien Kandolo, son ministre des Affaires étrangères Justin Bomboko, son aide de camp Mawoso, la liste est longue et devient démoniaque même !

Quant à Laurent-Désiré Kabila, le tableau n’est pas trop différent depuis qu’il avait commis ce crime de lèse-majesté de raccroché le téléphone à un haut diplomate américain et qu’il l’avait aussi déclaré urbi et orbi, alors que le pays dont il venait de prendre les commandes, étaient entrée dans une guerre d’agression avec les anciens alliés qui l’avait porté, lui Kabila, au pouvoir un certain 17 mai 1997, avec la chute de Mobutu, dictateur et ancien taupe ayant été usé pour l’assassinat de Lumumba mais dont le départ du pourvoir, avec 32 ans, n’est plus ou moins qu’une façon de se faire payer par de la monnaie de singe. Certes, il faudra avoir en mémoire que ce dernier refusa de sauter sur tant d’occasions de sortie honorable lui offerte par ces anciens maîtres.

Là où la parallélisme devient méditatif c’est qu’il a fallu près de cinquante après pour que l’on sache exactement comment avait été perpétré cet assassinat odieux de Patrice Lumumba avec Maurice Mpolo et Joseph Okito, souvent oubliés d’être mentionnés et qu’il a fallu soixante ans après pour que, finalement, soient remis aux siens les reliques de son ou de leurs corps, puisque ceux-ci furent, selon les confessions de l’exécuteur de la sale besogne, le Belge Soete (qui le fit avec son frère), dissoutes dans de l’acide et le reste des os découpés, broyés et jetés dans la brousse ! Une scène qui, dans l’anthropologie nègre est une pure sorcellerie ! Quant à l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, cet anniversaire revêt d’un caractère symbolique particulier. Car, alors que, ayant condamné près de deux-cent personnes, ce qui aurait pu prouver que nombreux n’étaient que des innocents car il n’est pas possible de diligenter un assassinat avec autant d’acteurs et des témoins, le procès de son assassinat démontra être un simulacre de justice, la sortie de tous ces présumés coupables devrait permettre de savoir au moins la vérité sur ce qui s’était passé ce mardi 16 janvier 2001 vers 12.00 au Palais de marbre. Notamment parce que l’un des ceux faussement présenté comme ayant été l’un des complices, le sieur Georges Mirindi, de son exil suédois, vient de publier son récit en détaillant d’une façon précise des lieux, des personnages et une chronologie difficilement à rabrouer prouvant qu’il n’en était rien dans cette tragédie, ce qui en appelle à une autre narration.

 Au sujet de ce Georges Mirindi, l’un des gardes rapprochés du président assassiné, c’est là que le parallélisme historique devient tout aussi méditatif avec l’assassinat de Patrice Lumumba et même de Thomas Sankara un certain 4 octobre 1987 à Ouagadougou, ce dernier ayant d’ailleurs un même franc parler que Patrice Lumumba. En effet, alors que Thomas Sankara est assassiné avec tous ces collaborateurs, les meurtriers se rendent compte qu’il existait un qui n’était pas mort : Alioune xxx. Au lieu de l’achever, ce dernier, selon son témoignage, demanda la permission d’aller pisser, permission qui lui fut accordée et il alla vider sa vessie, tremblant de peur, sur la clôture de l’enceinte, avant de revenir sur les lieux sachant sûrement faire ses dernières prières. Mais, ces bourreaux l’épargnèrent et lui demandèrent de monter rejoindre les autres rescapés se trouvant sur l’étage supérieur. Avec le recul de temps, il devient le seul témoin oculaire de cet assassinat comme si le bon Dieu dans sa pitié avait tout de même voulu qu’il puisse avoir quelqu’un qui puisse rétablir un jour la vérité.

La même chose arriva aussi avec l’assassinat cette nuit-là de Lumumba, Mpolo et Okito. Alors qu’arrivèrent sur le lieu de supplice les jeeps des ministres du gouvernement sécessionniste du Katanga sous la présidence d’un Moïse Tshombe, mais avec comme fondé du pouvoir Godefroid Munongo haïssant Lumumba à mort, et leurs gardes Belges et d’autres soldats congolais, dans cette nuit-là, un monsieur revenant de la chasse avec son fils se cachèrent derrière les termites et devinrent les témoins oculaires qui témoignèrent après du lieu de cet assassinat. Georges Mirindi devient-il ainsi ce seul survivant devant un parterre des témoins et d’acteurs assassinés, lui-même l’ayant échappé aussi par miracle, dont le témoignage poignant forcerait à rouvrir et à revisiter les récits avalés depuis dont celui de Laurent-Désiré Kabila assassiné dans son salon par un de ses gardes du corps, récit présentant désormais nombreux points d’interrogation !

Certes, l’on doit commémorer ces assassinats, mais l’on doit plus tirer des leçons qui s’imposent. Surtout que, dans les deux cas, l’on sait actuellement que le dossier congolais, ou « The Congo Business », se faire toujours analyser et décider ailleurs, dans des officines où les Congolais eux-mêmes sont absents et inaudibles comme l’atteste ce témoignage d’Émile Ilunga, alors responsable de la rébellion anti-Kabila du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RDC/Goma, proche du Rwanda. Lors d’une réunion pour la fin de la guerre dans un pays d’Afrique Australe, dit-il, il fut surpris d’entendre l’un des présidents soutenant d’ailleurs Laurent-Désiré Kabila affirmer, à l’absence de ce dernier représenter par son ministre Mweze Kongolo, que la solution serrait son assassinat pure et simple… Ce qui rappelle d’ailleurs ces révélations de cette réunion tenue à Washington autour du président américain Eisenhower et où, aux dires des responsables de la CIA présents, ce dernier avait laissé entendre qu’il fallait tout simplement éliminer Patrice Lumumba… La CIA l’ayant ainsi compris et entendu œuvra pour son nième plan d’assassinat en dépêchant alors à Léopoldville un certain Joe de Paris, tueur d’élite ayant un poison à faire glisser dans la dentifrice de Lumumba… Plan que Devlin, à qui la chose était destinée refusa (non sans imaginer un autre plan d’assassinat plus civilisé).

Le monde étant ce qu’il est, c’est-à-dire n’étant pas « la cité de Dieu » d’un Saint Augustin, mais un terrain glissant d’intrigues, mais aussi où se côtoient bonnes et mauvaises gens, question de savoir comment s’y tenir, ces anniversaires proches de ces assassinats, l’un après l’autre, invitent à éviter des approches superficielles pour des choses aussi sérieuses et profonde comme la gestion d’une nation. Évoquer le passé, mais voir le présent pour un autre avenir sans tragédies et sans drames !

Car, l’analyse de l’assassinat de Lumumba démontre qu’il eut plus d’un plan d’assassinat, les Belges, les Britanniques et les Américains en ayant plus d’un, aussi, celui qui réussit cette nuit-là sembla avoir tiré tout le monde de leur profond sommeil. Tout en sachant que, dans de tels tragédies, une fois le forfait commis, un chacun joue vite au Ponce Pilate comme avec Godefroid Munongo qui le dit à Auguste Mabika Kalanda la veille de sa mort, comme l’affirma aussi Albert Kalonji alors qu’on savait les deux avoir une haine viscérale contre Patrice Lumumba et surtout Victor Nendaka et Albert Ndele dont les déposition lors de la commission parlementaire belge furent fâcher plus d’un observateur car prenant des gens pour des cons ou des aveugles ou des sourds-muets.

Ceci est sûrement aussi vrai pour l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Maintenant que le témoignage de Mirindi et des autres prouvent à suffisance que le scénario avalé d’un Laurent-Désiré Kabila assassiné par le pauvre Rashidi semble ne plus tenir debout, à moins que l’on viennent avec d’autres preuves et récits dont l’arme du crime disparu depuis, comme avec l’assassinat de Lumumba et l’attentat d’ailleurs sur l’avion du Secrétaire général de l’ONU, le suédois Dag Hammarskjöld morts avec ces collaborateurs dans la même mouvance des crises congolaises de l’époque et dont on sait aujourd’hui avoir été perpétré par un mercenaire belge au Katanga, il faudra peut-être attendre encore cinquante ans pour savoir comment était assassiné Mzee Laurent-Désiré Kabila.

Hélas, comme avec les indépendances africaines des années 60 qui ne furent que des « indépendances cha-cha », pour paraphraser cette chanson pourtant phare des indépendances africaines, les commémorations méditatives de ces assassinats de ces héros risquent de se diluer dans l’anonymat comme de la mousse dans un tourbillon. Car, rares sont les rejetons des commanditaires, témoins et acteurs étrangers et congolais de ces tragédies, aujourd’hui au pouvoir, seront prêts à voir rouvrir cette marmite sacrée des leçons du passé. C’est, pour eux, se tirer des balles aux pieds… A cela s’ajoute le fait que, jouant le même mauvais jeu dans ces commémorations, nombreux de leurs rejetons biologiques s’entredéchirant et se haïssant incroyablement et sans que l’on puisse trouver le parce que du pourquoi (parfois à mort) jusqu’à présent. Alors qu’une telle unité de ces familles et de tous dans ces familles respectives auraient pu donner du tonus à des célébrations et des commémorations différentes de celles expérimentées jusqu’alors.

Disons donc que les crises congolaises ne sont qu’à leurs débuts jusqu’à ce que ceux-ci s’approprieront vraiment de leur propre histoire… Tout un apostolat… Même si, certes, à chacun son propre Lumumba, à chaque famille de ces héros son propre Mpolo, à chaque rejeton de ces leaders son propre Okito, à chacun des prétendus fils biologiques ou même idéologiques de ces vertébrés son propre Mzee Laurent-Désiré Kabila. Un seul dénominateur commun les fait unir : leurs martyrs !

Norbert X MBU-MPUTU

Bristol, Royaume-Uni

Email : norbertmbu@yahoo.fr

Norbert est l’auteur de la dernière biographie de Lumumba : L’AUTRE LUMUMBA. Peuple du CONGO : Histoire, résistances, assassinats et victoires sur le front de la Guerre froide, Bristol, MediacomX, 1999, 738 pages (https://www.mbokamosika.com/2021/01/l-autre-lumumba.peuple-du-congo-histoire-resistances-assassinats-et-victoires-sur-le-front-de-la-guerre-froide-bristol-mediacomx-199)

 

 

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