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Publié par Lomomba Emongo

Mémorandum adressé à

M. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo,

Président de la République Démocratique du Congo

 

Excellence Monsieur le Président,

1. Je m’appelle Lomomba Emongo et suis professeur de philosophie et écrivain. Natif de la RD Congo naturalisé canadien, je suis cependant resté attaché à la terre de mes ancêtres, ainsi que le montrent mes nombreux écrits et interventions dans les médias. C’est à chacun de ces titres que j’ai l’honneur de vous adresser ce jour le présent mémorandum aux motifs, à partir de l’analyse des faits souvent passés inaperçus et en vue des perspectives ci-après.

2. Mais avant toute chose, qu’il me soit permis de préciser la portée de ma prise de parole.

  • En premier lieu, je ne m’inscris aucunement dans la sorte d’unanimité superficielle que semblent rechercher à cors et à cri ceux et celles qui applaudissent tout et n’importe quoi, dans le seul but de flatter votre ego, sans doute (pour la plupart) dans l’espoir d’obtenir quelque faveur en retour. Ma démarche se veut aussi patriotique que rationnelle.
  • En second lieu, je refuse de culminer dans la perspective de ceux et celles qui voient dans votre appel à l’Union Sacrée pour la Nation le but ultime de votre repositionnement politique des trois derniers mois. Sans méconnaître l’importance ponctuelle et utilitaire d’un tel rassemblement, ma prétention est de fonder ma réflexion sur des faits et d’anticiper le risque non négligeable du déjà-vu qui nous ramènerait en arrière de quelques décennies.

3. Cela précisé, trois éléments motivent particulièrement ma réflexion.

  • Mon premier élément de motivation est votre courageux repositionnement politique des derniers mois, à travers trois actions d’envergure. Un : votre adresse à la nation du 23 octobre 2020, dans laquelle vous veniez enfin au constat de l’échec des coalitions qui vous ont porté au pouvoir suprême, en même temps que vous en appeliez au souverain primaire qu’est le peuple congolais en vue de la refondation d’un État de droit, ce qui passe selon vous par la constitution d’une Union Sacrée pour la Nation. Deux : les consultations décidées, organisées et conduites par vous-même entre les 2 et 25 novembre 2020. Trois : votre discours, le 6 décembre 2020, de restitution des résultats desdites consultations, suivie des décisions d’importance devant entamer ladite refondation de l’État de droit au Congo via l’Union Sacrée pour la Nation.
  • Mon deuxième élément de motivation est le tournant inéluctable de la vie politique en RD Congo, suite aux trois actions précitées. Sans être d’aucun parti politique, c’est le lieu pour moi d’apporter ma modeste contribution d’enfant du Congo dans la recherche commune des voies et moyens pour sortir notre pays de l’ornière. Il s’agit de ne plus retomber dans les mêmes travers qui nous y ont enfoncés.
  • Mon troisième élément de motivation est d’un double ordre personnel. D’une part, ma motivation réside dans ma fierté d’être Congolais, peu importe ma naturalisation dans un pays étranger, peu importe la situation difficile dans laquelle se débat le peuple congolais depuis de trop longues années. Cette première motivation d’ordre personnel comporte un élément patriotique que personne ne peut dénier à l’implication d’aucun enfant du Congo. D’autre part, ma motivation vient également de ma volonté et, sans doute, de mon devoir d’enfant du Congo, de participer de manière constructive à sortir mon pays de l’ornière dans laquelle il végète. Cette deuxième motivation d’ordre personnel comporte un élément éthique qui m’interdit de plafonner dans des slogans généralement sans consistance et des applaudissements protocolaires, sous prétexte de soutenir le pouvoir en place.

4. Mes motivations étant, le présent mémorandum poursuit deux objectifs.

  • Premièrement, je voudrais proposer à votre Excellence ma petite analyse de certains faits sur lesquels il est politiquement plus correct pour vos proches collaborateurs de se taire. Une telle analyse sans complaisance me semble nécessaire, voire indispensable si l’on veut que le renouveau prôné ne bascule dans la répétition de cela même qu’il s’agit de corriger.
  • Deuxièmement, je voudrais vous soumettre mes modestes recommandations à titre de contribution à la correction de certains errements du passé et, concomitamment, à l’érection de l’État de droit en RD Congo. Pour ce faire, vous vous doutez que mes recommandations se voudront plus sensibles aux aspirations populaires au changement véritable qu’aux subtilités politiques souvent paralysantes.

Excellence Monsieur le Président,

5. Au-delà de mes motivations, ma réflexion se base sur des faits concrets. Je les organise ci-dessous en quatre thèmes de réflexion.

6. À la base de la situation que vous voulez changer, s’imposent deux faits fondateurs.

  • L’alternance pacifique au détriment de l’alternance démocratique. Je note à cet effet que si le peuple congolais n’a eu pour arme de sa lutte pour l’avènement d’un État de droit que son courage et sa détermination à imposer démocratiquement sa volonté, c’est parce qu’il a su transcender la peur qui a toujours fait le lit de toute dictature. Il en a, d’ailleurs, payé le prix fort sous le régime de Joseph Kabila. Or, l’alternance pacifique se nourrit de et se justifie ultimement à travers la peur d’un bain de sang. La conclusion qui s’impose entend que par nature, l’alternance pacifique au Congo jure contre la volonté populaire qui a expurgé la peur qui lui sert de justification. Je ne veux pour preuve que la contestation constante de la grande majorité de Congolaises et Congolais, depuis le début de votre accession à la magistrature suprême, à l’encontre du FCC au sein de la coalition supposée vous donner une majorité confortable pour gouverner. De ce fait, c’est la légitimité du pouvoir au sommet de l’État qui était indirectement remise en question.
  • Les alliances politiques à tout le moins malavisées, pour le partage du pouvoir au sommet. La principale conséquence pratique de l’alternance pacifique au Congo a été, sans surprise en ce qui me concerne, l’obligation pour le nouveau président de la République de conclure des alliances politiques qui ne pouvait qu’être secrètes et, pour certaines, contre nature avec des forces se conduisant parfois en véritables ennemies du peuple congolais. Dans la mesure où vos alliés conservaient par devers eux une part prépondérante de l’imperium, la crise politique sous forme de la paralysie partielle des institutions n’était qu’une question de temps. En même temps, il était inévitable que ne se développât autour de la personne du président de la République empêché de gouverner en toute liberté, une propagande aussi indéfendable sur le bien-fondé des alliances qui l’engageaient que peu productive pour le sortir de sa situation délicate. À preuve, au moment même où certains de vos plus proches collaborateurs disaient à qui voulait les entendre que la coalition CACH-FCC, pour ne pas la nommer, devait être maintenue pour le bien du peuple, une frange de membres de votre propre famille politique multipliait des actions dans la rue pour dénoncer véhémentement ladite coalition au pouvoir. De sorte que vous vous trouviez pris dans un paradoxe à la fois théorique et praxique, déchiré que vous étiez entre votre devoir d’honorer vos engagements dans le cadre de l’alternance pacifique et celui de respecter le slogan cher à votre défunt père : « Le peuple d’abord ! » Cette contradiction fondamentale ne pouvait que consacrer la division dans le peuple, en lieu et place de le rassembler autour d’un quelconque programme politique, en même temps qu’elle nourrissait une crise latente qui a fini par éclater au grand jour.

7. Au niveau de l’exercice du pouvoir, il n’est point besoin d’être grand clerc pour réaliser combien la partisannerie a prévalu dans la gestion de l’État ces deux dernières années. Deux faits particulièrement déplorables l’illustrent à merveille.

Des nominations décevantes aux plus hautes fonctions étatiques. À côté de la nomination des caciques du régime Kabila – alternance pacifique et partage du pouvoir obligent –, je ne parlerai ici que des nominations de complaisance pour récompenser des amis ou pour positionner des partisans. S’il est compréhensible que tout nouveau pouvoir au sommet de l’État se fait un devoir de la reconnaissance des compagnons de lutte pour y arriver, il me semble tout aussi entendu que nombre de telles nominations se basent rarement sur le critère de la compétence. En fonction de leur importance numérique, elles ne mettent généralement pas long à verser dans des compromis compromettants. Pour ne pas parler des mises en examens ou des procès spectaculaires de certains de vos proches collaborateurs, Je ne prendrai pour preuve

  • que la grossièreté de quelques-uns de vos conseillers qui, se comportant en « masta » d’antan, ont régulièrement porté atteinte au protocole d’État. Dans la même foulée, il y a lieu de s’interroger sur la compétence du service de communication présidentiel qui, non seulement ne sait pas toujours filtrer les images peu flatteuses de l’entourage du président de la République, mais bien pis ne semble pas capable de les vite retirer de la circulation sur Internet, le cas échéant.
  • Les limites de l’UDPS, votre famille politique d’origine, à vous accompagner dans vos fonctions de chef de l’État. De la contradiction de principe instaurée par l’alternance pacifique a résulté la scission prévisible entre la base et la direction du parti. D’un côté, la base disait vous soutenir tout en s’opposant à la coalition CACH-FCC ; d’un autre côté, la direction qui disait également vous soutenir défendait à corps perdu ladite coalition. Il s’en est suivi naturellement l’impossibilité pour l’UDPS d’unir ses forces autour de votre personne ou, encore moins, de votre programme politique. Preuve m’est donnée par le martyre de M. Fils Mukoko, fervent militant du parti, qui s’est fait tabasser plus d’une fois dans les locaux même de la permanence sur ordre, semble-t-il, de sa hiérarchie ; en cause, son entêtement à dénoncer la coalition précitée. La principale conséquence de tout ceci aura été l’isolement du nouveau président de la République faute de soutien de son propre parti. D’une conséquence à l’autre, l’UDPS a, en fait, livré le président issu de ses rangs pieds et poings liés sinon au diktat, du moins aux coups bas de ses alliés qui ne pensaient qu’à lui compliquer la tâche.

8. Les conséquences de tout cela se chiffrent en une série d’autres faits, dont il importe de tenir compte dans cette conjoncture. Je ne retiendrai que deux ordres de ces conséquences.

  • Les conséquences internes. J’ai cité, parmi celles que vous avez-vous-même épinglées lors de votre discours du 6 décembre dernier, les blocages administratifs de vos alliés FCC qui ressemblaient à s’y méprendre à des outrages politiques à l’encontre de l’institution président de la République. Conséquences auxquelles j’ajouterai la situation affligeante de l’UDPS où vous auriez pu vous ressourcer, ainsi que le retour en force des antivaleurs que vous pensiez combattre dès le début de votre mandat. Dans ce dernier cas de figure, je nommerai à titre d’illustration le soupçon gravissime qui pèse sur l’Agence de prévention et lutte contre la corruption (APLC) d’être tombée elle-même – et à quelle vitesse ! – dans la corruption subtilement renommée par la presse extorsion des fonds.
  • Les conséquences externes classiques. Aux puissances mondiales et multinationales, qui ont trouvé au Congo depuis toujours un terreau fertile pour la pratique de la prédation économique, ce sont ajoutés des pays voisins aux mêmes ambitions prédatrices. Dois-je rappeler que l’économie de prédation n’est possible que lorsque certaines conditions sont réunies ? Ainsi en est-il de l’instabilité économique (cf. le non-paiement des salaires dans la Fonction publique), de l’insécurité aux frontières (cf. l’état de guerre endémique à l’est du pays), de l’imbroglio politique au sommet (cf. le paradoxe et ses conséquences de l’alternance pacifique à la tête de l’État). Toutes ces conditions étant réunies en RD Congo, il va sans dire que l’État congolais s’en trouve fragilisé à l’extrême. Sauver sa peau pourrait devenir la priorité des priorités pour les détenteurs d’un tel pouvoir d’État. Toutes choses qui ne rendent pas service au peuple du Congo. Pour dire le moins de l’inéluctable division de la population entre les pour et les contre ce pouvoir.

9. Pour répondre à tant de défis, vous avez initié les consultations supposées vous donner l’heure juste quant à la volonté du peuple, et légitimer par la même occasion votre entreprise de refondation de l’État de droit. Or, votre démarche me semble en bute à un certain nombre d’aléas qui pourraient en corrompre la substance.

Le hiatus entre le discours et la pratique. Le 23 octobre 2020, vous en avez appelé au peuple, en sa qualité de souverain primaire. Vous lui demandiez alors de vous suivre dans la voie d’une Union Sacrée pour la Nation, laquelle devrait à la fois transcender familles politiques et différentes coalitions politiques qui gênaient votre action, et initier la refondation de l’État de droit au Congo. L’enthousiasme des Congolaises et des Congolais ne s’est pas fait attendre pour soutenir votre repositionnement politique par rapport à vos alliés d’hier. Lorsqu’arriva le moment de passer à l’action, l’entièreté des décisions relatives aux consultations a été le fait de la seule prési-

  • dence de la République. De sorte que, par principe, les consultations n’auront exprimé la volonté du souverain primaire qu’au second degré, par procuration et en dehors de toute représentativité significative.
  • La non-transparence de la démarche. Très vite, il est apparu que les consultations avaient pour objectif de redonner au président de la République une majorité plus conciliante pour la suite de la législature en cours. En effet et pour ce faire, la présidence de la République seule a défini (a) les critères de sélection des forces vives à consulter, qu’importent des rares initiatives personnelles et dispersées, ce qui soulève le problème de la représentativité ; (b) le cadre relativement fermé où devaient se dérouler les consultations, ce qui soulève le problème d’une véritable liberté d’expression des participants soit en désaccord avec les vues présidentielles soit en mal de positionnement politique ; (c) la méthode qui a présidé aux échanges et à l’analyse des données, ce qui soulève le problème de la viabilité de la vérité exprimée. Certes, les consultations n’ont pas démérité dans leur ensemble, loin s’en faut ;  néanmoins, vous conviendrez que les problèmes que je viens d’évoquer ainsi que d’autres passés sous silence affectent directement la qualité de la démarche, notamment la transparence desdites consultations qui ont, il faut bien l’avouer, presque totalement échappé à tout contrôle démocratique.
  • La tentation du pouvoir totalitaire. Les deux premiers aléas étant, il est permis de s’inquiéter que l’ensemble de la démarche n’aboutisse à la mise en place d’un nouvel homme fort en RD Congo. Alors que les institutions nationales sont prises de convulsions suite à votre repositionnement politique, voilà le président de la République devenu la seule institution véritablement aux commandes du pays à l’heure qu’il est. Or, de l’indépendance à ce jour, l’histoire a montré entre autres deux constantes : que le Congo sous un homme fort demeure un État en transition et d’autant plus facile à s’assujettir, et que jusqu’à preuve du contraire tous les hommes forts du Congo ont lamentablement desservi son peuple.

10. De ce qui précède, surgit la question de savoir comment vous comptez vous y prendre pour ériger un État de droit en RD Congo dans ces conditions. Cette question trouve sa justification

ultime dans l’afflux des transfuges d’occasion et des opportunistes de tout poil, qu’il vous faudra rétribuer de l’une ou de l’autre façon dans le cadre de l’Union Sacrée pour la Nation. Pour dire le moins des « masta » et des partisans qui persistent à voir dans votre pouvoir leur tour de « passer à la mangeoire », mais dont il importe de se séparer n’en déplaise à la douleur de la séparation. Un homme fort trouvera-t-il la force morale suffisante d’échapper à l’ivresse du pouvoir, de se détacher des parasites d’un pouvoir absolu, de s’adapter aux aspirations légitimes du peuple en dépit de nombreuses forces négatives à l’affût ?

Excellence Monsieur le Président,

11. La petite analyse qui précède n’élève aucune prétention à la vérité dernière sur les faits traités. Elle se sera efforcée, dans les limites de mes maigres moyens, d’étaler devant vos yeux certaines vérités que vos proches collaborateurs auraient du mal à vous dire sans fioriture. C’est ma conviction qu’un diagnostic correct du mal permet de le combattre à la racine ; qu’hors cela, l’on ne peut que manquer de jugement d’un côté, faire dans le superficiel, voire le farfelu d’un autre côté.

12. Face aux nombreux défis soulevés et en regard de l’immense espoir que le peuple congolais a placé dans votre projet de refondation de l’État de droit, il me fait plaisir de soumettre à votre Excellence les recommandations qu’appelle mon analyse ci-dessus. Je m’en tiendrai à deux pistes parmi d’autres.

  • En ce qui concerne les ressources humaines, l’histoire de la RD Congo a montré que le mal dont souffre notre pays depuis si longtemps est largement tributaire de la qualité plus que douteuse des hommes et des femmes commis aux plus hautes fonctions étatiques. Intellectuels en haut lieu ou simples exécutants sur le terrain, la majorité d’entre eux ont établi la trahison systématique de la nation en norme de gestion de la chose publique. Force m’est de constater, en regard de l’analyse ci-dessus, que bon nombre de ceux et celles que vous avez promus à des postes élevés n’ont pas dérogé à cette triste règle. Au demeurant, le recyclage des mêmes visages de la soi-disant classe politique aux commandes de l’État ne ferait pas que dégoûter et irriter les Congolaises et Congolais qui attendent tant des décisions que vous serez appelé à prendre sous peu ; ce serait le moyen le plus sûr de tuer dans l’œuf  votre projet de refondation de l’État de droit. C’est pourquoi, sûr de faire écho aux aspirations des millions de Congolaises et Congolais, je vous conjure (a) de trouver le courage de transcender, dans la sélection de vos prochains collaborateurs, les critères de la partisannerie qui donne priorité aux amis, et du partage du pouvoir qui donne priorité aux alliances politiques aux intérêts bien compris ; (b) de vous donner une vraie chance de faire de votre mandat, par le choix des femmes et des hommes que vous appellerez au service de la nation, le point inaugural de l’ère de la nouvelle gouvernance basée sur la compétence technocratique, l’éthique professionnelle et le sens élevé du service publique ; (c) de ménager au prochain gouvernement 3 à 4 ministères d’État destinés aux secteurs touchant directement la vie de la population, singulièrement dans l’arrière-pays : adduction en eau potable, connexion au courant électrique, développement du réseau viaire des routes interterritoriales, dissémination de centres hospitaliers de proximité, etc. ; (d) de créer des Bureaux techniques et/ou des Académies de la recherche scientifique hautement spécialisés dans l’étude et la connaissance des réalités du pays, auxquels les institutions publiques (présidence de la République, gouvernement, parlement, entreprises d’État, etc.) feraient appel en vue d’une action outillée, susceptible de répondre le plus directement possible aux préoccupations de la population.

Quant à ce qu’il y a lieu d’appeler la réingénierie de l’appareil étatique, il va sans dire que vous serez amené à introduire des réformes structurelles profondes dans les domaines qui l’exigent. Pour m’en tenir à ce seul domaine, voici que la refondation de l’État de droit ne saurait contourner l’adaptation du droit congolais en matière électorale. Il vous souviendra qu’à ce jour, aucun pouvoir organisateur des élections générales en RD Congo n’a échappé à la tentation de la tricherie sinon au moment de l’examen des candidatures ou du scrutin proprement dit, du moins dans la lecture de ses résultats. Or, des élections crédibles constituent le haut lieu d’expression de la volonté populaire ; elles représentent le moment crucial de la vie d’un État de droit,

  • où le souverain primaire dispose de l’ensemble du pouvoir étatique selon ses aspirations les plus partagées. C’est dire si les réformes indispensables de la CÉNI, tant au niveau de la Loi électorale que du choix de ses animateurs, représentent le test ultime de votre projet de refondation de l’État de droit. De lui dépendent dès à présent l’organisation des élections crédibles et la légitimité de tout pouvoir politique à venir. Aussi vais-je recommander à votre Excellence (a) de profiter de la nouvelle majorité parlementaire dans le cadre de l’Union Sacrée pour la Nation pour engager résolument la révision de la Loi électorale et restructurer le bureau de la CÉNI pour plus de transparence – ainsi que l’exige tout État de droit ; (b) de favoriser l’avènement à la tête de la CÉNI d’une personnalité d’envergure, qui soit respectée au Congo même comme à l’étranger, capable de s’élever au-dessus des sollicitations de tous bords, de se mettre ainsi au-dessus de la mêlée pour simplement permettre au peuple congolais d’exprimer sa volonté en se donnant les dirigeants qu’il se sera choisis.

13. Pour terminer, j’ai conscience de n’être qu’une petite voix parmi toutes celles des enfants du Congo. Qu’à cela ne tienne, je reste convaincu que l’écho de toutes ces petites voix fait partie de la voix sacrée du peuple congolais. Au-delà de nos appartenances socioculturelles ou politiques susceptibles de nourrir nos dissensions idéologiques et/ou partisanes, puisse le Congo de nos ancêtres à nous tous saisir l’opportunité de rompre avec la tradition du marasme politique à l’occasion des changements en perspective pour, enfin, concrétiser son droit à des lendemains plus lumineux !

 

Fait à Brossard, le 28 décembre 2020

Lomomba Emongo

Enfant du Congo

Professeur de philosophie et écrivain

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