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Publié par Samuel Malonga

En 1963, un fait divers secoue Léopoldville. Un homme blanc, propriétaire d’une ferme aux environs de Kasangulu venait d’être assassiné. Quelque temps après le forfait, le meurtrier est  arrêté et écroué dans la prison centrale de Makala. C’est un homme de nationalité angolaise, refugié, âgé de 31 ans et père de famille. Jugé, le verdict qui tombe est sans appel. Il sera pendu en public . Une première pour la jeune république indépendante d’à peine trois ans. L’assassin en question est un bandit de grand chemin répondant au nom d’ Alphonse Ngabidila.

 

L’annonce de son exécution fait écho dans le cœur de Jean-Perce Makanzu, pasteur protestant qui de 1967 à 1980 était l’Evangéliste national de l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Il décide enfin de rendre visite au condamné à mort dans sa cellule car le temps presse. Le pasteur Makanzu et Ngabidila se rencontrent dans un moment particulier car le condamné attend sa mort prochaine. Il n’a que deux jours pour vivre. Malgré cet atmosphère pesant, un climat de confiance s’installe entre les deux hommes. Le pasteur obtient la conversion du bandit après sa prédication. L’entretien pastoral avec le brigand et sa situation de condamné à mort ont fait l’objet d’un livre écrit en kikongo par le pasteur-écrivain sous le titre "Mbazi ngina vondwa" (Demain, je serai exécuté). Ce roman de 66 pages tiré d’un fait réel, celui de l’histoire d’Alphonse Ngabidila, est paru à Léopoldville aux éditions Japemak en 1964.

 

Au petit matin du samedi 8 juin 1963, Alphonse Ngabidila, la tête recouverte d’une cagoule noir, les mains menottées dans le dos et vêtu d’une simple culotte sombre confesse à un prêtre au pied de la potence. Sous les yeux de la foule, il est emmené sur l'estrade. La corde est passée autour de son cou et la trappe est ouverte. À deux reprises, le bourreau au linceul noir fait tomber la jambe du condamné pendant qu’il tente vainement de s'accrocher à l'estrade. Près de cinq mille personnes ont assisté à la pendaison. La veille, Justin-Marie Bomboko le ministre de la Justice, avait fait savoir à la radio que cette exécution publique devrait servir de leçon aux malfaiteurs.

A l’instar des noms Funsu et Ndongala, Ngabidila est l’un de ces nombreux prénoms portugais africanisés puis transformés en patronymes lors de la christianisation du royaume du Kongo au 15e siècle. Devenu nom de famille, il est en réalité l’altération du prénom Gabriel.

Samuel Malonga

 

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Merci pour cette page d'histoire dont je n'avais jamais entendu parler. C'est à se demander si Mobutu avait cet épisode en tête quand il avait fait pendre les quatre malheureux le jour de la Pentecôte en 1966...
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